Entre le Premier ministre et le ministre des Arts et de la Culture (Minac), la fin des hostilités n’est pas pour demain. Dans une lettre adressée au ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (avec copies au Sg/Pr, au Minac, au Sed, à la Dgsn et à la Dgre) le 22 juillet 2015, le secrétaire général des services du Premier ministre (Sg/Pm) lui demande de prendre toutes les mesures appropriées en vue de l’interdiction, sur toute l’étendue du territoire national, des activités de la Société camerounaise de musique (Socacim). Laquelle, selon le Sg/Pm, a été créée en violation des dispositions de la loi du 19 décembre 2000.
Cette lettre de la Primature intervient suite à la tenue, le 20 juillet 2015 à Tsinga, d’un conseil d’administration extraordinaire de la Socacim, société dont l’agrément a été annulé par le Pm, «avec l’approbation du président de la République.» Pour les services du Pm, «les travaux dudit conseil tenus en présence d’un représentant du Minac ont abouti, entre autres, à des résolutions annonçant que les mesures prises par le Premier ministre, chef du gouvernement, sont ‘nulles et de nul effet’ et que cette société ‘va procéder dans les prochains jours à une répartition des droits d’auteur’.» La Primature ajoute : «La tenue de Conseil, largement commentée dans les médias, avec l’appui du Minac, est de nature à jeter le trouble dans les esprits des artistes et de l’opinion et à discréditer l’action du gouvernement.»
Dans le cadre de l’assainissement du droit d’auteur de l’art musical au Cameroun, le Premier ministre Philemon Yang demande également au ministre du Travail et de la Sécurité sociale (Mintss), Grégoire Owona, de suspendre les activités du Syndicat camerounais de la musique (Sycamu). Déjà, dans une note adressée au Pm le 27 avril 2015, les conseillers juridiques de Philemon Yang estimaient que «son président [Roméo Dika, Ndlr] s’est répandu, ces derniers jours, en appels publics à la rébellion contre l’autorité du chef du gouvernement ». Contacté à l’époque des faits, Roméo Dika avait indiqué à Mutations qu’il est déterminé à faire prévaloir le droit sur le plan national et international, au cas où les activités du Sycamu venaient à être suspendues.