C’était sa première condamnation. Accusé et reconnu coupable de tentative d’évasion aggravée, Polycarpe Abah Abah avait écopé, le 12 juin 2012, d’une peine de 6 ans de prison infligée par le Tribunal de première instance d’Ekounou (Yaoundé).
Ses avocats ont fait appel de cette décision. Le procès devant la Cour d’appel du Centre a connu quelques incidents. Les juges qui connaissent du dossier sont récusés par Abah Abah.
L’ancien ministre les soupçonne de « partialité » et demandent que de nouveaux juges soient affectés à cette affaire. Le président de la Cour d’appel du Centre, Emmanuel Arroye, à qui la requête en récusation est adressée refuse d’y donner une suite favorable.
La collégialité de départ reste donc en place. Plus tard, Abah Abah tombe malade. Il est dans l’incapacité de se présenter à la barre. Ses avocats produisent un certificat médical à l’audience. Celui-ci est rejeté par les juges. Abah Abah est jugé en son absence (cette même Cour d’appel avait déjà produit un tel scénario lors de l’affaire Atangana Mebara où l’ancien Sg/Pr a écopé de 15 ans de prison après avoir été acquitté en instance).
Dans ses réquisitions rendues il y a deux semaines, l’avocat général qui mène l’accusation a demandé la confirmation de la décision de condamnation prononcée par le Tribunal de première instance d’Ekounou.
Le verdict de la Cour d’appel du Centre est attendu ce jour. Est-il allé récupérer son déjeuner ou a-t-il tenté de s’évader ? L’ex-ministre des Finances, incarcéré depuis mars 2008 pour « détournement de fonds publics » est interpellé le vendredi 11 mai 2012 à son domicile d’Odza puis placé en détention à la direction de la police Judiciaire.
Cette histoire commence par une visite médicale autorisée sous escorte chez le dentiste vendredi, 11 mai 2012. Polycarpe Abah Abah et ses geôliers arrivent après l’heure du rendez-vous et ne peuvent être reçus à la clinique dentaire adventiste située en face de « Calafatas » où ils s’étaient rendus.
C’est alors que sur le chemin retour vers la prison de Kondengui où il était incarcéré avant d’être transféré au Sed, l’ancien ministre décide de faire un crochet par son domicile.
Selon l’accusé, pour récupérer le colis alimentaire que lui livre d’ordinaire son épouse Caroline, pour tenter de s’évader, d’après l’accusation. Mais Polycarpe Abah Abah n’aura pas le temps de récupérer le casse-croûte, car, quatre hommes cagoulés en civil et armés sont arrivés chez lui, et l’ont embarqué manu militari.
Ses proches ne retrouveront sa trace que des heures après à la direction de la police Judiciaire où Abah Abah a passé la nuit avec ses quatre geôliers. Inculpé, en instance il est jugé et condamné au bout d’un mois. Cette affaire portera à quatre, du moins jusqu’ici, le nombre de procès intenté contre l’ancien argentier du Cameroun. Ses avocats dénoncent le rouleau compresseur.