Le leader ambazonien, avant de se faire arrêter en Norvège où il s'était réfugié il y a quelques années, rentrait et sortait du territoire camerounais comme par magie. Son arrestation et les enquêtes qui ont suivi en Norvège, mettent en lumière des soutiens que le sécessionniste a certainement au sein de l'appareil sécuritaire et politique camerounais.
DES ENQUETEURS NORVEGIENS ATTENDUS AU CAMEROUN
Dès son arrestation, le Cameroun a demandé que le leader ambazonien lui soit livré, afin qu'il puisse être jugé par la justice camerounaise.
Mais la Norvège est un Etat de droit et veut voir clair dans cette affaire pour savoir quelle décision prendre et surtout, ne pas livrer un homme probablement innocent à un système judiciaire qui va juste procédé à son élimination.
D'après le journaliste d'investigation d'origine camerounaise, vivant en exile en Norvège, Michel Biem Tong, une délégation d'enquêteurs sera pourra être envoyée au Cameroun par la justice norvégienne dans les prochaines semaines.
"Aux journalistes de la chaîne de télévision norvégienne NRK, le porte-parole du ministère des Relations extérieures, Patrick Koe Jr a invité les juges norvégiens à se rendre à Yaoundé pour rassembler les preuves contre Cho Ayaba et surtout à livrer ce dernier à la justice camerounaise", révèle le journaliste.
Des implications au sommet de l'Etat
Toujours d'après Biem Ton, de nombreuses personnes risquent leur peau dans l'affaire Ayaba Cho.
"Après Ayaba Cho, ses complices au sommet de l’Etat du Cameroun feront-ils eux-aussi l’objet de mandats d’arrêt internationaux et de poursuites judiciaires devant la justice norvégienne ? Il serait difficile, sauf pour des considérations relevant des relations diplomatiques entre le Cameroun et la Norvège, pour le système judiciaire norvégien de juger Cho Ayaba sans ceux qui, au sein du régime Biya, ont fourni à son groupe armé un appui matériel, logistique et financier. Avec l’arrestation du leader séparatiste, l’on s’achemine sans nul doute vers une véritable affaire d’Etat impliquant des personnalités parmi les plus influentes au sein de l’appareil de l’Etat du Cameroun. Il est important de remarquer de prime abord que juste après l’interpellation de Cho Ayaba par la police norvégienne, l’une des préoccupations majeures des hommes de Biya fut non pas de communiquer sur cette importante actualité comme ce fut le cas lors de l’arrestation de Sisiku Ayuk Tabe, un autre leader séparatiste, mais d’obtenir l’extradition du patron des ADF vers le Cameroun", a-t-il révélé.
"L’attitude on ne peut plus suspecte des officiels camerounais après l’arrestation d’Ayaba Cho, donne à penser que non seulement le pouvoir de Yaoundé n’avait aucun intérêt à ce que le commandant-en-chef des ADF soit jugé en Norvège mais aussi qu’il y a eu comme une volonté de Yaoundé d’interférer dans cette affaire. Ceci, parce qu’un procès d’Ayaba Cho Lucas devant les juges norvégiens permettra de révéler les connexions de ce dernier avec :
(1) le groupe d’affaire Mukete qui a apporté son concours financier au groupe armé d’Ayaba Cho Lucas et non loin de la ferme duquel le premier commandant suprême de ADF, général Ivo Mbah, avait installé une de ses bases,
(2) le ministre de l’Administration territoriale Paul Atanga Nji qui a mis Ayaba Cho en contact avec les Mukete et commandité pas mal d’enlèvements et, assassinats-notamment celui du sénateur Henry Kemende Gamsey- perpétrés par ADF
(3) L’activiste pro-Biya Nkonda Titus dont les contacts avec les membres de ADF lui ont permis d’obtenir infos et vidéos pour alimenter sa propagande anti-ambazonienne,
(4) Des officiers supérieur du Bataillon d’intervention rapide (BIR), une unité d’élite de l’armée camerounaise qui a participé à des opérations conjointes avec les ADF. Il s’agit entre autres des assassinats ciblés, des kidnappings contre rançons, des attaques contre les groupes armés acquis au Interim Governement, une autre faction du mouvement séparatiste", a ajouté notre confrère.