C’est en tout cas ce que souhaite les personnalités des partis de l’opposition, ainsi que les organisations de lutte contre la corruption.
C’est le scandale qui fait parler en ce moment au Cameroun. Depuis la semaine dernière, les hommes et femmes du milieu politique, ainsi que ceux de la société civile, sans oublier l’opinion publique, en ont perdu leur latin. Cela à cause de l’affaire dite « Glencore ». Il s’agit d’une société de négoce pétrolier anglo-suisse qui a été dernièrement frappée d’une amende d’un milliard et demi de dollars par la justice américaine. Cette entreprise a été convaincue de corruption à grande échelle. Quel lien avec le Cameroun ? On a appris qu’au cours des enquêtes menées par les limiers américains, les noms des deux entreprises camerounaises chargées de la gestion du pétrole que sont la Société nationale de raffinage (Sonara) et la Société nationale des hydrocarbures (Snh) étaient apparus dans des documents.
Depuis, c’est à une véritable déflagration qu’on assiste. Tous les partis politiques de l’opposition sans exception, en tout cas ceux qui comptent, ont appelé le Gouvernement à ouvrir une enquête pour en savoir plus. Sans doute en s’appuyant sur ce que savent déjà les Américains. D’après ce qu’on sait justement, les responsables de ces deux entreprises auraient empoché la somme de 7 milliards de F CFA en pots de vin.
Evidemment, les noms des dirigeants sont cités. Il s’agit d’Ibrahim Talba Malla (Snh) et d’Adolphe Moudiki (Sonara). À ces deux il faut ajouter Charles Metouck qui a dirigé la Sonara à une époque.
On sait par exemple que Charles Metouck avait signé un accord avec Glencore qui donnait attribution à cette société un mandat pour la négociation et l’achat des produits pétroliers sur le marché international et leur livraison, à la Sonara. Toujours d’après certaines sources, il existe un accord étrange entre la Sonara et Glencore qui a abouti à l’achat par la Sonara du pétrole nigérian à des prix dépassant ceux du marché. Pour ce service rendu à leur entreprise, les dirigeants suisses ont reversé des pots de vin aux responsables de la Sonara.
Yaoundé dans l’embarras.
Toutes ces révélations mettent forcément le régime dans l’embarras, lequel se garde bien de tout commentaire pour le moment. Mais la pression monte et certains sympathisants du parti au pouvoir sont bien obligés de réagir. Ainsi, Hervé Nkom, membre du Comité central du parti au pouvoir a rejoint l’opposition et réclamé que la lumière soit faite sur ce qu’il se passe. « On doit ouvrir une enquête pour savoir si c’est vraisemblable. Quelqu’un qui fait cette déclaration devrait être interdit de continuer à faire des affaires avec notre Etat, il est possible que Glencore accuse injustement certaines personnalités camerounaises. », a-t-il déclaré la semaine dernière sur ABK Radio.
Sur son mur Facebook, le député du Social Democratic Front, Jean-Michel Nintcheu s’est posé un tas de questions.
« La multinationale Glencore qui est active dans le négoce des matières premières a-t-elle accordé des prêts au Cameroun en échange du pétrole camerounais à commercialiser dans le futur ? Quelle est la nature de cet accord qui avait été signé entre Glencore et la partie camerounaise représentée par la Snh et la Sonara, puisqu'il s'agit du négoce du pétrole ? Des responsables camerounais impliqués dans la chaîne de corruption ont perçu sept (07) milliards de FCFA de pots de vin. C'est inacceptable. Qui sont les fonctionnaires impliqués dans cette affaire de corruption à grande échelle ? Qui sont ceux qui étaient les donneurs d'ordre quand on sait que la gestion de notre pétrole à grande échelle relève de la souveraineté nationale ? », s’est-il interrogé avant de réclamer l’intervention de la justice.
« Il est impératif de dégager, côté Cameroun, toutes les responsabilités qui s'imposent dans cette affaire scabreuse qui ne saurait rester impunie. Des enquêtes approfondies de la Chambre des comptes et de l'Anif sont indispensables pour démêler l'écheveau et les coupables doivent par la suite être sévèrement punis conformément à la loi. Les crimes économiques sont imprescriptibles. », a-t-il conclu. Autrement dit, Adolphe Moudiki, Ibrahim Talba Malla et leurs collaborateurs doivent commencer à préparer leurs avocats. Encore faut-il que le Chef de l’Etat estime que ce dossier vaut enquête. Car c’est lui qui décide au final.