La crise des enseignants au Cameroun s'intensifie, avec des grèves et des revendications persistantes de la part des enseignants qui attendent désespérément des améliorations de leur situation. Cette année, la rentrée scolaire 2023-2024 a été marquée par des mouvements de grève et de protestation dans les établissements primaires et secondaires publics du pays.

Le mouvement "On a trop supporté" (OTS) et "On a trop attendu" (OTA) gagne en puissance, en réponse à l'absence de réponses concrètes du gouvernement à leurs préoccupations. L'une des principales causes de mécontentement parmi les enseignants est le non-paiement ou le paiement partiel des salaires de milliers d'enseignants du secondaire, estimés à environ 40 000, qui sont sortis des écoles de formation au cours de la dernière décennie. Cette dette s'élève à environ 180 milliards de Francs CFA, selon les leaders du mouvement OTS.

Les enseignants en grève réclament le paiement de ces dettes, l'adoption d'un statut particulier pour les enseignants, ainsi que la tenue d'un forum national de l'éducation. Les retards dans les avancements de carrière, le non-paiement des rappels de salaire et le non-intégration à la fonction publique sont autant de problèmes qui alimentent cette crise.

Un témoignage particulièrement poignant recueilli par la BBC met en lumière la souffrance d'Olivia Manekeng, âgée de 44 ans, qui a enseigné pendant 23 ans sans jamais recevoir de salaire ni être intégrée dans la fonction publique. Elle a commencé sa carrière en 2001 en tant que maître d'école, et malgré sa formation en 2010, elle n'a jamais été intégrée, malgré ses sacrifices et son expérience.
Célibataire et mère de quatre enfants, Olivia se bat pour subvenir aux besoins de sa famille. Confrontée à une situation désespérée, elle a récemment décidé de quitter l'enseignement pour chercher d'autres moyens de subsistance. Le cas d'Olivia illustre la gravité de la crise des enseignants au Cameroun, où de nombreux enseignants vivent dans la précarité malgré leur dévouement à l'éducation.

L'année dernière, le tragique décès de Haminou, enseignant au Lycée de Beka, a choqué le pays. Après avoir passé dix ans sans être pris en solde, il est décédé moins d'un mois après son intégration à la fonction publique. La situation des enseignants au Cameroun est un problème complexe qui nécessite une solution rapide et durable. La BBC continuera de suivre de près cette situation en évolution.