Le tout puissant patron de la police camerounaise a été humilié par le rappeur engagé Valséro, qui a réussi à le faire convoquer devant un juge. Selon Wilfried Ekanga, le commissaire divisionnaire Martin Mbarga Nguélé a été traîné dans la boue par un simple citoyen.
Après un premier procès au cours duquel le patron de la police a brillé par son absence, il y a eu un autre quelques jours plus tôt, où il a été représenté par plusieurs commissaires et officiers de police en fonction au DGSN.
Ce qu'il faut retenir de ce procès à travers cette tribune de Wilfried Ekanga.
"Dans l'Univers, il existe certaines vérités mathématiques que nul ne peut nier. Ces vérités sont appelées des « axiomes », c'est-à-dire des choses tellement évidentes qu'on n'a même pas besoin de débattre dessus. Par exemple, si je dis : « Deux droites parallèles ne se touchent jamais », c'est un fait; c'est une réalité; bref, c'est un axiome.
Au Cameroun, l'axiome le plus incontestable concerne la profonde médiocrité de la gouvernance de Biya en 41 ans. En regardant certains débats à la télévision, je me demande même comment font les gens pour discuter d'une chose qui ne se discute pas. En 2022, le Cameroun figurait à la 142eme place (sur 180) en matière d'indice de confiance. Ce qui signifie que c'est un État dirigé par un cartel corrompu qui excelle dans le faux et le banditisme administratif. C'est un classement certifié par Transparency International, le vrai, pas celui que Paul Atanga Nji avait fabriqué de toutes pièces en 2018 pour légitimer la fraude électorale.
Vous voyez ? Je viens à peine de commencer à parler du Cameroun, et on a déjà deux cas d'escroquerie indiscutable. C'est donc ça un axiome.
C'est comme quand je dis qu'Oswald Baboke a récemment utilisé la page Facebook de Paul Biya pour faire la promotion de l'album de sa fille, en lui fabriquant un mariage fictif. C'est encore un axiome ; et ça nous fait deux autres cas de vampirisme d'État, le tout dans une seule phrase !
MBARGA DANS LA BOUE
Parce qu'il a dit que Paul Biya est un dirigeant médiocre au bilan inexistant, donc, parce qu'il a simplement rappelé un axiome mathématique, Papa Valsero s'est vu priver de passeport par Martin Mbarga Nguele, le Délégué Général à la Sûreté Nationale. Comme tous les vieillards (il a 89 ans) qui ont grandi dans le "Moulinex" de la colonisation et de la gouvernance villageoise, Mbarga est persuadé que le Cameroun est une bananeraie qui appartient à Paul Biya, et que par conséquent, il peut outrepasser la loi pour régler ses comptes personnels. En résumé, lorsqu'une personne vous énerve parce qu'elle vous critique, vous pouvez utiliser les moyens de l'État, financés par l'argent public, pour la priver de ses droits. Et vous n'avez bien sûr aucun compte à rendre.
Et on s'étonne d'être 142eme sur 180. (Classement d'ailleurs à revoir, pour 2023 !)
Ce qui me plaît avec ceux qui nous disent : « Cessez de parler mal du Cameroun », car apparemment, « tout n'est pas mauvais au pays », c'est que ce sont les mêmes qui reviennent juste après pour nous confirmer que « Si tu tentes un peu de mettre les pieds ici tu vas lire l'heure ». Ce sont eux qui ajoutent : « Bien fait pour lui ! », quand on leur rappelle que Papa n'a toujours pas son passeport alors que toutes les formalités d'obtention ont été remplies auprès de l'ambassade du Cameroun en Italie. Donc en gros, vous n'aimez pas qu'on dise que notre pays est gouverné par des voyous, tout en nous rappelant vous-mêmes que le régime a des attitudes de voyous qui assassinent et muselent leurs adversaires politiques. C'est comme si tu disais que le NOSO est un paradis sur Terre, et que tu refusais en même temps d'y être transféré. En matière de folie, la coupe est pleine !
On appelle cela le Wamakoulisme ; une sorte de syphilis mentale typiquement camerounaise.
Sans doute parce qu'il est né à une époque où les dinosaures vivaient encore, Mbarga Nguele ne regarde pas la télévision ; il n'est donc pas au courant qu'au Gabon voisin, ceux qui jadis condamnaient leurs concitoyens à l'exil et les empêchaient de se faire entendre face à l'injustice, sont les mêmes qui aujourd'hui demandent à la Terre entière de faire du bruit pour leur cause. D'ailleurs, manifestement, il a même oublié là où se trouve actuellement son prédécesseur, un certain Edgar Alain Mebe Ngo'o. Voilà pourquoi il continue de penser en plein XXIe siècle que le pouvoir est une donnée éternelle, et qu'il pourra toujours s'en sortir indemne face aux plaintes déposées par Papa. Dans sa tête résonne la même phrase que chez la petite secte de tribalistes de Sangmelima conduite par le Ministre du Tribalisme Supérieur, Jacques Famé Ndongo : « Ahka, nous avons le pouvoir ; on peut nous faire quoi ?»
Dommage pour lui, le pouvoir n'est pas comme votre enfant qui, quoiqu'il arrive, restera votre enfant ; au contraire, le pouvoir est comme votre épouse qui, non seulement peut vous quitter, mais surtout peut vous quitter au moment où vous vous y attendez le moins.
Mais pour comprendre cet autre axiome, il faut être intelligent. Donc, je comprends qu'il ne comprenne pas.
EN BREF :
« Les heures les plus proches de l'aurore sont sombres de la nuit », comme dirait l'autre. La veille même de sa chute, le 31 octobre 2014, Blaise Compaoré, l'assassin de Sankara, était encore persuadé que le lendemain serait un jour comme un autre. De même, le 29 août 2023, Ali Bongo était convaincu que la journée du 30 serait une journée ordinaire dans son quotidien de roi des Gabonais. Ici on a Mbarga, l'homme de boue qui se croit debout, qui continue de se convaincre que les procédures en cours contre lui ne sont que du vent, et que Valsero lâchera prise. Le jour où il remettra enfin son passeport à Papa, il se demandera lui-même comment il a pu perdre ce combat, du haut de sa toute-puissance ; mieux encore, le jour où il sera lui-même privé de passeport et qu'il demandera de faire du bruit, il se souviendra que 24 heures plus tôt, on l'appelait encore « Excellence ».
À ce propos... On me signale à l'antenne que Macky Sall est très fâché : il ne comprend pas pourquoi le tribunal de Ziguinchor a décidé de réintégrer Ousmane Sonko dans la liste des candidats pour l'élection de février 2024. Je sens qu'en ce début d'année, quelqu'un va encore nous demander de Make some Noise pour lui".