Le groupe Etat islamique (EI) annonce avoir désigné Abu Musab al-Barnawi pour diriger Boko Haram, sa branche en Afrique de l'Ouest. Selon la BBC qui rapporte l’information, «un magazine appartenant à l'EI a publié dans son dernier numéro une interview présentée comme la première donnée par Abou Moussab al-Barnawi depuis sa désignation pour diriger la branche ouest-africaine de l'organisation djihadiste».
Al-Barnawi est présenté comme un ancien porte-parole de Boko Haram. «La publication de l'EI ne dit pas ce qu'est devenu l'ex-leader du groupe djihadiste nigérian, Abubakar Shekhau. Ce dernier n'a plus donné signe de vie depuis août 2015», précise la radio britannique.
Boko Haram a annoncé le 7 mars 2015 avoir fait allégeance au groupe Etat islamique, qui est actif en Irak, en Syrie et en Libye. L'annonce avait été faite dans un message audio, dans lequel s'exprimait Abubukar Shekau, à travers un compte Twitter utilisé par Boko Haram. En avril 2015, la secte islamiste basée au Nigéria avait publié de nouvelles images dans lesquelles elle disait avoir changé de nom pour s'appeler «la Province ouest-africaine de l'Organisation de l'État islamique».
Cette information arrive au moment où l’on dit la secte divisée par des guerres intestines. Selon Jeune Afrique, plusieurs sources militaires affirment en effet que Boko Haram serait divisé. La thèse de la «scission» a été avancée il y a quelques semaines par Thomas Waldhauser, le chef de l’Africom, devant des sénateurs américains. Elle est reprise aujourd’hui par plusieurs services de renseignements de la sous-région, apprend-on. «Il semble que Boko Haram soit traversé par des dissensions. Il n’est pas impossible qu’il y ait aujourd’hui plusieurs factions, et donc plusieurs chefs», explique un officier nigérien.
Il y aurait d’un côté les partisans de la «logique millénariste» héritée du fondateur de la secte, Mohammed Yusuf, et de l’autre les partisans de la «logique terroriste», désireux d’approfondir leurs liens avec l’organisation État islamique. Les premiers seraient restés dans les fiefs historiques du groupe (la forêt de Sambisa et les monts Mandara, au Nigéria), tandis que les seconds pourraient s’être établis dans les îles et sur les berges du lac Tchad.
Boko Haram a commencé son insurrection dans le nord-est du Nigeria en 2009. Il a ensuite étendu ses attaques meurtrières au Cameroun, au Niger et au Tchad.