La thèse avancée par la justice, à savoir la noyade, peut tout simplement signifier selon lui que Monseigneur Bala est mort parce qu’il a été jeté dans l’eau.
Dans sa chronique matinale sur les antennes de Radio Equinoxe ce mercredi 5 juillet 2017, Cabral Libii est revenu sur le communiqué rendu public par le Procureur général près la Cour d’Appel du Centre pour porter à la connaissance du public les premières hypothèses de l’enquête vue de déterminer les circonstances exactes du décès de Monseigneur Jean Marie Benoît Bala, évêque de Bafia.
Selon le procureur, l’autopsie menée par des médecins légistes commis par Interpol accrédite la thèse de la noyade. Pour Cabral Libii, il s’agit d’une avancée mais une avancée qui reste ambigüe dans la mesure où la noyade n’est que la cause immédiate de la mort. Il y a aussi ambigüité lorsque les évêques disent qu’il a été sauvagement assassiné « parce que lorsque vous dites que quelqu’un qu’on a retrouvé dans l’eau a été sauvagement assassiné, il peut avoir été assassiné avant d’être jeté dans l’eau tout comme il peut avoir été assassiné par la noyade », explique-t-il.
« Le problème qu’on a aujourd’hui, ajoute l’universitaire, contrairement à ce que je suis depuis hier, le communiqué rendu public hier ne remet en aucun cas en cause la thèse des évêques ou de la Conférence épiscopale parce qu’elle donne juste les cause immédiate de la mort. Donc, on peut maintenant penser que Monseigneur Bala n’a pas été tué avant d’être jeté dans l’eau, il est mort parce qu’il a été jeté dans l’eau ». Mais reste maintenant selon Cabral à expliquer s’il s’est agi d’une noyade volontaire (suicide) ou d’une noyade involontaire (assassinat). « Je crains que sur ce coup, on n’ait pas beaucoup avancé », regrette-t-il.
Extrait de la chronique
Sur le communiqué qui a été rendu public hier par le procureur général près la Cour d’Appel du Centre, il faut déjà se féliciter. Récemment lorsque le Président de la République, sept mois après qu’il ait reçu un rapport d’enquête avait décidé de commenter ce rapport par un communiqué, lui qui n’aime pas commenter les commentaires.
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Voila qu’un procureur de la République, de façon plutôt preste - parce qu’il me souvient que c’est le 2 juin qu’il avait signé un communiqué annonçant une ouverture d’enquête - signe un peu plus d’un mois plus tard, un communiqué pour nous donner les conclusions en quelque sorte de cette enquête. Rappelons qu’il s’agit d’une enquête judiciaire. Et comme je suis juriste dans une autre vie, je suis très attentif à l’emploi des termes à l’issue d’une enquête judiciaire. Il y a en Droit, ce qu’on appelle la qualification.
La qualification en terme simple, c’est la dénomination que la loi a prévue à une situation. Donc, quand une situation se produit, il y a un nom qu’on colle à cette chose et c’est ce nom qui permet de chercher quelle est la sanction ou la procédure qui est rattachée à cette chose.
Et en matière de mort d’homme comme ça a été le cas pour Monseigneur Bala, lorsqu’il faut qualifier cette mort juridiquement, il faut pouvoir la qualifier soit comme étant une mort naturelle, soit c'est-à-dire mort par exemple de maladie ou un décès suite à une atteinte contagieuse, soit alors un suicide, soit alors un assassinat ou alors, si vous voulez, un homicide. Dans ce cas, on peut chercher s’il est volontaire ou involontaire lorsqu’on établit les responsabilités.
Le problème que j’ai avec le rapport qui a été rendu public hier, c’est que la qualification est elle-même ambigüe. Le procureur arrive à la conclusion que Monseigneur Bala est mort de noyade. C’est une avancée mais l’avancée reste ambigüe. La noyade c’est quoi ? C’est une insuffisance respiratoire temporaire causée par la submersion ou l’immersion, quelles que soient les conséquences de cette insuffisance d’ailleurs souvent mortelle.
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Lorsqu’on nous dit que Monseigneur Bala est mort de noyade, OK, on a avancé parce qu’il y a deux thèses. Il y a une thèse, celle des évêques qui dit qu’il a été sauvagement assassiné. Donc, dans la thèse des évêques, il y a encore une ambigüité parce que lorsque vous dites que quelqu’un qu’on a retrouvé dans l’eau a été sauvagement assassiné, il peut avoir été assassiné avant d’être jeté dans l’eau tout comme il peut avoir été assassiné par la noyade.
Le problème qu’on a aujourd’hui, contrairement à ce que je suis depuis hier, le communiqué rendu public hier ne remet en aucun cas en cause la thèse des évêques ou de la Conférence épiscopale parce qu’elle donne juste les cause immédiate de la mort. Donc, on peut maintenant penser que Monseigneur Bala n’a pas été tué avant d’être jeté dans l’eau, il est mort parce qu’il a été jeté dans l’eau. Mais la question demeure, il est mort par noyade, d’accord, on le concède à l’autorité judiciaire mais quelle est la cause de la noyade ?
Est-ce que c’est une cause volontaire – dans ce cas, c’est un suicide – est-ce que c’est une cause involontaire – dans ce cas, c’est un assassinat. je crains que sur ce coup, on n’ait pas beaucoup avancé. Félicitons déjà l’enquête. Oui, il est mort par noyade, on avancé d’un pas. Mais comment s’est-il retrouvé dans l’eau ? Lui-même il a dit : « je suis dans l’eau », d’accord, on ne doit pas être étonné que quelqu’un qui ait dit : « je suis dans l’eau » soit mort de noyade. Mais, y a-t-il été poussé ? S’est-il jeté par lui-même dans cette eau-là ? Jusqu’ici, on n’a pas beaucoup avancé et du coup, la thèse des évêques reste d’actualité. La question maintenant.
Si un rapport d’enquête judiciaire qui doit en réalité faire établir les circonstances de la mort mais également les causes de la mort et ce rapport ne peut pas nous dire exactement s’il s’est jeté dans l’eau ou s’il a été assassiné, et bien, on n’a pas beaucoup avancé, on est toujours en train d’attendre que l’enquête soit approfondie et du coup, je suis en train de me demander quelle était la nécessité de rendre public un communiqué juste pour nous dire que quelqu’un est mort de noyade sans nous clarifier les conditions dans lesquelles il s’est retrouvé dans l’eau. Mais bon, je n’en dis pas plus, de peur qu’on dise une fois de plus que j’alimente l’actualité ou alors l’opinion des choses inconvenantes.
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