Actualités Régionales of Monday, 27 August 2018

Source: L'Essentiel N°189

Adamaoua: alerte, les bandes armées de retour dans la région

La ville est menacée par des groyps armées qui sèment la terreur. La ville est menacée par des groyps armées qui sèment la terreur.

En l’espace de trois mois, plus de 150 éleveurs ont été enlevés dans la région de l’Adamaoua par des individus lourdement armés. Au moins 200 millions de F CFA versés aux ravisseurs à titre de rançons.

Dans la nuit du 12 août 2018, des individus armés se sont introduits dans le domicile de Aladji Awalou, dans l’arrondissement de Martap, département de la Vina, région de l’Adamaoua. Munis d’armes de guerre, les criminels menaceront d’exécuter sa femme et ses deux enfants qui tentaient de lancer l’alerte. Après avoir torturé leur cible, ils prennent la clé des champs et amènent avec eux, Aladji Awalou.

Ils donneront signe de vie 24 heures après. Dans une conversation téléphonique, les ravisseurs demandent à la famille de la victime de collecter 10 mil- lions de FCFA dans les brefs délais. A défaut, ils ôteront la vie à Aladji Awalou. Depuis lors, la famille de ce dernier vit dans la panique. Par peur des repré- sailles, nombre de villageois ont quitté le village. Un jour, avant l’enlèvement de Aladji Awalou, une bande armée avait pris en captivité trois éleveurs et un berger dans la localité de Tchabbal Chilé. Bobbo Djoubairou, 50 ans, Hamidou Nana, 53 ans, Mohamadou Abba 55 ans ainsi que, Nassourou âgé de 30 ans, ont été enlevés dans leur domiciles respectifs. Leurs ravisseurs réclament le paiement d’au moins 50 millions de Fcfa pour leur libération. Au regard de cette recrudescence d’enlèvements, les populations craignent le retour de la terreur dans la région de l’Adamaoua. Face à cette situation, les forces de défense multiplient les opérations de ratissage. Dans la matinée du 29 juillet 2018, une sortie du Bataillon d’intervention rapide (BIR), dans les zones reculées de l’arrondissement de Martap, a débouché sur une base qui servait de refuge aux preneurs d’otages. Au terme d’un échange de tirs nourris entre le BIR et les ravisseurs, quatre otages sont libérés. Il s’agit de Bouba Adama, 66 ans, Aladji Moustapha, 53 ans, Babba Dahirou, 30 ans et Hassana un berger âgé de 20 ans. Malheureusement, le nommé Hamagabdo Hayatou, un éleveur de 64 ans perdra la vie.

Les otages ont été remis à leurs familles par les auto- rités militaires de la région. Ces derniers disent avoir subi des sévices corporels au cours de leur captivité. « Quand ils m’ont pris, la première chose qu’ils m’ont dit c’était d’obéir à tous leurs ordres pour rester en vie. A chaque fois que je dirigeais mon regard vers eux, ils me tapaient dessus. Ils l’ont fait à plusieurs reprises. J’ai très mal partout au corps. Ils se servent par- fois de leurs armes pour nous cogner avec », témoigne Hassana, ex otage. La bande de criminels constituée de sept personnes aurait pris une la destination inconnue. Selon les responsables du 5e Bir de l’Adamaoua, une chasse à l’homme est en cours. Des hommes ratissent les localités de Lewa Moussa, Toumbouroum et Martap à l’effet de rattraper cette bande de criminels constituée de 7 malfrats. Les éléments du BIR sont aux trousses de plusieurs bandes armées spécialisées dans les prises d’otages avec demande de rançons. Cette libération des otages survient quelques jours seulement après la libération de trois autres otages, toujours dans le départe- ment de la Vina. Des sources sécuritaires, au moins 50 personnes sont maintenues en otage par des bandes armées disséminés dans les zones reculées de la région de l’Adamaoua.

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Le phénomène des enlèvements a repris de plus belle. Elle touche de plus en plus les localités de l’Adamaoua. En fin de semaine dernière, une opération spéciale menée par le Bataillon d’intervention rapide (BIR) a permis de mettre hors d’état de nuire une bande de trois preneurs d’otages. La descente des militaires a abouti à la récupération de deux fusils d’assaut, neuf boites chargeurs et une centaine de munitions et divers autres objets.

De manière globale, entre juin et août 2018, les cas d’enlèvements se sont multipliés dans le château d’eau du Cameroun. Œuvre des individus lourdement armés, cette insécurité a coûté au moins 200 millions de FCFA aux éleveurs et agriculteurs, en termes de paiement de rançons. La recrudescence des enlèvements a plongé les acteurs du secteur agropastorale dans la léthargie. L’économie de la région, basée sur l’agriculture et l’élevage paie le lourd tribut. Pour se mettre à l’abri des kidnappings avec demandes de rançons, les populations des zones reculées mettent sur pied des stratégies, en plus de collaborer avec les forces de défense. Dans le présent dossier, L’Essentiel du Cameroun fait un état des lieux de la situation qui prévaut sur le terrain et relate, à l’aide de témoignages d’ex-otages, le calvaire des populations victimes des exactions.