Le ministère camerounais de la Défense a annoncé, ce 25 octobre 2024, l’ouverture d’une enquête suite à la diffusion d’une vidéo montrant des scènes de torture infligées au chanteur Longkana Agno Simon, alias Longuè Longuè, par des éléments de la Sécurité militaire (Semil) à Douala. Cette annonce a été faite dans un communiqué signé par le capitaine de Corvette Joseph Cyrille Atonfact, chef de division de la communication au ministère de la Défense.
« Dans la matinée du mercredi 23 octobre 2024, est apparue sur les réseaux sociaux un vidéogramme devenu viral présentant une scène de violences infligées à l’artiste musicien Longkana Agno Simon dit Longuè Longuè. La victime impute ces violences à des éléments de l’Antenne Sécurité Militaire du Littoral, Garnison de Douala, Deuxième Région Militaire Interarmées. Informé de ces faits, le Ministre Délégué à la Présidence chargé de la Défense a immédiatement prescrit l’ouverture d’une enquête par ses services spécialisés », peut-on lire dans le communiqué.
Le document conclut en affirmant que « toute la lumière sera faite sur cette regrettable affaire. Les responsabilités seront établies et les conséquences tirées en fonction des résultats de l’enquête, conformément aux lois et règlements en vigueur. »
Cependant, malgré cette annonce officielle, de nombreux observateurs restent sceptiques quant à la réelle issue de cette enquête. En effet, la Semil et son personnel jouissent d'une réputation d'intouchables, tant dans l'opinion publique que dans les rangs de l'armée. Plusieurs voix s’élèvent déjà pour exprimer des doutes quant à l’objectivité de cette enquête.
« Il ne faut pas s’attendre à grand-chose. L’enquête a de fortes chances d’être biaisée, puisque le Colonel Benard Mbu Tabala, qui était alors chef d’antenne Semil à Douala, est réputé être proche du Colonel Joël Émile Bamkoui, chef de division de la Semil au ministère de la Défense. Au final, quelques subalternes pourraient être sacrifiés, mais les véritables responsables seront protégés », déclare un officier sous anonymat.
Un autre analyste, également sous anonymat, abonde dans le même sens : « La Semil a pour vocation d’intimider et de torturer pour obtenir des aveux ou régler des comptes. Je doute fortement que des sanctions soient prises contre ceux qui ont simplement exécuté ce qu'ils font d’habitude. »