Après la publication de la liste contestée de l’an dernier, la deuxième phase du recrutement des maîtres de parents est en cours, avec déjà les mêmes protestations.
Comme le début de la saison des pluies, appréhendé mais tout aussi attendu, voici à nouveau le temps de la contractualisation des instituteurs, notamment les maîtres de parents.
Ceux-là mêmes qui ont un diplôme requis pour enseigner les tout-petits de la maternelle et du primaire mais qui, faute de recrutement à la Fonction publique ou dans les écoles privées, sont employés dans des établissements publics et payés par les associations de parents d’élèves.
On les compte par milliers, notamment en zones rurales, où le manque d’instituteurs se pose avec acuité. Pour faire face au problème, le gouvernement a obtenu du partenariat mondial pour l’éducation, placée sous la supervision de la Banque mondiale, avec l’appui de l’Unicef et de l’Unesco entre autres, la mobilisation de plus de 26.5 milliards de F pour le recrutement de 9000 maîtres de parents.
L’opération ciblant exclusivement les zones rurales doit se dérouler sur trois ans, avec un enrôlement d’environ 3000 professionnels par an. Hélas, comme par le passé, avec les différentes opérations de recrutement et de contractualisation des instituteurs vacataires (Ivac), les choses ne se passent pas sans éclats de voix.
Le problème est que les critères de départ sont clairs, mais pas toujours respectés. Dans le cadre de l’opération triennale en cours, seuls les maîtres de parents étaient concernés, notamment pour les deux premières vagues (2014 et 2015). Aussi, fallait-il qu’ils aient été recensés au préalable dans une école de zone rurale, où ils enseignent effectivement.
Enfin, leurs diplômes devaient dater de 2012 au plus tard. Et pourtant, l’an dernier, après que la liste de 3060 recrues a été publiée, au terme du dépouillement de plus de 15000 candidats, des plaintes ont fusé de partout : « Trop de diplômés de 2013 dans la liste alors que de milliers d’anciens n’ont pas été retenus ».
« Des enseignants absents au moment du recensement se retrouvent massivement sur les listes, alors qu’ils n’enseignent nulle part dans les villages ».
Bref, les maîtres de parents, notamment les plus anciens en poste, disaient avoir été lésés au profit des jeunes instituteurs des villes. Le bruit de la craie a été entendu, notamment par les bailleurs de fonds qui ont imposé un toilettage de la liste.
Pour la deuxième vague (2015), c’est depuis le 3 mai dernier et ce, jusqu’au 30 du mois en cours que les maîtres de parents sont invités à déposer leurs dossiers de candidatures dans les délégations, pour le recrutement de 2970 enseignants.
Dans le même temps, les problèmes ou plutôt les peurs se font entendre : « Ce n’est pas normal qu’on accepte les dossiers des diplômés de 2013. Autrement, c’est à nouveau une porte entrouverte au faux », pense un directeur d’école.
Face à lui, un collègue estime que « l’administration aurait simplement dû piocher parmi les maîtres de parents recensés dans les écoles où le besoin d’enseignants se fait le plus ressentir et les inviter à constituer un dossier par la suite ». Autrement, pense notre source, il n’y aura jamais de transparence.