Actualités of Wednesday, 1 March 2023

Source: www.camerounweb.com

Affaire Amougou Belinga : Dieudonné ESSOMBA fait une nouvelle sortie tonitruante et crée la polémique

Dieudonné ESSOMBA Dieudonné ESSOMBA

L’économiste et consultant de Vision 4 Dieudonné ESSOMBA ne lâche pas l’affaire. Dans une nouvelle sortie à travers une tribune, il revient sur le cas de la ligne 94



SUR LES INTERVENTIONS DE L’ETAT (précisions)
J’ai fait un article sur les appuis de l’Etat au secteur privé, qui a donné lieu à une agitation stérile de la part d’une Meute fanatisée qui écume les réseaux sociaux. Je vais en rappeler de manière plus ramassée les principales articulations.

1. SUR LES APPUIS DE L’ETAT


J’ai dit que l’Etat appuie le secteur privé par plusieurs canaux :
-les exonérations fiscales, douanières et judiciaires
-la garantie souveraine auprès des banques et des partenaires étrangers
-la prise de participation dans le capital pour réduire le risque
-la gestion du risque, à travers des structures comme l’ex-FOGAPE
-l’octroi des licences et autres autorisations diverses
-l’action diplomatique des capitaux camerounais à l’extérieur (cas de Danpoulo en Afrique du Sud)
-les subventions
-les appuis à la mise à niveau, à l’installation, etc.
-les marchés captifs : un Etat peut soutenir son secteur privé en lui réservant une part du marché national, ou en lui donnant préférentiellement la totalité de préférentiellement ces marchés
-la protection du patrimoine, quand il le défend face aux agressions ou le protège (curatelle)
-etc.
Ces appuis coûtent 750 Milliards à l’Etat, soit… du budget
2. SUR LE MARCHE PUBLIC
Le budget du Cameroun est d’environ 6500 milliards. En dehors des salaires, du paiement la dette et des subventions, tout le reste n’est formé que de marché public. Soit un montant d’environ 4.000 milliards couvrant aussi bien l’achat d’une rame de papier jusqu’à la construction des barrages et des ports en eau profonde.
Ce marché public est réparti en 3 sections :

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-LA SECTION HAUTE, c’est-à-dire, les marchés de dizaines de milliards de FCFA qui sont le monopole des étrangers. Dès lors qu’un marché dépasse 10 milliards, il n’y a presque plus de Camerounais
-LA SECTION BASSE, connue sous le nom de « 4,9 » et qui désigne tous les petits marchés de moins de 5 millions, à la discrétion d’une foule de petits gestionnaires (Directeurs, sous-préfets, proviseurs, etc.). Ces petits marchés sont réservés aux obligés ou à la famille
-LA SECTION INTERMEDIAIRE, qui comprend des marchés importants, mais inférieurs au milliard. Ces marchés sont réservés aux gens qui ont de grandes facultés de négociation avec l’administration.


3. SUR LE PARTAGE DES RENTES PUBLIQUES ENTRE LES COMMUNAUTES

L’Etat du Cameroun dispense 4 avantages dont 3 sont soumis aux règles d’équité et d‘inclusivité relativement aux Communautés :
1. L’EMPLOI PUBLIC qui est régulé par le décret sur l’équilibre régional


2. LES POSTES DE POUVOIR dont l’équité communautaire se fait soit par le contrôle de la hiérarchie qui doit valider les propositions de nominations, soit par des mécanismes comme les listes sociologiques ou la notion d’autochtonie dans les élections
3. LES INFRASTRUCTURES COLLECTIVES DE PROXIMITE, comme l’électrification rurale, le bitumage des routes, etc. Là aussi l’Etat essaie de mettre toutes les Régions au même niveau, même si dans les faits, cette politique a peu d’efficacité. On voit néanmoins que chaque fois que l’Etat fait son budget, s’il électrifie un village au Sud, il tentera de faire la même chose à l’Ouest ou au Sud-Ouest.
En quatrième lieu, il y a les RENTES PUBLIQUES que sont les appuis de l’Etat et les marchés publics. Là, il n’existe aucune règle d’inclusivité, autrement dit, il n’ya pas d’équilibre régional.


