Environ 1.500 enfants ont été kidnappés depuis fin 2014 au Cameroun par le groupe islamiste nigérian Boko Haram, qui les emploie pour de menus travaux ou comme combattants, dénonce la coordinatrice humanitaire de l'ONU dans ce pays, Najat Rochdi. Dans un entretien à l'AFP à Genève (Suisse), elle a également expliqué que Boko Haram utilisait ces enfants comme boucliers humains lors des combats.
"Le système qu'ils utilisent est inhumain", a déclaré Mme Rochdi. Le Cameroun a officiellement engagé le 1er août 2014 la guerre contre Boko Haram, qui avait fait du nord du pays un sanctuaire.
Cette région de l'Extrême-Nord a été le théâtre de nombreuses attaques des islamistes nigérians, dont l'insurrection (et sa répression) a déjà fait au moins 15.000 morts depuis 2009. Les attaques de Boko Haram au Cameroun avaient démarré en juillet 2014, mais les islamistes se contentaient alors de venir piller de la nourriture.
Elles ont gagné en intensité en fin d'année, avec des villages brûlés, des assassinats et l'enlèvement d'enfants. "L'information dont je dispose est qu'environ 1.500" enfants ont été enlevés depuis, a indiqué Mme Rochdi.
Ces enfants sont surtout utilisés par Boko Haram pour faire des petits travaux, comme transporter les tentes ou aller chercher de l'eau. D'autres sont employés comme force de combat en première ligne. "A ma connaissance, les enfants ont été utilisés comme boucliers humains (...) et avaient entre huit et 12 ans", a rapporté la responsable onusienne, expliquant que les soldats camerounais étaient traumatisés d'avoir à affronter des enfants.
Les islamistes nigérians ont subi d'importants revers depuis le déclenchement début février d'une offensive terrestre des armées tchadienne et nigérienne au Nigeria.
De son côté, l'armée camerounaise, notamment son unité d'élite du Bataillon d'intervention rapide (BIR), a combattu à sa frontière les islamistes nigérians. De son côté, l'armée nigériane a détruit depuis fin avril plusieurs camps de Boko Haram et libéré plusieurs centaines de personnes - femmes et enfants - retenues en otages par les insurgés islamistes dans leur fief de la forêt de Sambisa (nord-est du Nigeria).
Toutefois, les islamistes conservent des positions le long de la frontière camerouno-nigériane, dans la forêt de Sambisa et dans les monts Mandara. Et de récents attentats meurtriers dans leur fief du nord-est du Nigeria ont montré que leur capacité de nuisance demeurait élevée.