Il y a quelques années, le nom de domaine camerounais a subi de graves menaces de la part des pirates et hackers chinois qui, du fait de la proximité du .cm au .com (nom de domaine commercial) et au .cn (nom de domaine chinois) ont acquis des extensions en .cm pour rediriger les internautes vers d’autres sites web proposant de la publicité. D’autres hackers ont même réussi à infecter des sites web camerounais ayant l’extension .cm avec divers malwares. De fait, les visiteurs de ces sites étaient espionnés à leur insu. Ce qui a d’ailleurs valu au .cm camerounais la palme d’or du nom de domaine le plus risqué et le plus piraté au monde en 2009.
Classement dressé par le géant américain en sécurité McAfee dans son fameux rapport «Mapping the Mal Web». Des années plus tard, «ce classement, je le pense, a un peu découragé les Camerounais qui avaient même la volonté d’acquérir un nom de domaine local. Mais, des dispositions ont été prises par les autorités camerounaises pour limiter les risques», explique Beaugas-Orain Djoyum, directeur général du cabinet Ict Media Strategies, par ailleurs directeur de publication de Tic Mag.
Malgré les efforts de l’Antic, l’on observe toujours une réticence de la part des institutions locales. Tout d’abord du fait de la situation pour le moins désastreuse qu’a connue le .cm il y a peu. Laquelle a laissé beaucoup de séquelles auprès des entreprises locales. Résultats, les promoteurs préfèrent éviter le .cm. C’est par exemple le cas de ces sites web camerounais www.iricuy2.net, www.essticuy2.org, https://kerawa.com, http://siantou.net, www.irgm-cameroun.org, http://www.impm-cm.org entre autres, qui ont choisi des extensions étrangères. Ensuite, certaines entreprises locales boudent le domaine .cm à cause du coût d’accès, mais aussi à cause des difficultés de gestion qu’il pose. S’agissant des difficultés de gestion, Serge Tchinda, enseignant de Tic à l’Esstic, relève que : «L’Antic, qui a la charge de la gestion de ce domaine, l’a confié aux revendeurs, lesquels n’ont pas de plate-forme en ligne pour acheter le .cm. Aussi, aucun fournisseur ne peut garantir l’accessibilité de ce domaine sept jours sur sept et 24h/24h. Cela, pour la simple raison que les serveurs s’éteignent tout le temps du fait des coupures électriques», développe l’enseignant. De fait, lorsqu’un site web en .cm est logé dans un serveur au Cameroun et que ce dernier est éteint, il est possible que ce site web ne s’ouvre pas lorsqu’on est hors du pays.
Maintenant, parmi les revendeurs agréés par l’Antic, certains d’entre eux ont leurs serveurs à l’étranger. Du coup, un particulier qui veut se procurer le domaine .cm est obligé de payer trois fois le prix local du fait des taxes. Ce qui contribue à alourdir le coût d’accès à ce domaine. L’autre difficulté d’accès au .cm et qui mérite d’être soulignée est que, pour ce qui est des banques des noms de domaine, le .cm n’est plus disponible. Cela, du fait de sa proximité avec le .com. «Tous les promoteurs qui disposent des sites en .com ont tendance à racheter le même domaine en .cm. Car, il est facile pour un internaute de se tromper de frappe. Au lieu de frapper .com, du fait de la rapidité, il peut entrer .cm», précise un développeur web. Autant de malaises qui poussent certains promoteurs à décliner l’usage du .cm.
Avantages
Pourtant, il existe beaucoup d’avantages à disposer d’un site web avec l’extension .cm. D’autant plus que le .cm permet de vous identifier comme une entreprise, une institution, ou une organisation offrant ses services au Cameroun. Pour mieux illustrer ces privilèges, Beaugas-Orain Djoyum présente une situation : «Par exemple, un groupe de Français décide de se rendre en vacances au Cameroun, lors des préparatifs, ils vont rechercher en ligne des restaurants camerounais de Yaoundé ou Douala. Après avoir tapé le mot «restaurant camerounais» dans un moteur de recherche, parmi la dizaine de résultats de recherche qui s’affichent, ceux-ci auront plus envie de cliquer sur le lien d’un restaurant camerounais disposant de l’extension (.cm, ndole.cm par exemple, au lieu de ndole.com).
Ceci, parce que l’internaute sait à partir de l’Url que ce restaurant est spécialisé Cameroun et offre des plats camerounais. Et lorsqu’il clique sur le lien et qu’il est satisfait du menu proposé, il réserve et n’a plus besoin de fouiller ailleurs sur le web». En l’espace de quelques secondes donc, le promoteur du restaurant dont le site est ndole.cm a gagné de nouveaux clients. Une perte pour le restaurant camerounais ayant choisi d’avoir un site web avec l’extension .com.