Dans la journée de mardi 04 août, cinq personnes ont été blessées au cours d’un affrontement entre Kotoko, d’une part, et Massa et Mousgoum d’autre part. C’était sur le site de la Semry au quartier Marché à mil, non loin de l’agence Eneo de Kousseri.
Ils ont barricadé la route menant au pont de Ngueli, à la frontière entre le Cameroun et le Tchad. Toute la journée, ils ont empêché le trafic entre les deux pays.
Selon divers témoignages, l’arrestation d’un notable Kotoko et d’un leader Mousgoum est à l’origine des émeutes. Il s’agit de Toudjani Adji, notable au sultanat de Kousseri, et Alhadji Adam, chef de la communauté Mousgoum de Kawadji, un quartier de la banlieue de Kousseri.
Informé, Albert Mekondané Obounou, le préfet du Logone et Chari, va se rendre sur le site querellé où il a dépêché une commission de distribution des terrains abandonnés par la Semry aux Kotokos, Massa et Mousgoum. D’après les explications de l’autorité administrative, certains leaders se sont sentis lésés dans le partage des 603 hectares disputés par eux depuis plusieurs années déjà. « Nous avons créé une commission qui a travaillé avec les membres des différentes composantes sociologiques installées autour du périmètre des terres de la Semry. Des notables du sultanat de Kousseri se sont sentis lésés et ont cru bon de réclamer l’ensemble des terres », explique Albert Mekondané Obounou.
Il poursuit : « Nous avons dit aux uns et aux autres qu’aujourd’hui nous n’avons qu’un seul ennemi. Cet ennemi s’appelle Boko Haram et nous ne tolèrerons pas que l’ordre public et la paix sociale soient mis à mal ».
D’après lui, depuis hier, le calme et la sérénité règnent dans la ville de Kousseri.Jean Kotva, le chef de la communauté Massa, que nous avons eu au téléphone, a affirmé : «Nous n’avons pas contesté le partage fait par les envoyés du préfet. C’est que depuis lundi dernier, nous sommes attaqués par nos frères Kotokos. Nous avons écouté le préfet et depuis ce matin c’est le calme ». Les membres de la communauté Kotoko exigent la libération des trois membres de leur communauté ainsi que du notable Toudjani Adji, détenus à la prison centrale de Kousseri.
Selon diverses sources à Kousseri, le calme semble de retour, mais la tension est encore vive entre les différentes communautés du quartier Kawadji, marché à mil, situé dans les alentours du site de la Semry.
La commission mise sur pied par le préfet du Logone et Chari a procédé au partage de l’ensemble des 603 hectares appartenant à la Semry de manière suivante : les 17 familles Kotokos s’en tirent avec 53 hectares, les familles Massa et Mousgoum 173 familles se partagent 251 hectares et le reste est la propriété de l’Etat. D’après la commission, l’espace ainsi alloué est destiné à la culture uniquement. D’où le courroux des Kotokos qui estiment être lésés dans le partage.
C’est depuis 2009 que les différentes communautés installées autour du site de la Société d’expansion de la modernisation de la riziculture de Yagoua (Semry) s’affrontent régulièrement pour le contrôle de ce domaine. En juillet 2014, six personnes ont été tuées au cours d’une rixe entre les communautés Massa, Mousgoum et Kotoko.