Le chef de l’Etat est attendu, en personne, à la cérémonie d’ouverture de la 11e Assemblée Plénière des évêques d’Afrique Centrale. Selon le programme officiel le chef de l’Etat prendra la parole devant les évêques qui seront réunis au Palais des Congrès de Yaoundé du 08 au 16 juillet 2017. Ce sera le lundi, 10 juillet, un peu avant 16h30.

Cette présence peut surprendre, au regard tes tensions persistantes entre l’Eglise catholique qui est au Cameroun et le régime de Yaoundé, à la suite de la disparition de Mgr Jean-Marie Benoit Bala. Ce d’autant plus que, bien que prévue de longue date, cette rencontre intervient au lendemain de la publication d’un communiqué du Procureur en charge de l’affaire indiquant que l’évêque de Bafia se serait noyé.

Cette version contredit radicalement à celle donnée par l’épiscopat le 13 juin dernier. Dans une Déclaration rendue publique après une Assemblée Plénière extraordinaire consacrée à la question, les évêques affirmaient que « Mgr Jean-Marie Benoit Bala a été brutalement assassiné ».

Alors même que l’Eglise n’a toujours pas réagi à cette conclusion du Procureur de la République près la Cour d’Appel du Centre, la cérémonie de lundi s’annonce donc tendue. A moins que les évêques ne fassent le choix du parjure et ne s’alignent sur le verdict de Jean-Fils Kléber Ntamack.

Certains observateurs pensent que l’Eglise catholique qui est Cameroun aurait pu passer outres les usages protocolaires et ne pas convier Paul Biya à cette cérémonie. D’autres répondent qu’il s’agit d’un événement internationale donc les usages sont classiques auxquels ne pourraient pas déroger les évêques du Cameroun.

Mercredi dernier déjà, les évêques étaient très critiqués pour s’être affichés avec Ferdinand Ngoh Ngoh, à la fin de l’ordination épiscopale de Mgr Paul Lonsié Keune, le nouvel évêque de Yokaduma. Le Secrétaire Général de la Présidence de la République était le « représentant personnel » du chef de l’Etat à cette cérémonie.

Mais pour un expert, « l’occasion est très belle pour confronter Paul Biya à cette affaire » qui semble mettre en cause un de ses proches. De sources concordantes, Martin Belinga Eboutou serait le commanditaire de l’enlèvement puis du meurtre de Mgr Jean-Maie Benoit Bala.

Dans une vidéo publiée il y a quelques jours, Vincent Sosthène Fouda, homme politique et laïc engagé, accusait formellement le Directeur du Cabinet Civil de la Présidence de La République d’avoir servi « d’appât » pour faire sortir l’évêque de Bafia de chez-lui le 29 mai 2017.

Il aurait passé un coup de fil à Mgr Bala ce 29 mai fatidique, à 22h 47mn, en lui disant : « Je suis devant ta clôture ». L’évêque serait alors sorti pour se retrouver nez-à-nez avec ses ravisseurs. Mais ces accusations, quoique très graves, ne sont étayées par aucune preuve.

L’on est donc curieux de savoir ce que le chef de l’Etat va bien pouvoir dire au collège épiscopal régional rassemblé éploré de la disparition dramatiquement théâtralisée de Mgr Jean-Marie Benoit Bala. S’il se dérobait, ce serait un aveu tacite de culpabilité.