Aucune enquête prescrite par l’Etat n’est encore parvenue à faire la lumière sur les décès tragiques des hommes en soutanes.
Alors même que le clergé se sent particulièrement persécuté au Cameroun. Les choses seront-elles toujours pareilles après la mort de l’évêque de Bafia ? Dans la nuit du 30 au 31 mai 2017, Mgr Jean Marie Benoit Bala disparaît après avoir reçu un appel téléphonique.
Son véhicule est découvert le lendemain sur le pont du fleuve Sanaga, à Ebebda. Il contient ses documents personnels et un message laconique « Je suis dans l’eau », probablement destiné à faire penser à un suicide. Le 2 juin, soit trois jours après sa disparition, le corps du prélat est repêché des eaux de la Sanaga, dans le village Tsang, près d’Obala. Pour la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (CENC), « Mgr Jean Marie Benoît Bala ne s’est pas suicidé ; il a été brutalement assassiné. Voilà un meurtre de plus, et un de trop », martèlent les évêques dans une déclaration publiée hier, 14 juin 2017 à Yaoundé.
Trois semaines avant sa mort tragique, c’est l’un des prêtres de son diocèse (Bafia), l’abbé Armel Djama, recteur du petit séminaire qui avait été retrouvé mort dans sa chambre. Ces deux décès survenus en un laps de temps viennent grossir la longue liste de religieux, prêtres, évêques retrouvés morts au Cameroun depuis 1982, dans des circonstances suspectes, et dont la plupart des auteurs n’ont jamais été rattrapés En effet, en 1982 à Mbalmayo, quartier Mbokoulou.
Mgr Jean Kounou et l'abbé Materne Bikoa ont été assassinés par Emarand Ebanda, cuisinier de Mgr Paul Etoga, évêque du diocèse, en compagnie de cinq autres personnes. Dans la nuit du 24 au 25 octobre 1988, le prêtre et journaliste camerounais Joseph Mbassi fut assassiné alors qu'il menait une enquête sur le trafic d'armes au Cameroun.
Son corps avait été retrouvé au matin du 26 octobre de cette année dans sa chambre, horriblement mutilé et couvert de sang. Aucun objet n’avait été emporté, il n’y avait rien de touché, ni argent volé. Le 24 mars 1989, Abbé Barnabé Zambo curé de Mbang dans la Région de l’Est, né vers 1955 à Nsimalen a été retrouvé mort. La raison de son décès, avait-on entendu dire, était un empoisonnement manœuvré par une personne voulant se venger de lui.
Dans les circonstances presqu’identiques, le père Anthony Fontegh, exerçant du côté de Kumbo dans le Nord-ouest a été tué en 1990 à Bamenda. Un an plus tard, c’est-à-dire dans la nuit du 03 septembre 1991, Mgr Yves Plumey, est tué par étranglement à sa résidence du quartier Haut plateaux à Ngaoundéré au lieu-dit Petit Séminaire. Ses bourreaux se seraient servis de son drap pour accomplir leur sale besogne.
1995, assassinat de père engelbert mveng
L’année d’après, le Révérend Père Amougou du diocèse de Sangmelima est assassiné dans son presbytère. Aux mêmes titres que les Sœurs Germaine Marie Husband et Marie Léonne Bordy, responsables du dispensaire de la mission catholique de Djoum. Ces deux religieuses de la Congrégation du Sacré-Cœur ont été abattues dans leur résidence.
Le jardinier de la paroisse a été tenu pour coupable, et condamné à la peine capitale. Quant au regretté père Engelbert Mveng, il fut trouvé mort le matin du 23 avril 1995, étranglé, couché dans son lit face au plafond, avec une profonde blessure à la tête. Un meurtre inexplicable, puisque rien n'avait été emporté de sa chambre. La série noire se poursuit 6 ans plus tard. Entre le 20 et le 21 avril 2001 à Nkoldongo, un quartier populeux de la ville de Yaoundé, Apollinaire Claude Ndi, curé de Nkol-Tob par Awaé, dans la Mefou-et-Afamba, a été massacré dans la nuit par un inconnu. Ensuite, dans la nuit du 29 au 30 juin 2002 à Maroua, région de l’Extrême-nord, soit un an après, l’on retrouve le corps sans vie du frère Yves Marie-Dominique Lescanne.
Un des jeunes qu'il avait aidé à sortir de la rue serait l’auteur de sa chute. Yves Marie-Dominique Lescanne, faut le rappeler est le fondateur du Foyer de l'Espérance de Yaoundé.
Mandoumba ancien diocèse de Douala
A la suite de son décès, deux années sont passées sous silence. Et c’est la nuit du 24 décembre 2004 qui relance les hostilités des assassinats de prélats. Frère Anton Probst, allemand, âgé de 68 ans, membre de la Congrégation des missionnaires Clarétins de retour dans sa chambre située à l’intérieur du Noviciat d'Akono après la Messe de Noël, se fait surprendre par des voleurs qui le frappèrent, en le laissant inanimé.
Quatre années vont s’écouler. Puis dans la nuit du 24 décembre 2008, l'abbé François Xavier Mekong, vicaire de ladite paroisse, sera retrouvé mort, étendu au sol dans l'une des douches du presbytère. Selon les témoignages des habitants de cette localité, au moment de la découverte, le corps de l'homme d'église portait des stigmates d'agression : une blessure béante sur la tête qui elle-même, se trouvait légèrement détachée du reste du corps. L'on aurait retrouvé tout près du corps un marteau.
Dans la même veine, la prochaine scène macabre est enregistrée à Mandoumba, autrefois diocèse de Douala, actuellement d'Eséka. Là-bas, à l’aide du fil barbelé des voleurs recherchant l'argent récolté à l'occasion d'une fête ont étranglé le vicaire Joseph Yamb.