La première s'est tenue le 16 décembre dernier à Maroua, en marge du mariage de la fille de Me Harissou, actuellement poursuivi pour « atteinte à la sûreté de l'Etat », du fait de ses accointances présumées avec l'ancien ministre d'Etat Marafa Hamidou Yaya, en disgrâce vis-à-vis du régime de Yaoundé. Et la seconde quelques jours plus tard à Garoua.
Et c'est la qualité des personnalités présentes à ces réunions qui suscite des questionnements auprès des services de renseignement. Tenu au domicile du député undp du Diamarré, l'honorable Amadou Adi, le 1er conclave a réuni en outre des personnalités notoirement réputées proches de l'ancien ministre Marafa Hamidou Yaya. en l'occurrence, le Délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Garoua, el Hadj Ahmadou Bouba, mais aussi le député Rdpc de la Bénoué Mamouda Ali, ou encore le membre du bureau politique de l'undp, Mohamadou Badjicka Ahidjo, et bien d'autres personnalités. Selon des indiscrétions ayant filtré du conclave, el Hadj Ahmadou Bouba est présenté comme étant le parrain du mariage de la fille de Me Harissou, l'évènement qui a servi de prétexte à ces retrouvailles.
Même si certains reconnaissent au Délégué du Gouvernement le droit de parrainer quelque mariage de son choix, pour d'autres, ce rapprochement avec Me Harissou, celui qui est présenté comme étant le notaire de Marafa, et actuellement poursuivi pour un motif aussi grave que « l'atteinte à la sûreté de l'etat », ne manque pas de suspicion, pour quelqu'un qui tient son poste du régime en place. et pour ces esprits retors, le bémol concernant la présomption d'innocence dont jouit encore Me Harissou dans la cause, ne suffirait pas à justifier que des cadres Rdpc s'affichent publiquement avec ses relations.
Surtout qu'à côté du Délégué du gouvernement de Garoua, se trouvait un autre cadre du parti au pouvoir, réputé pour son rapprochement avec Marafa Hamidou Yaya, en la personne du député Rdpc Mamouda Ali, qui, selon des informations confidentielles, serait parmi les personnalités chargées de plaider la cause du célèbre prisonnier auprès des institutions et de certains de ses partenaires à l'étranger.
Reconquérir Garoua
Mais à côté de ces « Marafistes » reconnus, se trouvait également Mohammadou Badjicka Ahidjo, le fils de l'ancien président de la république, et membre du Bureau national de l'undp-l'union nationale pour la Démocratie et le Progrès. on le sait depuis quelques temps, le parti de Bello Bouba, allié du Rdpc, est en perte de vitesse à Garoua, sa base, du fait des démissions en cascades de ses militants, particulièrement dans la circonscription de Garoua 2.
Autant de connexions sur lesquelles les services de renseignement seraient actuellement entrain de cogiter, pour comprendre les ressorts de ce rapprochement jugé contre nature. il n'est pas innocent de relever que cette rencontre « suspecte » intervenait ainsi après l'échec des manoeuvres de Badjicka Ahidjo, tendant à retourner les militants démissionnaires de l'undp de Garoua, au profit du Rdpc, et quelques jours également après la réunion de certains membres du bureau politique de ce parti à Garoua le 18 décembre, sur la conduite de son président national, et qui a consacré ce que d'aucuns considèrent comme étant le flop dans la décrépitude de l'undp à Garoua.
En effet, au terme de cette réunion de Garoua, Maïgari Bello Bouba a été bien édifiée par ses lieutenants du terrain sur le désir désormais manifeste de ses militants de militer dans le Rdpc, mais surtout, le conclave du bureau politique de l'undp s'était refermé sur l'inefficacité du parti d'opposition à pouvoir ramener dans ses rangs ses militants démissionnaires, tel que voulu par son président national.
Suffisant pour certains analystes pour lire parmi les raisons de cette réunion (séditieuse ?) la volonté des membres de reconquérir Garoua et de contrôler cette ville stratégique dans la maitrise du champ politique dans la Nord. Ce d'autant que quelques jours après cette réunion de Maroua, une autre réunion a regroupé pratiquement les mêmes protagonistes au domicile du délégué du gouvernement de Garoua, le mardi le 27 décembre dernier.
Avec au menu, suppute-t-on dans quelques notes de renseignement, la relance de la collaboration avec des partenaires étrangers de ces « Marafistes ». D'autres conjectures y voient l'occasion de redynamiser les relations entre les « Marafistes » et leurs partenaires étrangers, dans la perspective de l'élection présidentielle de 2018, avec en ligne de mire, la volonté d'obstruer la candidature du Rdpc, qui de toute évidence sera portée par Paul Biya, à ce scrutin.
A moins que l'autre enjeu de ce copinage politicien peu ordinaire ne soit, comme croient savoir d'autres observateurs, la mise en place des balises à la création du « parti du Grand Nord », toujours d'actualité, selon des sources indiscrètes, dans la perspective de la même élection présidentielle de 2018.