La soirée du vendredi 3 mars 2023, jusqu’au petit matin de samedi, aura particulièrement été longue pour Jean Pierre Amougou Belinga et ses compagnons d’infortune gardés à vue dans l’affaire de l’assassinat de Martinez Zogo. Au finish, le Pdg du groupe l’Anecdote, Léopold Maxime Eko Eko (Dg de la Dgre), le lieutenant-colonel Justin Danwe et une dizaine des membres de son commando ont été inculpés par le tribunal militaire de Yaoundé. Ceci, parce que, après une longue enquête qui aura duré des semaines entières, les fins limiers de la commission d’enquête mixte police-gendarmerie, auront finalement trouvé que ceux-ci ont joué un rôle plus ou moins important dans l’enlèvement suivi des abominables séances de torture du journaliste Martinez Zogo.
En d’autres termes, Jean Pierre Amougou Belinga et Cie sont aujourd’hui mis en cause dans la procédure d’instruction ouverte à la suite de l’assassinat du journaliste d’Amplitude Fm. Une fois inculpé, c’est à la prison principale de Kondengui qu’ils ont tous été conduits sous bonne escorte au petit matin de samedi dernier. Menotté, babouches aux pieds, assis à même le sol, pendant qu'on remplissait les formalités administratives, Jean Pierre Amougou Belinga, indiquent nos sources, aurait particulièrement marqué la gardienne de prison de service chargée de l’accueil des prévenus. « Passe ici, comme tu es milliardaire, tu vas bien payer les droits de prison, sinon je vais t'envoyer laver les cacas », aurait-elle balancé au truculent roitelet indigène de Nkoumadjap. Ainsi, à ses dépens, ce dernier finit par comprendre qu’ici-bas, le seul homme tout puissant c'est Dieu… Toutefois, apprend-on de bonnes sources, tout n’aura pourtant pas été facile pour le jeune commissaire du gouvernement, Belinga Cerlin. On parle notamment des pressions diverses subies par ce magistrat. Et surtout de cet activisme débordant d’un très proche collaborateur du chef de l’Etat dont nous taisons volontiers le nom pour le moment. Selon nos sources en très haut lieu, celui-ci aurait fait feu de tout bois jusqu’à la dernière minute, pour obtenir, par tous les moyens possibles, la libération de tous les suspects.
Particulièrement la libération de Jean Pierre Amougou Belinga. Plus grave, il serait allé jusqu’à exciper un faux masque du président Paul Biya, en faisant croire au magistrat militaire que ce dernier a illico presto ordonné la mise en liberté des suspects incarcérés dans cette scabreuse affaire de l’assassinat de Martinez Zogo. En effet, selon des indiscrétions glanées à très bonnes sources, c’est dans cette optique que ledit proche collaborateur du chef de l’Etat aurait personnellement reçu en privé, le magistrat du tribunal militaire de Yaoundé. Dieu merci, nos informateurs sous anonymat, confient que cette information n’a pas du tout échappé à la vigilance des hauts responsables des forces de défense qui suivaient particulièrement ce dossier pour le respect scrupuleux des très hautes directives présidentielles. A savoir : faire toute la lumière sur l’assassinat de Martinez Zogo.
DEGRE D’IMPLICATION
Pour la petite histoire, il convient déjà de rappeler que les bretelles avaient déjà été remontées par le chef de l’Etat, himself, à ce proche collaborateur dont l’activisme laissait songeur, il y a quelques mois, dans le feuilleton à rebondissements Laurent Esso-Ferdinand Ngoh Ngoh. « Pourquoi vous vous investissez tant dans cette affaire ? », avait-il fini par lui demander le chef de l’Etat courant octobre 2022. A l’époque, le ministre d’Etat, ministre de la Justice, Garde des Sceaux, avait décerné un mandat d’amener contre le ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République. On pourrait reposer la même question aujourd’hui au même proche collaborateur du chef de l’Etat… En d’autres termes : « pourquoi vous vous êtes tant investi pour la libération des suspects auditionnés dans l’affaire de l’assassinat de Martinez Zogo ? » Pourtant, le communiqué du 2 février 2023 de Ferdinand Ngoh Ngoh affiche à suffisance toute la détermination du chef de l’Etat à ce que lumière soit faite sur ce crime odieux et crapuleux du journaliste d’Amplitude Fm.
