Le soleil était au zénith. Il faisait beau. Il était 12h16mn hier à la Place de l’Indépendance de Ngaoundéré lorsque le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (Minatd), René Emmanuel Sadi, après avoir présenté le 12e gouverneur de la région de l’Adamaoua aux populations, venues en quantité et en qualité, a prononcé la phrase rituelle : « Monsieur Kildadi Taguiéké Boukar, prenez le commandement ».
C’était l’épilogue de la cérémonie de passation de commandement entre les gouverneurs entrant et sortant de l’Adamaoua. 90 minutes pleines d’émotions. Le cérémonial démarre avec l’arrivée du gouverneur sortant qui passe les troupes en revue pour la dernière fois. Appelé à faire valoir ses droits à la retraite, Abakar Ahamat en guise d’au revoir, serre la main aux corps constitués et à ses anciens collaborateurs.
Il recevra ensuite une Standing ovation lorsqu’il prend place à la tribune pleine à craquer. Outre le Minatd, on a également aperçu Abba Sadou, ministre délégué à la présidence de la République chargé des Marchés publics, de nombreux membres du parlement et de magistrats municipaux. Au nom des populations, le délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Ngaoundéré, a remercié le chef de l’Etat pour son « attention permanente » à l’endroit de la région de l’Adamaoua. Hamadou Dawa a ensuite souhaité la bienvenue à l’endroit du nouveau gouverneur et remercié le sortant pour son encadrement pendant trois ans et sept mois.
L’hommage au baobab, au fleuron du commandement territorial, ne faisait que commencer. L’ancien gouverneur a failli ravir la vedette à l’élu du jour, Kildadi Taguiéké Boukar. En présidant la cérémonie, René Emmanuel Sadi a employé un ton à la fois doux et ferme. Au nom du chef de l’Etat, il a d’abord rendu un vibrant hommage à Abakar Ahamat, un acteur du «commandement territorial pétri de talent, de qualité, un haut commis de l’Etat actif, proactif, objectif, strict et rigoureux, soucieux de l’intérêt général et qui servira à coup sûr « d’exemple et de référence pour la génération montante » ; dira le Minatd. Natif de Goulfey, département du Logone et Chari, région de l’Extrême-Nord, l’ancien gouverneur, va jouir de sa retraite.
Dans un premier temps à Yaoundé et puis plus tard à Garoua. Il fera une reconversion dans d’autres activités. Il y a deux semaines, selon des indiscrétions, il a reçu une proposition du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) où un contrat de consultant l’attend. Il est aussi sollicité par quelques grandes écoles du pays pour y dispenser des enseignements et partager son expérience de « chef de terre » qui a passé 31 années au service de la « République et des populations ». A l’immédiat, le projet qui lui tient à cœur est celui du parachèvement de la rédaction de son autobiographie qui sera probablement éditée par la Sopecam.
Bien évidemment, les mots doux ont été surtout prononcés à l’endroit de Kildadi Taguieké Boukar. Cet administrateur a été choisi par le chef de l’Etat « pour son expertise et son expérience », dira le Minatd pour conduire les rênes de la région. Homme de terrain, le nouveau gouverneur connaît parfaitement son environnement de travail. Ancien sous-préfet de Banyo, Tibati, Ngaoundéré II, il a également servi à Ndop, Konyé, Yaoundé II, Bamenda, Ebolowa comme SG des services du gouverneur.
Jusqu’à sa nomination le 23 octobre dernier Kildadi Taguieké Boukar, était préfet du Mayo-Banyo, l’un des cinq départements de la région de l’Adamaoua. Ce qui constitue incontestablement un atout que le nouveau titulaire du poste devra capitaliser. Originaire de Koza, dans le Mayo-Tsanaga, région de l’Extrême-Nord, ce « vieux » routier de la préfectorale, âgé de 55 ans est père de plusieurs enfants. C’est un administrateur civil principal « averti et aguerri », dira le Minatd.
Il devra s’employer à maintenir la paix sociale et à faire de «la sécurité des personnes et des biens une priorité de son action », a recommandé le Minatd. Sur ce point, René Emmanuel Sadi, a été clair. Il a alors utilisé un ton ferme. Kildadi Taguiéké Boukar devra poursuivre résolument la lutte contre l’insécurité qui se manifeste dans l’Adamaoua par le phénomène pernicieux d’enlèvement des personnes, des troupeaux et la criminalité urbaine et rurale.