Actualités Criminelles of Tuesday, 26 October 2021

Source: Kalara

Affaire de trafic d'organes: deux chirurgiens visés par une plainte pour 'coups mortels'

Ils sont appelées à répondre, chacun en fonction des suspicions qui pèsent sur lui Ils sont appelées à répondre, chacun en fonction des suspicions qui pèsent sur lui

L’avocat commis par la famille de feu Ayissi Mengue Hilaire a décidé de saisir directement le juge d’instruction pour dénoncer les personnes dont les actes et les négligences sont susceptibles d’avoir entraîné la mort controversée du concerné à l’Hôpital central de Yaoundé. La liste des mis en cause et la teneur des infractions pénales retenues.

Deux précautions valent mieux qu’une. Avocat de la famille de feu Ayissi Mengue Hilaire, le jeune homme qui avait succombé le 19 septembre 2021 à son état de santé à l’Hôpital central de Yaoundé (HCY) à la suite d’une prise en charge plus que controversée. Maître Assira Engouté a décidé de déposer finalement une «plainte avec constitution de partie civile» auprès du juge d’instruction du Tribunal de grande instance (TGI) du Mfoundi (Yaoundé).

Selon les informations exclusives de Kalara, l’avocat est passé à l’acte le 18 octobre dernier, rejoignant le parquet près le TGI du Mfoundi dans le suivi de l’enquête judiciaire souhaitée par la famille du disparu. Jusque-là, presque un mois après la survenance des faits à l’origine du décès de Hilaire Ayissi Mengue, une information judiciaire n’étaient pas officiellement ouverte. L’entrée en scène de l’avocat de la famille a changé le cours des choses.

Arrivée au cabinet du président du TGI du Mfoundi en début de semaine dernière, la plainte de Maître Claude Bernard Assira Engoute a été orientée vers le cabinet de Mme Sanama Ekassi, l’un des vice-présidents de la juridiction. C’est à elle que reviendra, sauf retournement de situation, la responsabilité de conduire l’enquête dans cette affaire naissante.

L’avocat de la famille Ayissi Mengue a décidé de poursuivre aussi bien un certain M. Nguesse Etoug Anderson, auteur du coup de poignard à l’origine de blessure initiale sur le disparu, ainsi que le personnel soignant de l’Hôpital central de Yaoundé, précisément les deux chirurgiens qui avaient successivement opéré M. Ayissi Mengue Hilaire, mais aussi l’une des infirmières qui s’était retrouvée à son chevet de malade.

Selon la plainte de Maître Assira, toutes ces personnes sont appelées à répondre, chacun en fonction des suspicions qui pèsent sur lui, de huit infractions au total

Il s’agit du «port dangereux d’une arme», de «pratique d’activités dangereuses», de «tentative d’homicide» et de «blessures graves», pour le cas de M. Nguesse Etoug Anderson ; de «vol de document administratif» et «coups mortels» pour les Docteurs Noah Biwele et Akaba, les deux chirurgiens. Mme Koah Hortense, infirmière à l’Hôpital central répondra pour ce qui la concerne de «vol» et de «dissimulation de preuves»..

Fosse lombaire gauche

Dans cette affaire tout est parti d’une bagarre, le 10 septembre 2021, au cours de laquelle le jeune Ayissi Mengue Hilaire avait été grièvement blessé dans te dos à l’aide d’un poignard par te nommé Nguesse Etoug Anderson. La blessure créée par le coup de poignard occasionnait à la victime «une blessure grave au niveau de la fosse lombaire gauche». Transporté aussitôt à l’Hôpital central de Yaoundé pour y subir des soins adéquats, Mme Ayissi Mengue subissait des soins facturés à 33 mille francs, notamment pour l’achat des médicaments et pour un examen radiographique.

Ces dépenses effectuées sans la moindre décharge étaient faites par l’entremise de Mme Koa Biba Hortense Clarisse, infirmière à l’hôpital central Compte tenu de l’absence supposée de gravité de la lésion initiale, le blessé quittait le centre hospitalier le lendemain juste avec un pansement que devait suivre Mme Koah Hortense.

Si le malade donnait à sa famille l’impression que sa blessure ne menaçait guère sa vie, ses parents allaient le ramener à l’Hôpital central dès le lundi suivant, au regard de l’enflure constatée au niveau de sa plaie. De nouveaux examens étaient effectués pour des dépenses évaluées à 40 mille francs, toujours sans la moindre quittance.

