Actualités of Thursday, 4 May 2023

Source: Le Messager du 04-5-2023

20 mai dans le Wouri : les proches du préfet crient à une tentative de déstabilisation

Tsunami sous un ke?pi Tsunami sous un ke?pi

Jeté à la vindicte populaire à travers un courrier polémique du gouverneur du Littoral, accusé de racketter les maires et les sous-préfets dans le cadre des préparatifs de la prochaine fête nationale, cloué au pilori pour avoir répercuté les instructions de sa hiérarchie, le Préfet serait, selon des sources concordantes, victime d’une cabale ourdie par ses détracteurs.

Tsunami sous un képi ! Tout com- mence par un message porté en date du 25 avril 2023 et dans lequel Benjamin Mboutou, répercutant les instructions du gouverneur du Littoral, demande au Maire de ville de Douala et aux Maires des six communes d’arrondissement de la capitale écono- mique, de lui envoyer (selon la fonction), des espèces sonnantes et trébuchantes avant le 10 mai prochain des- tinées à l’organisation de la fête de l’Unité nationale dans le département du Wouri. Dans le détail, le Maire de ville devait verser 4 millions de Fcfa au gouverneur et 3 millions 500 000 Fcfa au préfet.

Les communes d’arrondissement, elles, devaient verser chacune 2 millions 500 000 Fcfa au gouverneur, (soit 15 millions au total), 2 millions Fcfa au préfet (soit 12 mil- lions Fcfa au total) et 1 million 500 000 aux sous-préfets, (soit 9 millions Fcfa) au total. Cette exigence, apprend-on, n’est pas étrangère aux usages puisque à chaque veille de la célébration de l’unification du Cameroun, les chefs-terre et les magistrats municipaux sacrifient à ce rituel.

Tout semble bien se passer jusqu’au moment où le courrier censé respecter le circuit en interne, finit par fuiter sur les réseaux sociaux, provoquant une vague d’indignation et le courroux des populations, qui taxent le préfet du Wouri, d’escroc. Sentant le vent tourner, le gouverneur de la région du Littoral, comme Ponce Pilate, pond un message porté dans lequel il tente de recadrer le Préfet.

«Honneur vous demander bien vouloir rapporter les termes de votre message porté du 25 avril 2023 », écrit Samuel Dieudonné Ivaha Diboua dans son message du 28 avril 2023.

L’affaire fait le tour de la toile, amplifiée parc certains détracteurs de Benjamin Mboutou, qui n’hésitent pas de convoquer l’affaire de la correspondance envoyée aux Brasseries du Cameroun pour demander des boissons pour les obsèques de sa maman. Si d’aucuns y voient une volonté d’extorquer de l’argent à ses administrés, d’autres pensent que ce sont des pratiques séculaires qui ne devraient pas pour autant susciter un tel tollé.

Lettre circulaire conjointe N°00427

Contacté pour apporter des éclai- rages, un administrateur civil à la retraite explique qu’ « au regard de la législation en vigueur au Cameroun, le gouverneur qui est le supérieur hiérarchique du préfet, exerce un pou- voir de contrôle sur les actes de ce dernier. Ce contrôle hiérarchique intègre en même temps le contrôle de l’opportunité des actes et celui de leur légalité. De ce fait, le patron de la région peut suspendre un acte du préfet, l’annuler ou lui demander de le rappeler comme dans le cas d’espèce. Cependant, ce rappel ne sanction- ne pas l’illégalité de la demande préfectorale ».

En effet, la Lettre circulaire conjointe N°00427 des ministres de l’Administration territoriales et de l’Economie et des Finances du 28 juillet 2002, donne des précisions à ce sujet. « Le déblocage des fonds com- munaux sur la base d’actes réglemen- taire est une procédure exceptionnelle », convoque nos confrères de journal- ducameroun.com.

Et de préciser que les autorités municipales ne doivent y recourir que dans trois cas : « la survenance d’une catastrophe, l’enlève- ment et l’inhumation des corps abandonnés, la contribution de la collectivité territoriale décentralisée aux célébrations marquant les fêtes et cérémonies officielles à l’instar de celles du 20 mai, du 11 février (…) », ont prévu à leur époque les anciens ministres Michel Meva’a Meboutou et Ferdinand Koungou Edima.

Compte d’emploi

Des dispositions légales qui fondent la base juridique de Mboutou que certains matraquent sur les réseaux sociaux depuis la survenue de cette affaire. T oute chose que certains administrateurs condamnent avec la dernière énergie, brandissant quelques subtilités mal interprétées par les profanes.

« On aurait pu imposer aux préfets la production d’un compte d’emploi pour plus de traçabilité. Une fête nationale ne se limite pas à seulement une réception. Pourquoi le Chef-terre ne peut-il pas par exemple aller soulager les groupes des déplacés internes qui eux aussi, seraient heureux de vivre le 20 mai ? Les motos taxis qui sont des citoyens peuvent bénéficier d’une espèce de mainlevée du préfet. Il ne faut pas seulement voir en ces montants exigés, une taxe suicidaire ou des pots-de-vin », s’indigne un ancien pré- fet qui a requis l’anonymat.

De quoi cerner sans doute la démarche de Mboutou, ancien membre de la Jeunesse étudiante chrétienne (Jec), un mouvement né en 1929 dans la mouvance du catholicisme social. Lui qui avait refusé le poste de responsable national à Maroua alors que les jecistes voyaient en lui, le pro- fil d’un bon leader associatif. Suffisant pour conclure que le préfet est (finalement) victime d’une cabale ? Question à deux sous !