«La protection des enfants est une priorité. Et celle de la jeune fille occupe une place importante dans les actions des pouvoirs publiques».
C’est ce que l’on a retenu des activités qui ont marqués la 25e journée de l’Enfant africain dans la région de l’Adamaoua. Célébrée le 16 juin dernier, la commémoration était riche en enseignements et en conseils. Sur le thème : «25 ans après la charte africaine des droits et du Bien-être de l’enfant : accélérons nos efforts pour éliminer les mariages des enfants en Afrique».
Ici, 17% de jeunes filles sont envoyées en mariage avant leur 15e anniversaire, contre 6% de garçons qui, eux, se marient avant l’âge de 18 ans.
A l’épreuve du mariage précoce, ces «fillesmères» sont exposées à la violence, aux abus et aux relations sexuelles forcées. La situation est d’autant plus confortée que l’ère culturelle, d’une certaine manière, musèle ces jeunes épouses, donnant quitus à leurs partenaires d’exercer toute forme de violence sur elles.
Le phénomène est si répandu que le combat mené contre le mariage précoce produit difficilement des effets. Babba Ishagah, délégué régional du ministère des Affaires sociales (Minas) pour l’Adamaoua avoue qu’«outre les traumatismes physiques et psychologiques sur la jeune fille, les enfants-épouses sont presque toujours privées de la liberté de consentir ou de refuser les relations sexuelles. Elles ne peuvent pas donner leurs avis sur leurs droits reproductifs.
D’autant plus qu’elles n’ont ni la stature, ni la compétence nécessaire pour négocier les rapports sexuels ou le contrôle des naissances». A la délégation régionale du ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille, Asta Barka admet, à la suite de son collègue, que “le résultats de ces actes empestés sont les taux élevés de natalité et de mortalité maternelle et infantile. Des fistules obstétricales, des naissances prématurées, des mort-nés. S’ajoutent à cela, un taux élevé de maladies sexuellement transmissibles et la violence domestique».
Face à ce phénomène, l’autorité administrative s’est senti l’obligation de réagir. Le gouverneur de la région de l’Adamaoua a ainsi tiré la sonnette d’alarme, lors de la cérémonie qui a réuni les enfants et les pouvoirs publics. Dans son discours de circonstance, Abakar Ahamat a amèrement déploré le nombre élevé de mariages précoces et de promesses de jeunes filles et garçons au mariage, qui sont encore admis dans certaines de nos communautés ethnoculturelles.
«J’invite les autorités civiles et traditionnelles, l’église et les familles, à renoncer sans délai à ces pratiques qui portent atteinte à l’intégrité physique et morale de la jeune fille et à travailler activement à l’éradication de ce phénomène d’un autre âge», a instruit Abakar Ahamat.
Le gouverneur de l’Adamaoua a mis en garde les parents et complices de ces actes. Car, selon lui, la situation n’est pas sans conséquence sur l’avenir du pays. Et l’une des solutions pour éradiquer le phénomène, c’est l’éducation.
«L’éducation est l’une des meilleures armes contre le mariage précoce et les discriminations filles-garçons», a laissé entendre dans la foulée, une dame en applaudissant tout de même les propos du gouverneur. En écoutant ces prescriptions, de même que celles des responsables des affaires sociales et en suivant un enseignement de qualité, les filles et les garçons peuvent donner une meilleure orientation à leur destin et à celui du Cameroun.