L’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats du Cameroun se dit surpris d’entendre s’exprimer sur les circonstances de la mort de l’évêque de Bafia des personnes qui n’ont pas qualité pour le faire. Pour lui cette tâche revient aux membres de sa profession.
Me Charles Tchoungang trouve la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (CENC) amorphe lorsqu’il s’agit de chercher la vérité sur la mort de l‘évêque de Bafia, Jean-Marie Benoït Balla. Il s’est exprimé sur le drame d’Ebebda le 11 Juin 2017 au cours de l’émission « le grand journal », diffusée sur les antennes de CRTV-Littoral.
Selon lui, du moment où le procureur général a fait état d’une « mort suspecte » il fallait enquêter, trouver la cause du décès et éventuellement mettre en cause les personnes qui pourraient être identifiées. Me Tchoungang se dit surpris de voir que quand le commandant ou le pompier parlent de l’affaire, on dit que ce sont eux qui ont raison
Le juriste de renom soutient dès lors que les avocats sont les mieux à même de faire jaillir la vérité sur la mort du prélat. Il reproche à l’Eglise catholique qui est au Cameroun de n’avoir pas saisi les hommes en robe pour ce faire. « Je suis surpris que les non-acteurs semblent être même plus intéressés que les véritables acteurs. Moi je pense que la première chose que la Conférence épiscopale doit faire c’est de prendre un collège d’avocats compétents pour suivre cette affaire, des avocats qui vont accéder au dossier. Et pouvoir dire la vérité. D’abord à leurs clients et pourquoi pas, s’il y a lieu, à l’opinion publique. Arrêtons les débats dans les journaux. Il faut chercher la loi par le droit », recommande-t-il non sans se montrer « étonné » de savoir qu’une telle chose arrive. Il constate qu’au Cameroun, « la question de la loi vient toujours en dernier ».
Charles Tchoungang pense aussi que la famille du défunt aussi aurait pu solliciter les services d’avocats pour accompagner les enquêteurs dans la recherche de la vérité. L’homme de loi pense qu’il y a urgence car « plus le temps passe entre la découverte du 7 et la putréfaction du corps, la vérité s’éloigne. Est-ce que l’Eglise est satisfaite de l’autopsie ? Est-ce que cette autopsie apporte toutes les réponses requises et qu’impose le cas ? », Interroge-t-il.
Il rappelle que l’église du Cameroun a des avocats pour d’autres choses comme les transactions immobilières. Et, citant le traité de 1905 qui consacre la séparation de l’Etat et de l’Eglise, il indique que « quand l’Eglise intervient dans les choses de la terre elle est assujettie à la loi. Si un de ses membres a subi des violences ayant entraîné sa mort, il faut que l’Eglise recoure aux acteurs de la loi ».