Invité dans l'émission GRAND DÉBAT sur Cam10 télévision, François Bikoro, journaliste et conseiller municipal, a mis en garde ses confrères contre les dérives dans les médias et le climat socio-politique tendu au Cameroun.
Face aux récentes mesures strictes imposées par les autorités, telles que les menaces du Ministre de l'Administration Territoriale (Minat) contre les dérives langagières et le durcissement du Conseil National de la Communication (CNC) envers les écarts médiatiques, les journalistes camerounais expriment leur inquiétude. Le préfet du Mfoundi a même menacé d’interdire de séjour toute personne incitant au soulèvement, et le ministre de la Communication, René Sadi, a récemment condamné les propos irrévérencieux à l’égard du président Paul Biya.
Ces tensions ont conduit à des discussions animées sur la conduite à adopter par les présentateurs et leurs invités pour éviter de froisser les autorités. Lors de l’émission du 21 juillet, François Bikoro a minimisé les menaces perçues à la liberté d’expression, affirmant : « Si vous ne voulez pas que votre liberté soit restreinte, n’insultez pas les institutions, n’incitez pas à la révolte. »
Bikoro a évoqué la situation de son fils, Bruno Bidjang, journaliste de Vision4, condamné à six mois de prison pour « propagation de fausses nouvelles » après avoir été arrêté en février 2024 et transféré à la prison de Yaoundé-Kondengui. Bikoro a averti que ce cas devrait servir de leçon aux journalistes, soulignant que son fils a été accusé d’« incitation à la rébellion ».
Il a critiqué les collègues qui n’ont pas soutenu son fils, déclarant : « Je me serais attendu à ce que tous ceux qui font beaucoup de bruit aujourd’hui disent que ce n’était pas bon. Ils ont laissé faire parce qu’ils savaient que c’était le bon droit de celui qui l’a fait. » Il a aussi insisté sur la responsabilité des universitaires et des médias dans la formation de l’opinion publique et la construction de la masse critique intellectuelle du pays.
La condamnation de Bruno Bidjang et les mesures restrictives imposées par les autorités soulignent les défis auxquels sont confrontés les médias camerounais. Les journalistes doivent naviguer prudemment dans un environnement où les frontières de la liberté d’expression sont constamment redéfinies par les pouvoirs en place.