Actualités of Thursday, 8 February 2018

Source: camer.be

Ambazonie: comment les femmes rendent la vie difficile aux soldats au front

Les militaires se plaignent de l'inconsistance de leur ration alimentaire Les militaires se plaignent de l'inconsistance de leur ration alimentaire

C’est un secret de polichinelle : on ne va pas sur le front comme à une fête. Et les éléments des forces de défense et de sécurité déployés dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest ne s’attendaient pas à une partie de plaisir. Même si des militaires soufflent que le camp ennemi ne leur fait aucunement peur. «Nous sommes mieux entrainés et plus sophistiqués que ces gens », glisse-t-on dans les rangs.

Ce qui préoccupe les hommes en treillis dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, ce sont davantage leurs conditions de vie. « On nous donne des repas froids, c’est un repas de guerre, immangeable, du riz sôtô qui vient dans les boîtes de conserve et qui a trop de sel, nous avons de la peine à en manger. Ça vient dans les petits cartons contenant deux boîtes de conserve. A l’intérieur du petit équipement qu’on donne il y a des allumettes pour réchauffer. Ce qui nous énerve, c’est que c’est le même repas tous les jours. L’excès de sel qui s’y trouve fait que la consommation, même si on voulait la forcer, devient très difficile », peste-t-on.

En défendant le budget de son département ministériel en décembre dernier, le ministre délégué à la présidence chargé de la Défense annonçait que, pour 2018, les dépenses militaires destinées aux volets logistique, humain, technique et opérationnel visent à « préserver l’intégrité territoriale du Cameroun et à assurer la sécurité des citoyens et de leurs biens ».

Le budget du Mindef pour cette année s’élève à 238,910 milliards de FCFA. Dans cette enveloppe, 124,212 milliards de FCFA sont consacrés aux dépenses militaires dans les points chauds de la République. Mais dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, la prime dédiée à la ration alimentaire quotidienne fait problème, surtout que, à en croire des témoignages, elle n’est pas régulière depuis quelque temps.

« Depuis le 30 janvier dernier, soutient une source, nous sommes sevrés des fonds de poche qu’on nous donne souvent et qui s’élèvent à 2000 FCFA par jour. C’est pour cela qu’on nous donne ce repas froid qui donne la diarrhée à de nombreux camarades. Et même, ces 2000 francs ne peuvent pas permettre à un soldat d’être apte, énergique, le coût de la vie est très élevé ici. Ces 2000 francs sont très, mais alors très insuffisants.

Puisque la population sait que nous sommes de l’armée, du coup, un plat qui coûte 500 FCFA est vendu à 1000 francs. Et donc si on prend un repas de 1000 francs le matin, un autre dans l’après-midi vers 13/ 14h, il faut être sûr que la nuit, c’est le jeûne. Il ne faut pas perdre de vue que nous sommes très mobiles, ce qui creuse le ventre. Si au moins on nous permettait d’aller retirer notre argent tout le temps, on aurait certainement moins de problèmes. Ceux qui ont des cartes de crédit n’ont pas trop de problèmes, ils sont obligés d’aller faire des retraits pour améliorer leurs conditions de vie. »

Pas de ‘’langues de chat’’

Il est courant, dans la rue, de voir certains soldats portant sur le dos un gros sac, coiffé d’un petit matelas que d’aucuns appellent « langue de chat ». C’est un équipement qui permet au militaire de se reposer. Mais « à Buea, ils dorment à même le sol, en plein air parce que certains n’ont pas de langue de chat », soutiennent certains habitants.

De plus, les hommes en tenue en poste dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest fustigent le fait que leur ordonnance leur soit remise pour achat individuel des médicaments alors qu’ils ont été envoyés sur le terrain de combat par le ministère de la Défense. « Même si nos téléphones sont confisqués lorsque nous allons faire des opérations pour qu’on n’ait pas à faire des photos, ce qui nous déplaît, ce sont ces conditions de travail qui ne nous permettent pas d’être au top de notre forme. Un soldat qui a le ventre creux est largement diminué », fait-on remarquer.

Joint au téléphone, le colonel Didier Badjeck, chef de division de la communication du Mindef, réagit de manière cinglante : « Nous avons mieux à faire que de répondre aux humeurs de certains militaires ».