Il n’est pas toujours facile pour un «étranger» de se faire comprendre dans les rues de la ville de N’Gaoundéré, dans la région de l’Adamaoua. La plupart des commerçants, surtout les commerçants ambulants, s’expriment en Fufulde, langue locale. Pour le journal L’œil du Sahel paru le 3 février 2017, nombreux sont les ressortissants des autres régions qui l’adoptent pour mieux s’intégrer.
«Je me suis installé ici depuis 5 ans et j’ai compris la nécessité de parler le Fufuldé. Ce n’est peut-être pas à la perfection, mais je m’exprime en cette langue pour avoir le contact facile avec les populations», confie Jonas Mbina, mécanicien dans la ville de N’Gaoundéré.
«Nous recevons souvent des usagers qui ne s’expriment en aucune de nos langues officielles. Si on peut de temps en temps les aider en devinant ou en faisant intervenir un collègue qui comprend ce qu’ils disent, il reste que ces usagers doivent apprendre à s’exprimer en langue officielle» déclare un fonctionnaire en service à la Sous-Préfecture de N’Gaoundéré 2ème.
«La réalité ici c’est que de nombreuses personnes s’inscrivent pour apprendre beaucoup plus l’anglais que le français. Mais je voudrais dire qu’on ne doit négliger aucune de nos langues. L’illettré du 21ème siècle, c’est celui qui sera unilingue. Il faut aussi dire que nous avons des personnes qui viennent apprendre la français et l’anglais parce qu’elles sont arabophones, lusophones et n’ont pas toujours eu accès à nos deux langues officielles», explique Jean Claude Tcheuntche, Directeur du centre linguistique de la ville de N’Gaoundéré, qui fait un effort pour promouvoir l'usage des langues officielles dans la région.
«Nous formons des enfants qui doivent s’épanouir dans tous les domaines. Et cet épanouissement passe par la valorisation et la pratique des langues officielles. N’oublions pas que nous sommes dans un village planétaire et l’anglais par exemple est une langue scientifique. Un jeune camerounais peut donc se mouvoir dans le monde s’il a su tirer profit des enseignements que nous dispensons au quotidien, en anglais comme en français», indique le promoteur d’un établissement privé à N’Gaoundéré.