En conséquence, les Communautés les plus actives sur le plan de l’Economie moderne (commerce, activités urbaines) sont logiquement les plus avantagées. Leur avantage est amplifié par l’ambiance de corruption qui existe au Cameroun. En effet, dans un environnement où le fonctionnaire qui octroie la rente attend des commissions et des rétrocommissions, il est évident que ceux qui ont un plus facile accès à la liquidité ou qui sont les mieux organisés partent largement favoris : ils peuvent plus facilement mobiliser la liquidité pour corrompre le fonctionnaire, et ils sont aussi les plus appropriés à venir payer des retrocommissions, au lieu de fuir…

Ces deux facteurs se traduisent concrètement par une surréprentativité des Bamileke à 70% dans l’accès aux rentes publiques, autrement dit, aux appuis de l’Etat et aux marchés publics. , Les Fulbé suivent à 20%, mais c’est leur part normale dans une logique de partage équitable des rentes publiques. Les autres se partagent les 10% restants.
Voilà les faits.

4. SUR LA LIGNE 94

J’ai expliqué que la ligne 94 avait été conçue à la suite de la catastrophe du Lac Nyoss en 2006, car le Gouvernement s’était rendu compte de la difficulté à gérer ce genre d’événement grave et imprévisible sans un dispositif approprié. Il créa donc une ligne appelé « interventions » qui était l’équivalent de « provisions aux imprévues » qu’on connait dans la comptabilité privée. Malheureusement, la ligne sera conçue, non pas comme une provision en attente, mais comme une simple dépense annuelle.

L’ajustement structurel qui a eu lieu entre 1987 et 2006 ne permettait pas d’alimenter la ligne qui était entrée en léthargie. C‘est à partir de 2007 que la ligne obtient un approvisionnement conséquent, et où apparait les anomalies de sa conception : le Ministre Motaze va se retrouver devant un dilemme, à savoir soit il n’utilise pas l’argent faute de catastrophe, et l’argent entre dans le forclos, soit alors il élargit le concept d’intervention au-delà des catastrophes pour éviter la forclusion.

C’est cette dernière option qu’il choisit, en affectant cet argent d’abord aux projets urgents d’autres Ministères, ensuite aux Etablissements Publics Administratifs, ensuite aux Mairies, ensuite aux Entreprises à capitaux publics, et enfin aux entreprises privées ayant un caractère stratégique.

A l’époque, les rumeurs sur la succession de Biya font rage et les gens l’accusent clairement de donner l’argent du 94 aux Bamileke pour se créer une clientèle dans la bataille de la succession.
Avec le temps et faute d’encadrement, la gestion de ligne finira par déraper pour devenir la pagaille qu’on connait aujourd’hui.
Voilà les faits ! Cette Meute me parle de listes ! Quelles listes ? Les appuis de l’Etat, ce sont des milliers d’opérations annuelles dispersées dans un grand nombre d’institutions. Tous les Ministères ont une liste d’appuis à leurs secteurs respectifs, sans compter les institutions dédiées.

Et ces faits se trouvent dans toutes les listes d’interventions au Cameroun, quel que soit le guichet de financement et quelle que soit l’année. Y compris d’ailleurs sur la fameuse ligne 94 !

Du reste, je suis un Fonctionnaire retraité et non un influenceur pour voler les documents administratifs et venir les publier, dans un combat tribal qui n’est pas le mien ! J’explique tout simplement les faits qu’on peut trouver sur tous les documents officiels que tout le monde peut consulter de manière parfaitement légale, à savoir « quels sont les bénéficiaires de telle rente, au cours de telle année, dans tel guichet de financement ».

Evidemment que ce sont ces vérités qui me font passer aux yeux de la Meute pour tribaliste, car justement, c’est le seul groupe de Camerounais pour qui la vérité est le tribalisme ! Ce n’est pas heureusement pas le cas de l’écrasante majorité des Camerounais qui savent que si Dieudonné ESSOMBA donne un chiffre au Cameroun, il n‘y a que Dieu lui-même qui peut le contester.

Dieudonné ESSOMBA

NOTA BENE : En matière d’accès aux investissements publics, seules comptent les infrastructures de proximité qui agissent sur les indicateurs d’accès et le niveau de vie des populations. C’est ici le lieu de combattre ici la démagogie qui consiste à affecter les projets stratégiques aux Régions. On peut créer un barrage au Sud pour alimenter des gens à Douala ou ailleurs, alors que le Sud lui-même n’a aucune électrification. De même, la construction du Sénat à Yaoundé ne peut pas être comptabilisée comme une infrastructure du Centre !)