Actualités of Wednesday, 19 April 2023

Source: www.camerounweb.com

18 avril 1991-18 avril 2023 : Ça fait 32 ans que l'opération "Villes mortes" avait été lancée au Cameroun

Mboua Massok Mboua Massok

L'opération "Villes mortes" est lancée à Douala par des forces politiques de l'opposition camerounaise suite au refus du gouvernement camerounais de convoquer une conférence nationale souveraine. Cette conférence avait été réclamée, à cor et à cri, par bien de figures ayant opté pour la logique de dissidence avec le régime de Yaoundé. Mboua Massock, le père des "Villes mortes", Samuel Eboua, Ni John Fru Ndi, Charles Tchoungang, Yondo Black Madengue, Henriette Ekwe, Anicet Ekane, Dika Akwa Nya Bonambella, Célestin Bedzigui, Djeukam Tchameni, Issa Tchiroma Bakary, etc avaient, de manière collégiale, formulé l'objectif de faire l'inventaire de ce qui s'est passé et comment le pays a fonctionné jusqu'ici au point de donner les directives pour l'avenir.

Face au refus du gouvernement camerounais d'accréditer l'idée de l'organisation de cette conférence nationale souveraine, Mboua Massock et ses pairs publieront et distribueront , dans la ville de Douala quelques jours avant, des tracts dans lesquels ils demandaient à tous les chefs d'entreprises et établissements scolaires et hospitaliers de la capitale économique d'arrêter toutes activités les 18 et 19 avril afin que le pouvoir soit sensibilisé à la nécessité d'accorder la conférence nationale qu'ils appellent "conférence de détente nationale". Ce sera le déclic , mieux le point de départ de plusieurs mois de manifestations et d'émeutes dans plusieurs villes. Le pays s'embrase et vit, désormais, au rythme de grèves générales, pillages, saccages et arrestations en masse par la police avec, à la clé, des centaines de morts.

Eu égard à l'ampleur de la mobilisation collective, "un état d'urgence de fait est instauré avec la création, en mai 1991, de commandements militaires opérationnels". Question de pacifier le pays. Ces événements marqueront, pour ainsi dire, un tournant décisif dans la vie politique au Cameroun. Ils déboucheront sur l'organisation d'élections multipartites libres.

Le mois de mai 1991 au Cameroun est un mois symbole. Aux incendies et dégâts des institutions républicaines, le gouvernement camerounais réagit en prenant des mesures austères, à l'instar des commandements opérationnels. Pour les forces politiques de l'opposition, c'est un mouvement de résistance pacifique à l'oppression du gouvernement. D'ailleurs, Vianney Ombe Ndzana appréhende le phénomène des "Villes mortes" comme étant la plus longue et la plus populaire résistance interne organisée contre l'État post-colonial dans ce pays depuis les indépendances.

La propension du pouvoir en place à refuser d'accorder au bas-peuple la conférence nationale souveraine incite l'opposition à se radicaliser et à impulser un mouvement de désobéissance civile dès le 11 mai 1991. Ce mouvement implique la cessation de paiement des taxes et des impôts à l'État et le boycott des réunions convoquées par les autorités administratives. Les dommages économiques ont été évalués à environ cinq milliards de Fcfa par jour. Toute chose qui donnait un total d'environ 750 milliards de Fcfa de pertes de l'économie nationale à la fin de cette action de contestation populaire contre l'ordre gouvernant. Après cette phase de désordre total, la raison reprend droit de cité et le gouvernement décide de prendre la mesure des choses même si cela n'allait pas toujours dans le sens souhaité par l'opposition. Mais, elles ont eu, néanmoins, le mérite d'être prises