La sortie de l'entreprise Glencore qui affirme avoir remis des pots de vin à des responsables camerounais continue de susciter des sorties toutes azimuts.
Au dernières nouvelles la société minière opérant au Cameroun a sorti la liste des ministres et officiels ayant reçu des millions de dollars. La liste des officiels et des intermédiaires est auprès du procureur général des USA qui veut la rendre publique.
"Le procureur général des ???????? nous indique que les 21 millions de dollars versés à des responsables camerounais ont permis à Glencore de générer 67 millions de dollars de profits. La liste des intermédiaires sera publiée", a écrit Abdel Aziz Moundé Njimbam dans une publication ce mercredi.
Le département de la Justice américaine et le bureau britannique d’investigations sur les fraudes ont publié le 24 mai des communiqués révélant que le trader anglo-suisse Glencore a plaidé coupable d’avoir usé de pots-de-vin, pour obtenir des contrats pétroliers dans plusieurs pays dans le monde, dont au Cameroun.
"Entre 2007 et 2018 environ, Glencore et ses filiales ont payé environ 79,6 millions de dollars de paiements à des sociétés intermédiaires afin d’obtenir des avantages indus: pour obtenir et conserver des contrats avec des entités publiques et contrôlées par l’État dans les pays d’Afrique de l’Ouest: Nigeria, Cameroun, Côte d’Ivoire et Guinée équatoriale. Glencore a dissimulé les paiements de pots-de-vin en concluant de faux accords de conseil ; en payant des factures gonflées et en utilisant des sociétés intermédiaires pour effectuer des paiements corrompus à des fonctionnaires étrangers", révèle la Justice américaine.
La SNH nie les faits
La Société nationale des hydrocarbures (SNH) a réagi aux aveux de corruption de Glencore.
"Il est porté à la connaissance de l’opinion publique nationale et internationale que la SNH n’est ni de loin, ni de près, associée à des telles pratiques, strictement interdites par son Règlement intérieur ", déclare l’administrateur-directeur général (ADG) de la société, dans un communiqué signé le 30 mai.
Comment Mvondo Ayolo devient vendeur de blé - Boris Bertolt
Au mois de mai 2022, Samuel Mvondo Ayolo, directeur du cabinet civil de la présidence de la République décide de recommander au ministre du commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana la livraison du blé au Cameroun par un certain Hafis Ruefli Sandor, Head of Agricultural Development Relations d’une mystérieuse société dénommée SS-GROUPE. La société est d’abord présentée comme Suisse. Ah les Suisses. Cela ne vous rappelle rien ? Glencore. Ceux-là même qui affirment avoir versé 7 milliards Fcfa à des dirigeants camerounais pour l’exploitation du pétrole. Mais revenons au blé et à Mvondo Ayolo.
Lorsque le ministre du Commerce reçoit l’instruction de Mvondo Ayolo de faire acquérir le blé du Cameroun par la société SS-GROUPE, Luc Magloire Mbarga Atangana a directement en souvenir l’épisode turque.
UN IMPOSTEUR
Entre temps, Hafis Ruefli Sandor, très proche de Mvondo Ayolo attend directement un contrat entre lui et l’Etat du Cameroun. Et du cash en plus. Le 20 mai 2022, le ministre du Commerce reçoit sur sa table une « proposition au gouvernement du Cameroun pour l’achat du blé et d’orge ». Hafis Ruefli Sandor, auteur de la proposition souligne : « notre offre porte sur un stock de 26 000 tonnes de blé et d’orge pour le Cameroun pour mi-juin,- la recolte 2022 fin juin et juillet 2022 exclusivement pour le Cameroun donc 125 000 tonnes du blé tendre » Prix de la tonne : 420 euros. Alléchant n’est-ce pas ?
Mais, Luc Magloire Mbarga Atangana voit le mal de loin et décide de reverser la patate chaude aux meuniers. Mbarga Atangana ne veut pas se brûler les doigts. Désormais, SS-GROUPE va discuter avec les particuliers. Problèmes : les meuniers trouvent l’offre de Hafis Ruefli Sandor très alléchante pour être vrai. Comment dans un contexte où même le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres alerte sur la pénurie de blé un fournisseur peut faire la tonne à 420 euros.
Or sur le marché international la tonne de blé oscille déjà entre 530 et 560 euros. De quoi inquiéter et interroger sur la crédibilité du partenaire. Mais il y a plus grave, Hafis Ruefli Sandor est très exigeant. Il dit à qui veut l’entendre qu’il parle au nom du directeur du cabinet civil, Samuel Mvondo Ayolo et qu’il veut avant toute chose 50% cash. « Cet homme est inquiétant et à tout d’un imposteur » fulmine à cet instant un responsable du ministère du commerce.
SLOVAKIE
Mais n’empêche que, Hafis Ruefli Sandor rende régulièrement compte à son partenaire d’affaires, Samuel Mvondo Ayolo. De son côté, Luc Magloire Atangana ouvre ses investigations. C’est alors qu’au ministère du Commerce, l’on va découvrir le pot aux roses : l’entreprise de Hafis Rüefli Sandor s’appellait au départ REAL GLOBALINVEST. Elle était une entreprise basée à Muttenz, dans le canton de Bâle-Campagne, qui a été fondée en 2017 par Hafis Rüefli (Titulaire). Son numéro d'identification UID était le CHE-182.071.389. Elle était active dans le secteur "agences immobilières". REAL GLOBALINVEST a été radiée du registre du commerce en 2017.
C’est-à-dire ni l’individu, ni la société n’ont une expérience dans la livraison du blé ou dans l’agriculture. Ils étaient spécialisés dans l’immobilier. En plus cette société immobilière avait été effacée du registre de commerce en suisse depuis 5 ans. Pour contourner cette mafia et livrer le blé au Cameroun en complicité avec Samuel Mvondo Ayolo, pourtant il n’a aucune expérience dans le domaine, HAFIS Rüefli et sa société Real Globalinvest vont changer de nom et devenir SS-GROUPE, s.r.o. Ce n’est pas tout. L’entreprise désomais basée en Slovakie, pays de l’Europe de l’Est a pour siève social : Rapovce. Rapovce est un petit village de 8 km2 avec moins de 1000 habitants. C’est-à-dire un trou au fin fond de l’Europe.
Les bandits sont au cœur de l’Etat !