Dans l'ombre du scandale Mbapou, un conflit interne d’une rare intensité a éclaté au sein de l'appareil sécuritaire camerounais, opposant deux hauts gradés de l'armée. Le Colonel Émile Joël Bamkoui, chef de la Sécurité militaire (Semil), et son adjoint, le Lieutenant-colonel Hervé Béranger Samnick, se livrent une bataille sans merci dans ce qui s’apparente à une lutte de pouvoir au cœur de l’affaire Jean Gakam.
Tout commence avec l’ouverture d’une enquête ordonnée par le ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo, en juillet 2024, visant à éclaircir le rôle présumé du banquier Jean Gakam dans un réseau de corruption et de blanchiment d’argent. Ce dernier est accusé de financement de groupes armés séparatistes dans les régions anglophones du Cameroun, un dossier explosif qui a déjà ébranlé plusieurs hauts responsables de l'armée.
C’est dans ce contexte que le Lieutenant-colonel Samnick, commandant adjoint de la Semil, est chargé d'interpeller Alain Ekassi, l'un des informateurs-clés de l'enquête, qui avait initialement dénoncé Jean Gakam. Mais l’arrestation d’Ekassi tourne rapidement à la controverse lorsque ce dernier accuse les forces de sécurité de brutalités à son encontre. Selon ses dires, il aurait été torturé et retenu dans des conditions inhumaines. Ces allégations fragilisent la position de Samnick, déjà mis en cause par des rumeurs sur son rôle présumé dans la tentative d’étouffement du dossier Gakam.
C'est alors que la tension monte d’un cran. Lors d'une perquisition menée chez Ekassi, ses téléphones sont saisis, mais les informations obtenues lors de son interrogatoire sont jugées peu fiables. Le Colonel Bamkoui, chef de la Semil et supérieur direct de Samnick, décide d’intervenir. Constatant l'état physique alarmant d'Alain Ekassi, Bamkoui ne tarde pas à accuser Samnick d’avoir orchestré ces sévices dans le but d’obtenir des aveux.
Une confrontation directe éclate entre les deux officiers. Le Colonel Bamkoui reproche à son adjoint d’avoir déshonoré l’armée par ces méthodes et d’être impliqué dans un réseau de corruption couvrant Jean Gakam. Samnick, de son côté, contre-attaque, accusant Bamkoui de vouloir manipuler l'enquête à son avantage et de protéger certains hauts gradés dont les noms circulent dans l’affaire. L’altercation est publique, et les divisions au sein de la Sécurité militaire éclatent au grand jour.
Ce bras de fer révèle les fractures profondes au sein des forces de sécurité camerounaises. La querelle entre Bamkoui et Samnick ne se limite pas à un simple désaccord opérationnel, mais semble s’inscrire dans une lutte d’influence plus vaste, où chaque camp cherche à sauver sa réputation dans une affaire de plus en plus embarrassante pour l'armée. Le Colonel Bamkoui, réputé pour sa rigueur et son franc-parler, aurait vu dans cette affaire une opportunité de rétablir l'intégrité de l'institution militaire, tandis que son adjoint Samnick est accusé de faire partie des officiers compromis.
Pour calmer les esprits, Bamkoui ordonne finalement la libération d’Alain Ekassi et rédige un rapport circonstancié à l’attention du ministre de la Défense, mettant en cause Samnick et d'autres officiers de la Semil. Mais ce n’est que le début d'une enquête beaucoup plus vaste, qui pourrait bien provoquer de nouveaux remous au sein de l’armée camerounaise.
Pour l'heure, Jean Gakam est en fuite et que l'affaire Mbapou continue de faire des vagues et la querelle entre Bamkoui et Samnick est juste une conséquence directe de cette affaire. répercussions sur l’appareil sécuritaire du Cameroun.