A titre de rappel, voici ce communiqué dans son intégralité : « Le ministre d’Etat secrétaire général de la présidence de la République porte à la connaissance de l’opinion publique qu’en exécution des très hautes instructions du président de la République, Son excellence Paul Biya, une commission d’enquête mixte gendarmerie-police, a été mise sur pied, afin de faire la lumière sur l’assassinat du journaliste Arsène Salomon Mbani Zogo alias Martinez Zogo. Les investigations menées dans ce cadre ont à ce jour permis l’arrestation de plusieurs personnes dont l’implication dans ce crime odieux est fortement suspectée. D’autres restent à rechercher. Les auditions en cours et les procédures judicaires qui s’en suivront permettront de circonscrire le degré d’implication des uns et des autres et d’établir l’identité de toutes les personnes mêlées à un titre ou à un autre à l’assassinat de Martinez Zogo.
En cette circonstance tragique, le chef de l’Etat souhaite rendre un hommage appuyé au regretté journaliste Martinez Zogo et redire son soutien à toute la profession. Il réitère à la famille du défunt ses condoléances les plus attristées et l’assurer de la compassion de la Nation toute entière. Le président de la République réaffirme sa détermination à continuer, avec le gouvernement, ainsi les Camerounaises et les Camerounais de bonne volonté, son combat en faveur de la démocratie, des droits de l’Homme, de la bonne gouvernance et du progrès. »
SOULAGEMENT
Si depuis samedi dernier un soulagement est perceptible dans l’opinion publique, de nombreux analystes estiment que le clan maffieux, aujourd’hui aux abois, avait déjà atteint un niveau de puissance inégalée. Ceci, à travers ses multiples ramifications tentaculaires et insoupçonnées au point où ses parrains et gourous s’étaient déjà crus intouchables.
Ces analystes se souviennent par exemple qu’à travers ses enregistrements audio des conversations de certaines hautes personnalités de la République, le nom qu’Amougou Belinga y a régulièrement scandé, c’est celui de Laurent Esso, le « Cœur du pays ». Comble d’ironie : Amougou Belinga est aujourd’hui en prison, alors que c’est Laurent Esso qui trône imperturbablement encore à la tête du ministère de la Justice. Pour ces analystes, la caricature est claire. A savoir : Laurent Esso a beau être le « Cœur du pays », mais ce pays a encore à sa tête, un seul président de la République. Et c’est Paul Biya… Pour d’autres observateurs, du fond de sa cellule, Jean Pierre Amougou Belinga qui aura passé le clair de son temps à envoyer des gens en prison, visualiserait dans sa tête, le film implacable de son propre karma.Avec pour acteurs principaux : Gilbert Baongla, David Eboutou, Patrick Sapack, Gilbert Avang ou encore Basile Atangana Kouna. Pour le cas précis de cet ancien ministre, nos sources indiquent à cet effet que c’est lui, Jean Pierre Amougou Belinga, qui a de tout temps été au cœur de ses déboires judiciaires. Des langues médisantes qui se délient aujourd’hui, l’on apprend par exemple que c’est lui qui aurait exigé, après sa sortie de prison, à l’ancien Minee, BasileAtangana Kouna, en contrepartie du déblocage de ses comptes bancaires, la moitié de ses contenus. Aux dernières nouvelles, Jean Pierre Amougou Belinga et Léopold Maxime Eko Eko se sont déjà mis dans la peau des prisonniers de luxe. Ils ont ainsi refusé de dormir sur les lits normaux de la prison.
Selon certaines indiscrétions, l’on apprend que le roitelet indigène de Nkoumadjap aurait fait appeler son mentor attitré qui a immédiatement intimé l’ordre au pauvre régisseur d’autoriser à Amougou Belinga et à Eko Eko de se doter de grands lits, de grands matelas, de téléviseurs écrans plats, de climatiseurs, de réfrigérateurs et de reconstruire à leur guise leurs chambres. Du grand luxe en pleine prison. Des privilèges que n’avaient pas du tout bénéficiés à leur époque, les Marafa Hamidou Yaya, Thomas Inoni Ephraïm, Polycape Abah Abah, Urbain OlanguenaAwono, Jean MarieAtangana Mebara. Mais tout compte fait, la prison reste et demeure la prison.