Après deux renvois successifs, le dossier relatif à l'assassinat de Bryan Boris Formbor a finalement été appelé le 29 septembre 2022, au Tribunal de grande Instance du Mfoundi à Yaoundé. La sulfureuse Ivana Essomba Obama et ses 06 coaccusés étaient présents au banc des accusés. Ils sont poursuivis, on le rappelle, par le Ministère public et les ayants-droit de la famille de la victime, pour assassinat en coaction.
A l’audience de ce jour, comme à chaque audience d’ailleurs, les proches de Bryan et de nombreux curieux avaient effectué le déplacement dans l'espoir de connaître ce qui s'est réellement passé dans la nuit du 04 au 05 juin 2020, date à laquelle ce jeune compatriote a poussé son dernier souffle, sous les coups de poignards de ses bourreaux. Deux ans après cet assassinat tragique, les plaies restent béantes, le cœur de Mme Esther Formbor, ceux des membres de sa famille et des proches de la victime saignent toujours. Ils espèrent, avec l'ouverture effective de ce procès, que toute la vérité sera dite autour de ce crime crapuleux pour permettre à l'âme de ce jeune compatriote de se reposer enfin. Et comme il fallait s'y attendre, tout a démarré sur les chapeaux de roues, dans une ambiance hyper tonitruante.
Les avocats de la défense voulaient marquer leur présence et ils l'ont d'ailleurs fait de la plus belle des manières, en portant d'entrée de jeu, l'estocade contre le procureur de la République, tentant avec l'énergie du désespoir de faire disqualifier les DVD et la clé Usb qui contiennent des vidéos des caméras de surveillance de la police camerounaise. Mais cela aura été peine perdue. Parce que selon le président de la collégialité, il ne s'agissait pas d'éléments nouveaux greffés au dossier, mais des pièces à conviction qui ont participé et facilité l'arrestation des personnes accusées d'avoir joué un rôle central dans l'assassinat de ce jeune jetsetteur camerounais. Un argument qui a également été évoqué par l'avocate des ayants droit du défunt, en rappelant au collège d'avocats de Ivana Essomba que s'ils avaient pris la peine de lire ne serait-ce qu'un seul procès-verbal d'audition, ils auraient remarqué que les enquêteurs se sont appuyés sur ces contenus vidéos pour mettre le gratin sur les accusés. Passée cette étape, le ministère public est remonté au créneau pour présenter ses moyens, notamment les éléments vidéos sus-évoqués, et l'ensemble des éléments d'enquêtes et d'audition, mais également les prétendus vêtements que portaient la principale accusée dans ce dossier.
Le film de l’assassinat selon l’accusation
Comme initialement promis, le ministère public a finalement réussi à projeter les images prises par les caméras de surveillance de la Police camerounaise. Malheureusement pour le public qui aurait souhaité voir exactement ce qui s'est passé cette nuit-là. Comment le feu Bryan a été tué ?
A la place des images, il s'est contenté des explications du procureur de la République. En résumé, on a pu retenir que la victime a rendu son dernier souffle à minuit 56 minutes 40 secondes. Il y est arrivé 28 secondes plus tôt à bord d'un véhicule Toyota appelé trivialement “tête de cochon” de couleur bleue, pourchassé par une horde de conducteurs de mototaxis. Une fois immobilisé, il sera extrait de force de son véhicule. Il tentera d'échapper à ses bourreaux, mais pas pour longtemps. Il sera poignardé pour la première fois en tentant de fuir dernière le premier kiosque qui jouxte le carrefour Texaco Omnisports à moins de 5 mètres de son véhicule.
Malheureusement il n'ira pas loin. Il va s'écrouler quelques mètres après, avant d'être rattrapé par ses bourreaux, et achevé à l'aide de coups de poignard et de cailloux comme un vulgaire malfaiteur. Tout semble bien réglé ! Les commanditaires ont mobilisé les moyens pour faire croire que c'était un simple règlement de compte orchestré par des conducteurs de mototaxis qui vengeaient à travers ce geste ignoble leur camarade qui aurait été percuté par le jeune Bryan.