Avec l’entrée en production des entreprises chinoises, la tonne est passée de 17 à 10 000 F en un an.
Il y a concurrence en matière de production de gravier à Yaoundé. Après la société française Razel, suivie des Egyptiens d’Arab Contractors, voici que les Chinois ont fait une entrée fracassante dans le secteur, occupants trois carrières à la fois.
Construction Engineering Company (CEC) a en effet ouvert il y a deux ans, un premier chantier de production de gravats à Nkometou, à la sortie Nord de Yaoundé. Un an plus tard, un deuxième site verra le jour non loin de là, au lieu-dit Nkozoa et un troisième a été ouvert le 26 décembre dernier à Akak, dans la même zone.
Au fur et à mesure que ces carrières naissaient, la capitale Yaoundé se retrouve inondée de gravier, avec une incidence naturelle sur le prix de ces matériaux de construction. « Pendant des années, la tonne de gravier coûtait 17 000 F. Avec l’entrée en production de la première entreprise chinoise, on est passé à 15 500, puis 13 000 F. Depuis janvier 2015, le prix est tombé à 10 000 F la tonne, indépendamment de la grosseurs du gravier », explique Anatole Mani Ebodé, revendeur agréé, basé à Etoudi. Il précise par ailleurs que le prix du « tout venant », gravier mélangé au sable, n’a pas beaucoup changé, la tonne est passé de 14 000 à 13 000 F.
En plus de la carrière de Razel, basée à Nkometou et celle d’Arab contractors, sise à la sortie vers Douala, Yaoundé dispose désormais de cinq carrières industrielles. Comme de concert, l’accès à ces sites est interdit à la presse. Du coup, les quantités produites au quotidien ne sont pas révélées. Au loin, on aperçoit cependant d’épaisses couches de nuages blancs qui montent sur les chantiers, preuve de l’intensité de la destruction des rochers, qui finissent en tas de gravats.
Les coûts de vente du produit aux revendeurs ne seront pas non plus donnés. « Ce sont des négociations secrètes, qui varient en fonction des quantités et de l’affinité avec les entreprises », souligne Edouard Mbeng, autre revendeur agréé, basé aux alentours de la carrière de Nkozoa. Des dizaines d’autres revendeurs sont installés ici, et accourent à l’approche du moindre véhicule.
Du coup, le prix de la tonne se négocie. « On peut descendre jusqu’à 9 000 F en fonction de la quantité demandée. On gagne beaucoup plus sur le transport, puisque nous avons aussi des véhicules de location. Autrement, la concurrence est rude. Il y a de plus en plus de revendeurs dans les graviers qu’il est difficile de faire de gros bénéfices comme auparavant », regrette une revendeuse.
A l’observation, les distributeurs de graviers proposent également du sable, dont le prix ne cesse au contraire, de grimper. « En réalité, le prix du sable est fonction des saisons. Il est plus cher en temps des pluies parce que les plongeurs ont plus de mal à creuser. En ce moment, le sable Sanaga de 10 tonnes coute 80 000 F. Avec les pluies, on se retrouve souvent à plus de 100 000 F », assure Anatole Mani Ebodé.
Il poursuit, assurant que « logiquement, plus il y aura de nouvelles carrières, plus le prix du gravier va baisser et tant mieux pour les Camerounais ».