Actualités of Monday, 11 April 2022

Source: www.camerounweb.com

Abus de pouvoir : un jeune homme séjourne en cellule pour 250 Fcfa

Commissariat Commissariat

Abandonné des siens, il a été arrêté et placé en garde à vue pour ‘’filou-terie de transport’’ dans un commissariat de la place, car n’ayant pas pu s’acquitter des frais de taxi.


Un ouvrier en bâtiment prénommé Joël, arpente lentement les différentes rues qui mènent au domicile de ses parents après une dure journée de travail, lorsqu’il est interpellé par un homme confortablement installé à la ter-rasse d’un débit de boissons, sirotant une bière en compagnie de deux jeunes dames. S’étant approché le jeune Joël constate qu’il s’agit en fait de son oncle, et ce dernier invite son neveu à s’asseoir à sa table, ce qu’il fait. Ayant ingurgité quelques quatre bières, non sans avoir esquissé quelques pas de danse, le jeune homme fait savoir à son cher « tonton » qu’il n’a pas de sous pour emprunter un taxi, compte tenu de l’heure déjà avancée et de la fatigue. Le « tonton »lui répond qu’il n’y a pas de pro- blème et que le moment venu, il va s’en occuper. Mais à l’heure du départ l’oncle avoue ne plus avoir de sous et le confie à l’une de ses deux copines « va avec cette tantine, vous allez vers le même endroit, elle va s’occuper de ton transport. » La dame en question ne proteste pas et les deux nouveaux compagnons empruntent donc un taxi en proposant deux placespour la même direction. Une fois à destination, au moment où le jeune homme voudrait dire merci à la dame et s’en aller, cette dernière décline sa responsabilité en ces termes « ce n’est pas moi qui te paye le taxi monsieur, si tu n’as pas pris l’argent chez ton oncle, c’est tant pis pour toi. » En entendant cela, le conducteur de taxi quitte son siège et bondit sur le jeune homme qui essaye en vain de s’expliquer Le taximan ne veut rien entendre ; l’argent ou rien « j’ai suffisamment été abusé par les voyous de ton espèce » déclare-t-il. Un attroupement s’est vite créé et un pick-up de la police qui patrouillait dans le coin embarque Joël vers un commissariat. Arrivé sur place il est immédiatement entendu sur procès-verbal et mis en garde à vue pour filouterie de transport où il passera sa première nuit. Le lendemain matin, le commissaire voulant s’enquérir des nouveaux dossiers, tombe sur celui de Joël, et demande immédiatement à ce qu’on le conduise dans son bureau. Apres avoir sermonné le jeune homme, il va lui demander de faire la propreté dans son bureau après quoi il sera libre. Le commissaire s’étant déplacé, l’inspecteur chargé de sa libération va alors lui tenir ce langage « ici ce n’est pas ta maison, quand on passe nuit au commissariat il faut payer, et si tu n’as pas 5000 Fcfa à me donner, je te remets en cellule. » Evidemment dépourvu du moindre sou le jeune homme va passer trois autres nuits en cellule à l’insu du commissaire, à cause de la cupidité de cet inspecteur de police.

Panique générale

Entretemps du côté de la famille de Joël, c’est la panique générale, sa pauvre maman ayant fait le tour des morgues, des gendarmeries et de plusieurs commissa- riats tombe enfin dans celui où est détenu son fils. Sur place on lui fait faussement savoir que son fils n’y est pas, et elle continue ses recherches ailleurs. Cependant un jeune policier exaspéré par le sinistre jeu de ses collègues permet à Joël d’utiliser se- crètement son téléphone pour joindre sa mère, ce qui est fait. La dame revient au commissariat accompagnée cette fois de toute la famille et déterminée à repartir avec son jeune fils. Refusant d’être à nou- veau éconduite par les flics ripoux, elle entre dans tous ses états, tout le commissariat est alerté et le commissaire sort de son bureau. A la vue de son patron, le cynique inspecteur chargé depuis des jours de la libération du jeune homme, prend ses jambes à son coup et va se réfugier dans une buvette non loin de là. Le garçon est libéré et peut s’en aller avec sa famille, régler à présent ses comptes avec son oncle et la sinistre dame. Dénouement heureux pour l’ouvrier, mais une kyrielle d’interrogations sur l’inconscience professionnelle qui gangrène la police.