Dans une interview poignante accordée à TV5 Monde, Longue Longue, figure emblématique de la musique engagée camerounaise, a révélé les tortures qu’il a subies en 2019, accusant nommément deux hauts gradés de l’armée.
Le chanteur, connu pour ses positions tranchées sur des sujets politiques et sociaux, a pointé du doigt le colonel Émile Bamkoui et le lieutenant-colonel Bernard Mbu Tabala, les tenant pour responsables des sévices qu'il a endurés il y a cinq ans.
« Le colonel Émile Bamkoui et le lieutenant-colonel Tabala doivent être déshabillés », a exigé Longue Longue, réclamant des sanctions sévères à l’encontre de ces responsables militaires, qu’il accuse d’avoir orchestré ces actes inhumains.
Il faut dire que la déclaration de l’artiste est survenue après que la vidéo des tortures qu’il a subies a été rendue publique, provoquant une onde de choc au Cameroun.
L'artiste a raconté comment cette vidéo, restée cachée pendant des années, lui a finalement été envoyée depuis les États-Unis.
« Quelqu’un m’a appelé et m’a dit : ‘J’ai ta vidéo’. J’avais prévu de la publier, mais des menaces ont commencé à affluer. Je suis soulagé parce que justice sera faite. Cette vidéo va libérer tous ceux qui sont victimes d’injustice au Cameroun », a-t-il déclaré, ajoutant que ses positions politiques, notamment son soutien à Maurice Kamto après l’élection présidentielle de 2018, auraient motivé ces attaques contre lui.
Cette révélation a suscité de vives réactions dans l’opinion publique, au moment où les questions de liberté d'expression et de droits de l'homme restent des sujets sensibles au Cameroun. Si le ministre de la Défense a annoncé l'ouverture d'une enquête, Longue Longue se montre sceptique mais espère tout de même un dénouement positif.
« J’attends que justice soit faite. Chaque fois qu’on ouvre des enquêtes au Cameroun, cela n’aboutit à rien, mais cette fois-ci, j’ai espoir parce que je suis en Europe », a-t-il ajouté.
L’auteur de « Ayo Africa », qui se décrit comme « l’Ambassadeur des causes sociales », est aujourd’hui soutenu par de nombreuses voix au Cameroun et dans la diaspora. « Aujourd’hui, tout le monde m’encourage. Certains me disent : ‘Excuse-nous, on ne te croyait pas quand tu disais qu’on t’avait torturé’ », a-t-il confié, tout en exprimant ses craintes quant à un éventuel retour au pays. « J’ai peur de retourner au Cameroun. Je ne compte pas rentrer. J’ai enlevé le Cameroun de mon programme », a conclu Longue Longue, laissant entendre qu'il pourrait prolonger son exil en Europe.