Lors de la 12e audience de l'affaire Martinez Zogo, le lundi 2 décembre 2024, les avocats de Jean Pierre Amougou Belinga et de Maxime Léopold Eko Eko ont réclamé l'abandon des charges retenues contre leurs clients, accusés dans le meurtre du journaliste. S’appuyant sur des documents présentés comme des ordonnances de libération, les avocats de la défense estiment que les deux hommes doivent être remis en liberté.
Les défenseurs des deux personnalités de haut rang ont ressorti une ordonnance de mise en liberté qui, selon eux, aurait été signée il y a un an par le juge d'instruction Sikati Kamwo, alors vice-président du tribunal militaire de Yaoundé. Ce document, datant du 1er décembre 2023, ordonnait la libération immédiate de Jean Pierre Amougou Belinga, homme d’affaires influent, et de Maxime Léopold Eko Eko, ancien directeur général de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE), l’unité d’espionnage militaire camerounaise.
Le document référencé n°080/OR/CI/SIK/YMY, censé ordonner leur libération, a été remis en cause quelques heures après son émergence publique. En effet, un deuxième document signé par le même magistrat, Sikati Kamwo, est rapidement apparu, qualifiant l'ordonnance de libération de « faux ». Cette contradiction a semé la confusion et alimente désormais les débats dans cette affaire complexe.
Pour les avocats de la défense, ces documents sont authentiques. Me Josiane Florence Ngoumou, qui représente Maxime Eko Eko, a affirmé que l'ordonnance de libération lui avait été remise par le greffier du tribunal, Jean Didier Nkoa, avant qu'il ne la retire mystérieusement après un appel téléphonique qu’elle décrit comme suspect. Ce retrait soudain de l'ordonnance a ajouté un voile d’opacité sur le déroulement de l’affaire, exacerbant les tensions autour du dossier.
La controverse du 1er décembre 2023 a provoqué des mouvements administratifs rapides au sein du tribunal. Le juge Sikati Kamwo a été transféré dans la région du Nord peu après ces événements et a perdu sa fonction de vice-président du tribunal militaire. Jean Didier Nkoa, le greffier impliqué, a été brièvement détenu sans explication avant d’être relâché. Ces manœuvres, perçues comme des tentatives de dissimulation, ont renforcé le sentiment de manque de transparence dans la gestion de cette affaire.
Les récents développements, notamment le recours aux documents contradictoires par la défense, ont conduit le tribunal à ajourner l’audience au 23 décembre 2024. Cette date est désormais très attendue, car elle pourrait marquer un tournant décisif dans l’affaire qui secoue le Cameroun depuis près de deux ans. Les avocats des deux principaux accusés espèrent que leurs arguments conduiront à l’abandon des charges, mettant ainsi un terme à cette affaire judiciaire de grande envergure.
En rappel, Jean Pierre Amougou Belinga et Maxime Eko Eko font partie des 17 personnes accusées du meurtre brutal du journaliste Martinez Zogo, survenu en janvier 2023.