Interviewé par RFI ce 28 juin 2017, le président de la Conférence épiscopale nationale a réitéré le souhait de l’église catholique de voir toute la lumière faite sur la mort de Mgr Jean-Marie Benoît Balla., par ailleurs archevêque de Douala, affirme que les responsables de l’église catholique au Cameroun se sentent persécutés.

Cameroon-info.net reprend cette interview. Certaines questions ont été reformulées.

Question : Ça fait 26 jours que le corps de Mgr Balla a été repêché des eaux de la Sanaga. Avez-vous des informations sur l’évolution de l’enquête ?

Mgr Kleda : Je ne peux pas dire que l’enquête a progressé puisque nous n’avons reçu aucune nouvelle.

Question : Avez-vous reçu une copie de l’autopsie ?

Mgr Kleda : Non pas encore. Nous attendons qu’on nous donne qu’on nous donne les résultats. Nous espérons qu’ils (les enquêteurs Ndlr) sont au travail).

Question : La Conférence épiscopale nationale a conclu à un meurtre. Sur quoi vous êtes-vous appuyés ?

Mgr Kleda : De manière visible, on pouvait constater que c’est un corps qui n’a pas pris de l’eau. Nous avons dit que Mgr Balla a été brutalement assassiné parce qu’après sa disparition, des bruits ont couru comme quoi, il s’était donné la mort. En plus, y avait ce mot laissé dans sa voiture. C’était un choc pour nous. Quand on se rend compte que c’est un assassinat, c’est toujours brutal, c’est la violence même.

Question : Dans sa voiture, il a été retrouvé un mot « Je suis dans l’eau ». Avez-vous reconnu l’écriture de Mgr Balla ?

Mgr Kleda : Il est très difficile de dire si c’était vraiment son écriture ou pas.

Question : Pensez-vous qu’à travers Mgr Balla, c’est l’église catholique au Cameroun qui est visée ?

Mgr Kleda : Bien sûr, parce que ce n’est pas le premier cas. Ce qui trouble, c’est que tant de religieux ont été assassinés, mais la lumière n’a jamais été faite. C’est un problème réel. Nous avons dit que l’église du Cameroun, ou du moins à travers ses responsables, est persécutée.

Question : Vous faites allusion à tous ces meurtres de religieux non élucidés depuis les années 80. S’agit-il des crimes politiques ou des crimes liés à des sectes ?

Mgr Kleda : A l’heure actuelle il est très difficile de s’orienter dans telle ou telle piste.

Question : Etes-vous en colère ?

Mgr Kleda : En ce moment, oui ! Mais ce n’est pas la haine qui nous guide. Ce que nous voulons, c’est la justice. En tant que chrétiens, nous avons prié pour les assassins. Mais cependant il faut la justice. Quand quelqu’un a commis un crime selon la loi, il faut qu’il réponde de ses actes.

Question : Est-ce le « meurtre » de trop ?

Mgr Kleda : Tout à fait. Parce qu’on se rend compte que tuer un évêque, c’est quelque chose de banal. En plus, Mgr Balla, ce n’est pas quelqu’un qui se fait des ennemis, qui provoque. C’est un pasteur très calme. Donc quand on le tue, nous nous demandons pourquoi.