Le patron de la DGRE Maxime Eko Eko serait-il complètement étranger à l’affaire d’assassinat du journaliste Martinez Zogo ? C’est ce que semble indiquer le rapport de l’enquête préliminaire que le magazine Jeune Afrique a pu consulter.
D’après le document, le chef de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE) était dans son village où il préparait le mariage de sa fille quand il apprit la mort de Martinez Zogo. Il débarque à Yaoundé et procède dans la foulée à l’arrestation des premiers suspects. Convoqué par la suite par les enquêteurs il fut surpris d’apprendre qu’il devrait subir à son tour un interrogatoire sur instruction du président de la République. Ses tentatives de contacter le secrétaire général de la présidence et le ministre de la défense ont été vaines.


Au cours des auditions les déclarations des principaux suspects semblent blanchir l’ancien chef de la DGRE. Amougou Belinga présenté dans la presse comme l’un des commanditaires de l’opération confie n’avoir aucune relation particulière avec Eko Eko. Il garde d’ailleurs en souvenir une conversation téléphonique avec le patron de la DGRE qu’il n’a pas apprécié.

« Je l’ai appelé une fois pour l’inviter à l’anniversaire d’un ami qui est son collègue de la police. Mais il m’a répondu sèchement au téléphone. Je ne l’ai plus jamais contacté », confie Amougou Belinga.

La secrétaire d’Amougou Belinga

Le lieutenant-colonel Justin Danwé présenté comme le chef du commmando qui a torturé Martinez Zogo n’a pas facilité les choses aux enquêteurs. A chacune de ses auditions, il changeait de version. Il a cependant tenu des propos qui ont été corroborés par d’autres personnes auditionnées.
C’est le cas par exemple du mobile du crime. Dans l’une de ses auditions, le lieutenant-colonel Danwe a expliqué aux enquêteurs avoir mené l’opération en contrepartie d’un crédit qu’il souhaitait obtenir. Après le forfait, Amougou Belinga devrait plaider son cas auprès du ministre des finances qui par ailleurs fait partie de ses connaissances.

« Le patron du groupe L’Anecdote confirme aussi avoir discuté avec Justin Danwe au sujet de l’avance de solde auprès des services du ministère des Finances. Il ajoute que le militaire a « demandé à obtenir un crédit » à travers son établissement financier Vision Finances. », écrit Jeune Afrique.

Danwe a également déclaré s’être rendu au bureau d’Amougou Belinga le lendemain pour lui transférer la vidéo du crime. D’après Jeune Afrique, la secrétaire du patron du groupe l’Anecdote a confirmé la présence de Danwé ce jour dans les locaux du groupe.

« Interrogée sur la question, la secrétaire d’Amougou Belinga confirme dans sa déposition que Danwe s’est bien présenté à l’immeuble Ekang à la date mentionnée. Elle ajoute qu’il y a effectivement eu un échange de vidéo mais affirme en ignorer la nature et le contenu. La quête de ce téléphone fait partie des raisons des multiples descentes menées par les enquêteurs dans les bureaux d’Amougou Belinga à l’immeuble Ekang. Mais cet appareil, qui pourrait disculper certains suspects, n’a toujours pas été retrouvé », écrit le journal.