Le 18 janvier dernier a eu lieu l’audience du notaire Abdoulaye Harissou et de l’homme d’affaires Aboubakar Siddiki, tous deux accusés de complicité d’assassinat, de détention et port illégal d’armes de guerre, hostilité contre la République et outrage au Président de la République. Ces faits datent de 2014.
L’audience de mardi dernier au tribunal militaire de Yaoundé s’inscrit dans la suite des débats de cette affaire pour laquelle comparaissent les confrères Rodrigue Tongue, Dr Baba Wame et Felix Ebole Bola, poursuivis pour non-dénonciation. Elle a été largement consacrée à la diffusion d’une vidéo.
Il s’agit de l’enregistrement de l’audition d’Aboubakar Siddiki en août 2014. Le Ministère public l’a déposée auprès du président du Tribunal. Il y avait au total quatre CD. Selon le quotidien Le Jour édition du 19 janvier 2017 «ces supports ont été présentés pour qu’ils soient considérés comme pièce à charge contre les accusés».
De façon précise les CD qui ont été remis au Tribunal sont des supports d’audition des accusés à la Direction Générale de la Recherche Extérieure (DGRE). Aussi, leurs écoutes téléphoniques qui ont été interceptées par la DGRE.
Dans la vidéo d’Aboubakar Siddiki qui a été d’abord diffusée en premier, on voit celui-ci assis sur une chaise et «répondant de manière incohérente aux questions à lui posées par un «enquêteur», ajoute le quotidien. «Sauf que la vidéo en question ne montrait ni le lieu où l’enquête se déroule ni la personne qui a auditionné l’accusé», note le journal.
L’on apprend par ailleurs que dans la vidéo, Abdoulaye Harissou relate comment il s’est rendu à Bangui en République Centrafricaine (RCA) en janvier 2013 avec pour objectif d’entrer en contact avec certains rebelles pour déstabiliser le Cameroun. On voit aussi l’accusé prenant connaissance d’un document dénommé «plan de déstabilisation» qu’il voulait remettre aux rebelles.
Après la diffusion de la première vidéo, les conseils de l’accusé ont fait des remarques. «Nous ne voyons pas l’importance de cette vidéo parce qu’elle n’a pas été prise dans les conditions légales. Nous ne savons pas l’identité de la personne qui auditionne Aboubakar Siddiki ni le lieu. En plus nous voyons comment l’enquêteur utilise un ton menaçant afin d’obtenir les réponses de notre client. Au moment où on filmait cette vidéo à la DGRE, notre client était en train de subir les violences physiques et morales. En plus l’enquêteur en question ne lui a pas demandé s’il voulait être assisté par un conseil ou pas. L’accusé a été obligé de réciter les réponses qui proviennent de cette vidéo», a déclaré Me Chantal Edzengte Modo, avocat d’Aboubakar Siddiki.
Les conseils ont demandé aux juges de rejeter ces éléments. L’affaire va reprendre le 10 février prochain.