Alors que les scellés ont été posés sur les locaux de la chaîne à Yaoundé, le siège de la capitale économique reste en marge.
Ce samedi 8 août 2015, au quartier Ndogbong à Douala, précisément au lieu dit Citadelle, parmi les nombreuses maisons de ce quartier plutôt calme, difficile d’identifier le siège de la chaîne Afrique Média. Même certains voisins ignorent d’ailleurs que le centre de diffusion de la chaîne panafricaine se trouve juste dans ce coin.
« Je n’ai aucune idée», répond un jeune homme au reporter de la Nouvelle Expression. Difficile de faire la devinette, mais finalement le contact avec un autre passant va apporter des précisions.
En effet devant l’une des nombreuses maisons à quelques encablures de la route bitumée, sont garés plusieurs véhicules, c’est donc le centre apprend-on. D’ailleurs de plus près ça se confirme à la vue d’une voiture estampillée Afrique média. Le vigile installé à l’entrée du portail qui encadre cet immeuble, donne la confirmation au reporter.
«C’est bien ici, mais donnez-moi votre carte d’identité et je vais voir mon chef», précise-t-il. De retour avec un autre monsieur la quarante sonnée, il fait vite de dissiper les doutes. «Nous n’avons aucun problème, comme vous constatez, il n’y a pas de scellés ici et nous continuons nos productions», explique-t-il, seulement, «aucun journaliste n’est là aujourd’hui, on n’a aucune production le samedi, revenez demain ou encore allez à la direction générale à Akwa», précise-t-il de manière courtoise avant de prendre congé du reporter.
En fait si le siège de Douala reste encore ouvert, celui de Yaoundé a été scellé ce jeudi 6 août. Son directeur général joint au téléphone par La Nouvelle Expression ne laissait transparaître aucune inquiétude. «Si on veut me déranger, je ferme juste les portes d’Afrique Média au Cameroun et je continue d’émettre à partir des autres pays comme la Guinée équatoriale et le Tchad », a précisé Justin Tagouh, patron dudit média. Une décision qui va certainement laisser plusieurs Camerounais sans emploi, si jamais celle-ci est mise en pratique.
Pour revenir sur les événements, le 4 juin 2015, la chaîne a été suspendue pour une période d’un mois par le Conseil national de la communication pour violation des règles éthiques et déontologiques. Deux programmes exactement étaient à l’origine de cette décision, à savoir, «le débat panafricain» et «le mérite panafricain».
D’ après le Cnc, «certains invités ont proféré des accusations non justifiées et des appels à la haire susceptibles de porter atteinte à l’image et à l’honneur des personnalités, d’institutions et pays étrangers». Y allant les journalistes Ladan Mohamed Bachir et Juliane Magne Tadda, présentateurs de ces deux programmes sus cités, ont été pareillement suspendus pour une période de six mois chacun. Leur péché, «défaut d’encadrement des invités».
Il faut mentionner que malgré la sortie du syndicat des journalistes du Cameroun le 11 juin 2015, qui dénonçait avec la dernière énergie au cours d’une conférence de presse, ces manœuvres du Cnc, qui ont été considérées comme des actes de musèlement de la presse, l’organe de régulation des médias ne lâche pas prise.