Après avoir été rappelé à l’ordre par le ministre d’Etat secrétaire général de la présidence de la République qui ne fait que transmettre les hautes instructions du chef de l’Etat dans le cadre des recrutements à la Société de coton (Sodecoton), les réseaux proches du directeur général, Mohamadou Bayero Bounou, ont traité Ferdinand Ngoh Ngoh de tous les noms d’oiseau au point de tenter de mettre à rude épreuve le vivre-ensemble. Décryptage.
Il y a quelque chose de tragique sur les berges de la Bénoué qui semble fasciner plus d’un observateur de la scène politique nationale. C’est cette parturition brusque d’un irrédentisme régional qu’on semble observer depuis quelques temps à travers le mouvement 10 millions de Nordistes. Si jusqu’ici personne ne peut dire avec exactitude ce qui se cache derrière ce mouvement et son slogan tendancieux, il est clair tout au moins qu’on y ressent quelques relents dissidents et même de sédition. Aujourd’hui encore, l’épicentre de cette humeur tribaliste nauséeuse tire ses origines d’une note de la direction générale portant publication des résultats du test de recrutement des agents comptables. Abondamment relayée dans les réseaux sociaux et par une certaine presse, on y dénonce ouvertement le tribalisme ambiant que celle-ci faisait remarquer au travers de ce test de recrutement d’un tout autre genre. « Au lieu de filer du bon coton, Mohamadou Bayero Bounou sème plutôt la mauvaise graine qui peut faire germer la haine...», a laissé entendre un observateur attentif de cette entreprise ci-toyenne. En effet, il est fort aisé de constater en etant un coup d’œil sur cette liste que, sur les 26 candidats « définitivement déclarés admis
au test du 17/12/2021 en vue du recrutement des agents en charge de la comptabilité », plus de 20 candidats sont originaires du grand Nord. A travers cette sortie, de nombreux sons discordants vont s’élever pour dénoncer ce que d’aucuns vont appeler « le tribalisme du Dg de la Sodecoton ». Par ailleurs quelques voix atones vont tout aussi évoquer la loi N°2017 du 12 juillet 2017 portant statut général des entreprises publiques, qui exige aux Conseils d’administration, le respect scrupuleux de l’équilibre régional et du genre. L’hyper inflation de cette polémique va pour la cause se nourrir d’une autre sortie médiatique, celle du très affable directeur de publication du journal « L’œil du Sahel », Guibaï Gatama. D’une part, il va s’entremêler les pinceaux à travers plusieurs contrevérités, où il va essayer tant bien que mal, d’opposer les populations du Nord au restant des Camerounais du « grand Sud ». Sur la base de plusieurs posts, il ne va du tout pas utiliser la manière : « Les conditions de travail dans le septentrion n’étaient pas favorables à certains ressortissants du grand Sud... ». Du coup l’on est tenté de confirmer certaines prévisions funestes de quelques commentateurs du dimanche en mal de positionnement, au sujet du tribalisme rampant. Surtout lorsque celui-ci gagne désormais toutes les couches de la société, et ne prend même plus les précautions que la peur inspirait autrefois à ses nombreux adeptes.
Déficit structurel
Ainsi, contraint par le principe de la réalité, le ministre d’Etat, Sg/pR Ferdinand Ngoh Ngoh, en date du 26 avril dernier, va saisir le directeur général de l’entreprise cotonnière, au sujet de la « Gestion des ressources humaines au sein de la Sodecoton ». Pour le Sg/pR, une lumière devrait être faite sur la conjoncture au sein de l’entreprise, rappelant aussi au top management, le respect des « exigences d’équilibre et de représentativité de toutes les composantes sociologiques de la Nation ». D’autre part, qu’est-ce qui peut bien avoir été dit dans le texte du Sg/pR qui serait venu créer cette discorde qui menacerait la souveraineté des habitants du grand Nord ?
Absolument rien. Une levée de bouclier se fera donc ressentir une fois encore à travers un post du Dp de L’œil du Sahel et qui résume le ressenti dont lui seul semble bien mesurer la portée. « Puisque le gouvernement nous en donne désormais la possibilité, continuons de nous mobiliser pour le respect des quotas réglementaires dans les recrutements et concours à la fonction publique... ». Pour Guibaï, l’aggravation de la conjoncture à l’échelle de la région du grand Nord est incontestablement une fâcheuse nouvelle. Et ceci, simplement parce que, le sommet de l’Etat a osé s’immiscer dans le débat. A cause de ce déficit structurel, il faut alors rameuter non seulement l’opinion, mais également la fratrie « Puisque le débat est en- fin officiel, je vous invite tous (...) à faire le dé- compte dans les entreprises d’Etat, dans l’espoir que l’équilibre régional que nous appelons de tous nos vœux soit enfin respecté. ». Le tout dans un langage accessible, avec des arguments qui affichent une certaine détermination... Laquelle ? Allez donc le savoir ! Sauf que toute évidence, il est fait allusion et de façon expresse à «l’herbe fraîche des vertspâturages d’Etoudi... »