Actualités of Saturday, 19 March 2016

Source: camer.be

Affaire Koumatéké : Jeanne E .Sogue condamne la dérive du RDPC

Jeanne Edwige SogueJeanne Edwige Sogue

Elle est une femme, mère et épouse. Elle occupe le poste de Membre de la Direction du Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie, Secrétariat à la Communication. Jeanne Edwige Sogue est une militante au sens premier du terme.

Elle lutte pour une Afrique libérée et ses états de services ne se comptent pas. Dans son parti, les femmes ne sont pas là pour inaugurer les chrysanthèmes, elles sont des militants à part entière. Face au drame de l’hôpital laquintinie, elles se sont levées comme un seul homme pour crier au scandale et dire « STOP ». Entretien avec une patriote.
Comment avez-vous vécu l'horreur de l’hôpital Laquintinie en tant que femme et mère ?

Au lendemain de la célébration de la 31 ème édition de la journée internationale des droits de femme, je ne peux être qu’écœurée par la manière macabre dont le non accès aux soins de santé, en plus dans un hôpital publique, entraine une femme enceinte et ses deux (2) enfants à la mort.

Lorsqu’on sait que ce genre de cas est une légion dans nos hôpitaux aussi bien pour les femmes que pour les autres catégories sociales, l’on peut très bien comprendre qu’il se pose un problème sérieux de santé publique au Cameroun. Le budget du Ministère de la santé publique est le deuxième après celui de la défense ? Malgré cela, les camerounais ne sont pas à l’abri des problèmes de santé.

On observe ainsi dans nos hôpitaux publics de mauvaises conditions de travail, un investissement logistique insuffisant et même inexistant en matière d’approvisionnement de médicaments. Pire encore le patient doit subir les frustrations d’un personnel démotivé et mal formé à l’accueil.

Et pour couronner le tout, la gangrène de la corruption a infecté le système sanitaire à tous les niveaux. Malheureusement, tout ceci n’est que l’aboutissement des choix anti ­patriotiques et anti ­ populaires faits depuis les indépendances.

En dehors des membres de la famille de la défunte, on n'a pas vu une organisation de femmes se lever pour dénoncer cette négligence qui a couté la vie à Monique Koumatéké et ses deux enfants.

Certes, mais la marche pacifique organisée à cet effet le dimanche 13 mars a été marquée par une présence massive de femmes. Il faudrait aussi noter que la revendication de la résolution des problèmes sociaux comme celui que suscite le cas Koumatéké ne devrait pas être le combat d’une organisation féministe mais plutôt féminine.

Une organisation de femmes qui ne s’impliquerait que dans la défense des droits de la femme, ce serait vraiment simplifier l’impact que l’émancipation de la femme pourrait avoir dans la résolution des problèmes sociaux de tout ordre.

D’où l’importance de la promotion de regroupement de femmes formées, conscientes non seulement des problèmes réels de femmes ? Mais aussi de leur interconnexion avec les autres problèmes de la société. Ceci favorisera la formation d’un vaste mouvement de pression féminine nationale voire panafricaine.

Vous êtes une femme politique militante du Manidem. Quelle est la position de l’organisation des femmes de votre parti ?

Tout d’abord, le MANIDEM n’a pas d’organisation féminine pour chanter et danser pendant que les hommes font de la politique. Les femmes sont des militantes à part entière. C’est d’ailleurs pour cela qu’au Manidem,vous entendrez souvent parler d’ « intelligence collective ». Les femmes ne parviendront réellement à sortir du joug des fléaux qui minent leur catégorie sociale qu’en constituant des organisations politiques féminines ?

Pour mieux résoudre leurs problèmes sans compter sur une institution étatique ou ministérielle.
Un exemple, dans l’histoire camerounaise le montre très bien : l’UDEFEC ­ Union démocratique des femmes Camerounaise– c’était une organisation politique féminine (et non féministe) alliée à l’UPC des Um NYOBE. Et non une organisation féminine upéciste.

Quelle action entendez-vous mener pour l'émancipation de la femme ? Quelle action entendez-vous mener pour que la lumière soit faite sur le drame de l'hôpital Laquintinie ?

Les femmes doivent s’organiser et prendre leur destin en main, dans le cadre de la lutte générale contre l’oppression et la mal vie. C’est seulement comme cela qu’elles pourront influer sur ces politiques qui relèguent la femme au second rang. C’est là le principe de base du Manidem, et nous travaillons dans ce sens.

Le Manidem a toujours été le porte étendard de la plupart des luttes sociales au Kamerun. Ceci dit, nous ne pouvons que manifester notre solidarité auprès de toute mobilisation en faveur de l’élucidation de l’affaire Koumatéké ? Cela a été le cas durant la manifestation pacifique de la société civile qui a eu lieu le dimanche 13 mars 2016 devant l’hôpital Laquintinie à Douala. A côté de ça, le Bureau Politique du Manidem a rendu publique une Déclaration sur le scandale de Laquintinie.

Dans cette Déclaration, nous condamnons la dérive cynique du régime Rdpc, tout en demandant la démission du Ministre de la Santé Publique Mama Fouda, les poursuites judiciaires du Directeur dudit hôpital et du personnel impliqué dans ce crime odieux.

En outre, nous continuons de suivre ce dossier avec d’autres forces politiques et sociales.

Toutefois, ce qui importe dans ce scandale de la Laquintinie, c’est d’en tirer les conséquences et de poser les problèmes fondamentaux de la prise en charge médicale au Cameroun.

Surtout pour les couches démunies. A cet effet, depuis 2004, le Manidem à travers son candidat à l’élection présidentielle, Georges Anicet EKANE, a proposé l’AMU (Assurance Médicale Universelle). Proposition qu’on retrouve d’ailleurs dans notre programme politique, économique: le TRANSIPEC (Transition Politique, Economique et Culturel). L’AMU (Assurance Médicale Universelle) est une prise en charge médicale dans les formations sanitaires publiques, de tous ceux qui vivent au Cameroun.

Elle repose sur un financement tripartite. En effet, les dépenses de la santé au Cameroun sont de l’ordre de 900 milliards. Ces dépenses seront couvertes de façon tripartite par les patients, les entreprises et le gouvernement. Pour les patients, il sera institué une participation de 1000 fcfa/habitant et par mois.

Sur la base de 25 000 000 d’habitants * 12 mois ça donne 300 milliards. Et les 600 milliards restant seront repartis à part égale entre les entreprises et le gouvernement. L’AMU favorisera ainsi l’accès non seulement aux soins mais aussi aux médicaments pour tous les Camerounais. Elle réduira aussi les dépenses de santé car les Camerounais iront plus vite à l’hôpital. Elle doit être gérée par un organisme représentant ces trois (3) entités.

Nous exhortons ainsi le gouvernement à être pour une fois lucide, et de profiter de ce énième drame pour mener une réflexion collégiale faisant appel à un certain nombre de ressources humaines qui ont mené des travaux sur la santé publique, afin que nous puissions offrir au Camerounais la prise en charge médicale dont ils ont tant besoin et dont mérite le pays des Um Nyobe, Ernest Ouandie, Félix Moumie...