Camerounaises, Camerounais, dans nos campagnes comme dans nos villes, aujourd’hui nous célébrons la 127 fête des travailleurs suivant la volonté de la Fédération Of Labor des Etats Unis qui décida un jour de faire du 1er mai une journée d’action en faveur de la journée de huit heures de travail.
La proposition a été reprise lors du congrès fondateur de la IIe Internationale, en juillet 1889, à Paris. « Nous décidons qu’une grande manifestation sera organisée à date fixe de sorte que, dans tous les pays en même temps, le même jour, les travailleurs exigent des autorités qu’elles ramènent légalement la journée de travail à huit heures », exposait la résolution. Ce bref rappel historique nous place, nous, camerounais au cœur du travail et du syndicalisme.
En ce millénaire, à mi-parcours d’un septennat de trop du président Paul Biya, il est normal de nous interroger sur l’héritage que le régime du renouveau lègue au monde du travail. Je n’ai pas souvenir d’un régime en Afrique qui ait été aussi incapable de nourrir ses populations, de leur donner de l’eau, de l’électricité, des hôpitaux, des écoles. Je n’ai pas souvenir d’un seul régime qui ait autant sollicité ses populations et qui ait autant nourri sa jeunesse de vaines promesses !
Le travail dans une société véritablement humaine, devrait être au centre de l'épanouissement de tous, parce que le travail physique, celui que font nos parents au quotidien est la base de toute connaissance, et donc de tout progrès. Voilà pourquoi nous interpellons l'Etat et tous les acteurs sociaux afin que le travail soit au centre de toutes leurs politiques.
Oui le travail valorisant pour les uns et les autres est ce travail qui constitue un contact spécifique avec la beauté de notre monde, de notre Cameroun.
Travailleuses et travailleurs, c'est à vous de construire notre souveraineté aujourd'hui. C'est à vous, c'est vers vous que je me tourne. Si nous voulons participer à la construction de cette souveraineté, c'est le moment de faire grandir notre liberté en nous libérant des arcanes d'une prison construite par le pouvoir politique en place dans notre pays et ce depuis 1960.
Chers compatriotes, ne perdons pas la maitrise de notre destin en nous absentant des lieux de décision de notre avenir commun. Voilà pourquoi en ce jour, comme je l’ai fait aussi l’année dernière, je vous invite à vous inscrire massivement sur les listes électorales.
La démocratie c'est avant tout notre capacité à nous exprimer quand l'occasion nous est donnée. Oui beaucoup d'entre-vous m'écrivent au quotidien en me disant: "Délivrez-nous de l'asservissement, brisez les chaines qui nous tiennent prisonniers". J'aurai aimé que cette demande fût commune.
Que nous parlons en terme de nous car c'est collectivement que nous devons nous engager aujourd'hui. Oui, ouvriers, vendeurs à la sauvette, buyamsellam, fonctionnaires, chômeurs, agriculteurs, artisans, jeunes en recherche d’emploi, commerçants mettons-nous debout.
Chers compatriotes, en ce jour, je crois dans l’aptitude de notre peuple, dans notre capacité collective à assumer notre destin comme je crois d’une manière plus générale dans la vocation des peuples, de tous les peuples du monde, à disposer d’eux-mêmes.
Qui aime plus nos enfants que nous-mêmes et serait donc plus attentif à leur transmettre sans l’abimer l’extraordinaire patrimoine que nous avons reçu ? Le MCPSD par ma voix, s’est posé cette question avec vous en 2011 et aujourd’hui quel bilan ? Libérons les énergies dont nous avons besoin pour nous exprimer sur la scène public pour construire ensemble cet agora dont nous avons tant besoin.
Chers compatriotes, rien ne s’obtient sans un minimum d’organisation, rien ne s’obtient sans une réelle action et sans construction d’un rapport de force. Le 1er mai est le jour où les travailleurs disent : « Sans nous, pas de richesse. » C’est une réponse à l’idéologie qui décrit les patrons comme une sorte d’« élite éclairée », d’où émane toute richesse. À la fin du 19e siècle, l’influent sociologue William Graham Sumner affirmait : « On les a nommés capitaines d’industrie. L’analogie de cette appellation avec les chefs militaires n’est pas trompeuse. Les grands dirigeants du développement de l’organisation industrielle ont besoin de ce talent : capacité de donner des ordres, d’assurer le commandement, courage et détermination. L’armée industrielle est toute aussi dépendante de ses capitaines que le monde militaire de ses généraux. Il existe de ce fait une grande demande de ces capacités requises. En disposer est un monopole naturel. » Des industriels, banquiers et hommes d’affaires tels des capitaines en qui il faut avoir une confiance aveugle.
L’action collective, des syndicats combatifs, des grèves de 1er Mai, tout cela, serait de l’insubordination directe...
Construisons les changements sociaux qui provoqueront les changements institutionnels dont nous avons besoin
Chers compatriotes, regardons ensemble autour de nous. Les statistiques sont cruelles ! 9 camerounais sur 10 vivent de l’informel en 2015. 8 familles sur 10 au Cameroun, dans les villes comme dans les campagnes se demandent chaque soir si demain elles auront un peu de riz à table pour tous ! Le salaire est un bien grand mot dans cette république de promesses vaines ! Alors posons-nous la question si nous constituons un contre-pouvoir face à cette minorité régnante qui s’empiffre y compris de notre sang, de celui de nos enfants sans épargner celui de nos parents !
