Actualités of Tuesday, 4 October 2016

Source: camer.be

50 ans, la moyenne d'âge des hôtesses de Camair-Co

Des hôtesses de Camair-Co, Archives Des hôtesses de Camair-Co, Archives

Vous avez parlé d’un plan d’actions. Est-ce un nouveau plan ou c’est la suite de Boeing Consulting ?
Boeing Consulting a déposé un rapport à mi-parcours qui insistait beaucoup plus sur la flotte, sur les lignes. Seulement, il y a une deuxième étape qui est attendue, c’est le business plan. Mais en attendant que cette étude arrive, il fallait que nous essayions de faire l’état des lieux, de mettre en place un plan d’actions qui permettra à l’Etat d’avoir une lisibilité sur la direction dans laquelle la nouvelle équipe veut conduire Camair-Co.

Il faut que la structure soit en place avant de chercher les aéronefs, que Camair-Co existe comme entreprise, avec un statut bien défini et qui peut à tout moment prendre ses responsabilités. Une compagnie aérienne ne s’illustre pas par le nombre d’avions, mais par la qualité de service. D’où la nécessité d’attendre pour que Boeing Consulting nous soumette un business plan. Nous sommes au niveau de l’évaluation de la capacité par rapport aux lignes. « Le Dja », par exemple, avait un business-plan qui ne tenait pas et il vole avec un taux de remplissage pratiquement nul. La hiérarchie s’est interrogée : est-ce qu’il a fallu tant de moyens à d’autres compagnies pour voler ? Pour y répondre, nous mettons à contribution l’expertise locale, qui peut prendre la compagnie en main et atteindre les objectifs que l’Etat nous a assignés : rendre Camair-Co performant, avec un service de qualité.  

Que devient le plan de relance élaboré par l’ancienne direction générale ?
Je voudrais être très honnête. Je vais prendre un exemple pour que tout le monde comprenne : on ne restructure pas une entreprise en achetant des voitures. Je crois que vous mettez d’abord la structure en place. Vous définissez comment vous allez faire pour rendre un service de qualité. C’est à partir de là que vous direz quel type de véhicule peut être adapté au type de service que vous voulez offrir.

Quand vous faites l’inverse, ce n’est pas possible. Une structure doit savoir maîtriser ses charges et vivre de ses moyens. Qu’on contrôle qui fait quoi. Donc quand à l’intérieur, vous trouvez des responsables qui ont des agences de voyage et qui à tout moment privilégient la rentabilité de celles-ci par rapport à la structure qui les emploie...

Que faut-il donc pour que la compagnie décolle véritablement ?
Pour que la compagnie décolle vraiment, il faut mettre de l’ordre. Ordonnancer les tâches. La procédure est là, elle est connue. Dans la maison, nous avons des compétences. Il faut qu’on les libère de certaines charges inutiles pour qu’elles soient à l’aise et puissent mener la compagnie vers l’objectif prescrit par le gouvernement. Sur un tout autre volet, quand vous voulez louer des avions, il y a une procédure.

Quand c’est une compagnie nationale, vous prenez la convention de Cape Town. Elle a été votée à l’Assemblée nationale en 2010. Elle donne des facilités pour l’acquisition des aéronefs. Et ce sont les concessionnaires qui courent vers vous, parce qu’ils préfèrent traiter avec les Etats. Au niveau du courtage aérien, ils sont à l’aise quand ils savent que le concessionnaire est derrière la négociation. Quand vous prenez  un  avion,  vous  avez  un abattement de 3,5 % sur le prix des avions. L’Etat peut utiliser même la coopération bilatérale, ça sécurise même sur le plan diplomatique.  

Vous évoquez les compétences. Quelle est leur importance dans la performance de l’entreprise ?
La moyenne d’âge à Camair-Co est élevée. Il est grand temps que certains employés qui ont atteint 60 ans, libèrent la boîte. S’ils sont encore importants pour  l’entreprise, qu’on aménage un statut particulier pour eux. Vous en avez qui ont été libérés avant et qui reviennent dans la structure. Vous avez des postes de direction qui sont dans l’organigramme et d’autres pas. L’Etat ne donne pas de subventions pour une telle compagnie. Il faudrait que la lumière soit faite.

Nous allons  toiletter  et  ce  n’est  pas négociable. Il faut délester la compagnie pour que les jeunes qui y sont, qui sont performants, puissent travailler. Vous avez des gens dans la boîte qu’on paye, alors qu’ils ne font rien. Dans la population des pilotes, c’est le cas. Que dira le contribuable ?  

Quels sont les profils attendus?
Un exemple : savez-vous qu’il y a une vingtaine d’hôtesses camerounaises, jeunes, qui travaillent à Ethiopian Airlines, qui font sourire les usagers de par le monde ? A Camair-Co, il faut aller chercher dans les 50 ans pour avoir la moyenne d’âge des hôtesses. De plus, nous recevons des récriminations des usagers sur les hôtesses.

S’il n’y a même pas d’eau que vous pouvez donner à un client, au moins parlez-lui gentiment. Malgré tout ça, les Camerounais prennent toujours Camair-Co, parce qu’ils aiment leur compagnie. J’ai une mission, elle est non négociable. Si vous avez votre place, vous allez l’occuper.