Actualités of Saturday, 27 May 2023

Source: www.camerounweb.com

16 personnes mortes à Edéa : la défunte qu'elles transportaient leur avait fait une demande non respectée

La défunte avait émis des dernières volontés non respectées La défunte avait émis des dernières volontés non respectées

C’est un accident de la route qui laisse bouché bée même plusieurs heures après le drame qui a fait périr seize (16) personnes qui conduisait leur maman décédée au village pour son enterrement : « Selon des proches de la famille, la défunte matriarche avait exigé être enterrée sur son terrain à Douala dans lequel d'ailleurs elle avait lancé des grands travaux pour y ériger sa demeure éternelle mais hélas la mort va s'inviter.

À sa mort donc, ses enfants décident de ramener le corps au village à Eseka malgré les recommandations posthumes et toute autre personne de la grande famille qui essayait de les en dissuader était marginalisée y compris le pasteur de la famille qui avait insisté pour que les enfants respectent le choix de leur défunte mère. On connaît la suite.

Cette tragédie me rappelle donc ma propre histoire familiale dont je viens vous raconter quelques bribes ici car ce n’est pas des choses qu'on m'a dites mais plutôt que j'ai vécues personnellement. En 2011 je suis au Cameroun pour le deuil de mon grand-père maternel qui avait insisté qu'à sa mort c'est son enfant aîné qui était ma mère qui organise son deuil tout en précisant que c'est à elle que reviendrait désormais la charge de "chef de famille" et qu'il soit enterré à Yaoundé dans sa maison construite dans les années 70.

Mon grand-père (que j'aimais profondément) pour des raisons qui sont les siennes et qu'il a emporté dans sa tombe ne voulait pas du tout rentrer dans son village en pays Mvele. À sa mort donc , ma mère organise le deuil conformément aux dernières volontés du patriarche mais très vite elle va se mettre à dos une partie de ses frères et sœurs qui estimaient que bien qu'elle était le premier enfant et l'enfant désigné par leur défunt papa pour organiser son deuil et être "le chef de famille", elle n'était pas un homme et dans notre tradition, ce sont les hommes et tout particulièrement l'aîné des garçons qui non seulement devient chef de famille mais qui se doit d'organiser le deuil du patriarche de la famille.

Au final les patriarches et élites du village et même de Yaoundé interviennent pour calmer la tempête dans notre famille et ma maman sous les conseils des "grands" se lave donc les mains dans une histoire familiale qui aurait pu lui coûter la vie si elle forçait les choses d'autant plus que leur mère (ma grand-mère maternelle) soutient la fraction opposée à la sienne.

Mon oncle (premier fils de mon grand-père) organise donc le deuil et il est donc convenu que les restes de mon grand-père vont retourner au village chez les Mvele à "Offoum-Seleck". Déjà à la morgue sa mise en bière prévue initialement à 10 heures a eu lieu finalement autour de 14 heures (on a dû entendre que toutes les levées de ce jour se terminent) car le corps de grand-père n'entrait pas dans le cercueil initial acheté par mon oncle et celui de "secours" de ma grand-mère malgré toutes les tentatives , face à cette situation c'est le morguier qui finalement demande à ma mère de choisir un autre cercueil qui bizarrement sera le bon vu que la dépouille de mon grand-père va y entrer facilement.

De Yaoundé pour le village de mon grand-père c'est au trop une (01) heure de temps mais au final nous avons fait près de quatre (04) heures de temps en route avec deux corbillards qui se sont gâtés en route avec son cercueil à l'intérieur (le premier corbillard avait pris feu à la sortie de Yaoundé et nous avons fait rapidement sortir le corps avant que la voiture soit totalement consumée par les flammes pour attendre un nouveau corbillard qui a porté le corps jusqu'à l'entrée du village ou sans qu'on comprenne ce qui se passait le corbillard a simplement arrêté d'avancer.

C'est là où Mgr Athanase Balla de regrettée mémoire qui était dans le cortège funèbre demande avec insistance à ma maman de "parler à son père et de l'apaiser". On a donc ouvert la malle du corbillard et ma mère a commencé à parler à son père en s'excusant d'abord de n'avoir pas pu respecter ses volontés et en le suppliant de laisser qu'on l'enterre ; à la suite elle a embrassé son cercueil et les hommes de Dieu dont Mgr Athanase Balla qui étaient tous là ont béni le corps et ensuite on a fait sortir le corps du corbillard qui n'avançait plus pour le mettre dans un pick-up dans lequel le corps est finalement arrivé au village.

Le deuil s'est passé sous la pluie continue de la veillée à l'enterrement et sans électricité car tous les groupes électrogènes ne fonctionnaient plus. Le courant est revenu juste après l'enterrement de mon grand-père et au retour la voiture de mon oncle a fait un tonneau mais Dieu merci il s'en est sorti avec sa famille malgré quelques jours à l'hôpital et on avait dû l'opérer rapidement mais il garde quelques séquelles physiques de cet accident.

Moralité : respectez les volontés posthumes et si vous n'êtes pas en mesure de les respecter, assurer vous que les défunts comprennent les raisons pour lesquelles vous ne pouvez pas les respectez ». C’est signé Jacques Jorel Zang.