« Les changements sociaux et politiques les plus radicaux ont été mis en place sous la pression d’une opinion publique exprimée avec véhémence, et non en premier lieu par le biais des élections et du Parlement », écrit le professeur Gita Deneckere. C’est parce que je l’enseigne, parce que je le sais, parce que je vis tous les jours que je vous tends la main. Souvenons-nous que c’est au bout d’un mouvement ouvrier à Douala en septembre 1945, qu’à vu le jour le premier parti politique camerounais, que c’est ce parti qui portera dès lors les revendications pour l’indépendance.
Jeunes et moins jeunes, rêveurs d’espoir non pas sur les cercueils de la Méditerranée, ne laissons pas ceux qui ont les deux mains sur le volant du pays, nous dicter uniquement leur logique car celle-ci est suicidogène pour vous comme pour nous, pour notre avenir comme pour celui de nos enfants.
Je voudrais ouvrir avec vous le chantier du travail transfrontalier porteur d’espoir pour une libre circulation effective des populations dans la sous-région dans la zone CEMAC. En effet, de nombreux travailleurs camerounais regardent vers les pays voisins pour pouvoir exercer leur profession. C’est le chemin que nous devons prendre si nous voulons construire une véritable zone d’échange et de développement.
Une bonne politique sous-régionale des mouvements migratoires commence par une mise en place à l’intérieur du pays d’infrastructures lisibles dans le monde du travail, qui préservent les droits des travailleurs et, mettent en exergue leur savoir-faire.
Pas du bla-bla gouvernemental et des entreprises, mais des actes.
Chers compatriotes, nous pouvons changer beaucoup de choses pour améliorer le quotidien de nos populations. La célébration de la fête du travail doit nous donner l’occasion de prendre conscience que beaucoup d’entre nous ont perdu leur emploi pour diverses raisons, que beaucoup de camerounais attendent devant la porte pour pouvoir se situer dans la vie de tous les jours – des centaines de milliers d’emplois doivent donc être créés grâce au génie de notre peuple et à la volonté politique des gouvernants – c’est vers cette volonté que le Mouvement Camerounais Pour la Social-Démocratie aimerait vous conduire.
Notre pays produit beaucoup de richesses, voilà pourquoi des logements sociaux doivent être construits, le panier de la ménagère ne devrait pas être aussi vide – le bois camerounais ne doit plus sortir de nos forêts en nous laissant sans route.
Vous voyez que le 1er mai n’est pas dépassé, je vous appelle à être combatifs et revendicatifs, ne vous laissez pas enfermer dans la naïveté et le plaisir personnel au détriment de toute la collectivité car le développement et l’épanouissement ne sont point individuels.
Demandons ensemble que les routes tuent moins parce qu’elles sont bien construites, demandons des établissements scolaires pour nos enfants, demandons des emplois stables avec des salaires qui nous permettent de nourrir nos familles, demandons des hôpitaux pour soigner nos femmes, nos enfants et nos parents, demandons des pensions pour nos parents qui ont laissé leur jeunesse dans le travail. Oui, chers compatriotes, demandons qu’avec notre force de production on construise un avenir pour notre pays, pas seulement pour une infime minorité mais pour nous qui travaillons et nourrissons notre pays.
Chers compatriotes, marquons ensemble une pause, regardons ce que nous avons fait depuis quelques années.
Mon message de 2011 dont certains extraits sont repris ici était un appel à jouer collectif, sommes-nous plus rassemblés y compris au niveau syndical ?
Chers compatriotes, en 2013, je vous ai montré que rien ne s’obtient sans un minimum d’organisation, rien ne s’obtient sans une réelle action et sans construction d’un rapport de force. Je vous l’ai à nouveau rappelé aujourd’hui.
De 2011 à 2014, pouvons-nous dire que les choses aient changé dans le sens de l’amélioration de nos conditions de vie ? 2014 a été une grande foire de l’illusion, promesse, promesse l’action gouvernementale s’est enfermée dans l’illusion perpétuelle ! Voilà pourquoi je vous avais invité et je le réitère, faisons du 1er mai la journée nationale des patriote et du patriotisme.
Nous ne pouvons pas fêter le travail avec autant de chômeurs ! Nous ne pouvons pas fêter le travail quand nos sociétés de souveraineté comme la Sonel – AES et ENEO, la Snec devenue par la force des prévaricateurs de la fortume publique Camwater, la Régifercam, sont cédées à ceux qui nous dépouillent de notre fierté d’être camerounais à moins que nous ayons collectivement oublié ce qu’est ETRE CAMEROUNAIS.
Je vous invite à des contres-défilés dans l’ensemble du pays, pour reconquérir notre pays, notre dignité, notre fierté d’être camerounais afin d’armer notre esprit et notre corps travaillant à pouvoir s’en sortir par la force de ses bras et de son intelligence. Chers compatriotes, que pouvons-nous si nous n’avons plus de repères ?
Que devient le Cameroun s’il n’a plus de repères ?
Comment le Cameroun et le peuple camerounais pourraient-ils se former et se forger en un temps et en un lieu où toutes les opinions nous dévalorisent, où tout le monde se combat et joue à qui trompera le plus et le mieux ?
Déployons donc ensemble toute notre énergie afin que: Vive la Paix, Génératrice du Travail qui lui-même est bâtisseur de la Patrie.
Correspondance : Vincent-Sosthène FOUDA, Président du Mouvement Camerounais Pour la Social-Démocratie (M.C.P.S.D)