Et le 14 septembre 2021, M. Ayissi Mengue Hilaire subissait une intervention chirurgicale par les soins du Dr Akaba, qui se serait bien déroulée de l’avis du praticien rapporté par tes proches du patient. Il était néanmoins prescrit au malade de nouveaux médicaments et une transfusion sanguine, suite à l’intervention chirurgicale qu’il venait de subir. La situation, apparemment normale, va durer ainsi jusqu’à la nuit du 17 au 18 septembre.

Ce 17 septembre, en effet, tes médecins de l’Hôpital central décidaient d’effectuer une nouvelle intervention chirurgicale sur le malade, semble-t-il sans avoir expliqué une telle évolution des choses à la famille. Et cette fois, c’est le docteur Noah Biwele qui était aux bistouris. L’acte, réalisé dans la nuit du 17 au 18 septembre, va quand même inquiéter certains membres de la famille du malade.

Ces derniers auraient perçus des «cris anormaux et inhumains» en provenance du bbc opératoire, mais ans conséquence visible sur le malade. Sauf que 1e pauvre Ayissi Mengue va sortir de cette épreuve avec de nombreux bandages et sondes sur son corps, selon ses proches. Qui vont noter dès cet instant une déclinaison progressive de l’état de santé de leur malade, lequel aurait été en proie à d’incessants saignements. Le 19 septembre 2021, l’irréparable survient : M Ayissi Mengue Hilaire décède à l’hôpital

Cette issue inattendue compte tenu du comportement du malade jusque-là va pousser la famille à une plus grande curiosité. Elle demande à l’administration du centre hospitalier, te 20 septembre, officiellement et. par écrit, à avoir des explications sur les raisons du drame

En dépit d’un rendez-vous manqué avec le directeur de l’Hôpital central de Yaoundé le 22 septembre, la famille décide de prendre possession du corps du défunt pour les cérémonies funéraires. Pour une cérémonie de levée du corps prévue le vendredi, 24 septembre 2021, la famille dira sa surprise de constater, selon des sources familiales, que «le corps du défunt avait déjà été apprêté la veille par le personnel de la morgue de l’hôpital central et, ce, en l’absence d’un membre de la famille».

Cette dernière va faire venir un huissier de justice pour faire constater l’état apparent du corps, fait «de nombreuses mutilations». Un sit-in sera organisé par les proches du défunt, le jour de la levée du corps, avec le macchabée devant le bâtiment administratif de l’hôpital. C’est une manifestation qui arrive aux oreilles de certains responsables publics, notamment le procureur, général près la Cour suprême qui fait intervenir tes forces de police, pour effectuer le constat de ce qui se passe.

Dès 1e 27 septembre, Mame Ngono Mengue Sothenie, la mère du défunt, dépose une première plainte auprès du procureur de la République près le TGI du Mfoundi pour mutilations graves sur la victime, soupçons de trafic d’organes et refus d’explications. Le ministre de la Santé publique, qui suit également l’affaire, déclenche une enquête administrative et ordonne une autopsie.

Elle sera exécutée par un collège de trois légistes, dont les professeurs en médecine Nkegoum Blajse, Sando Zacharie ainsi que le Dr Nseme Eric. L’autopsie sera effectuée le 8 octobre en présence d’un autre médecin légiste désigné par la famille, le Dr Jean-Paul Um. Si ‘la police ne s’est pas encore décidée à transmettre le rapport à la famille, cette dernière est plus ou moins fixée sur les constatations faites par les praticiens lors de l’auscultation du corps.

Autopsie médicale

Pour le Dr Jean-Paul Um, M. Ayissi Mengue Hilaire serait décédé des suites d’une «infection généralisée». L’autopsie aurait écarté les soupçons de mutilation du défunt, mais retenu que «le coup de poignard, bien qu’ayant blessé le rein n’a pas entraîné une mort par hémorragie, ni par infection de la loge rénale».

L’idée d’une erreur médicale comme cause du décès serait agitée. Il semble constant que «ce n’est pas le coup de poignard qui a perforé le coton», l’organe qui aurait favorisé l’infection généralisée. Et que le coton aurait «été perforé par un second objet contondant, probablement tors de la première intervention».

Celle du 14 septembre 2021. Ce sont ces éléments, ajoutés aux atermoiements des responsables de l’hôpital devant les demandes d’informations des proches du défunt, la dissimulation des éléments de son dossier médial Maître Assira a espoir qu’avec l’entrée en scène de la justice dans cette procédure, le dossier médical du disparu sera mis à disposition par l’Hôpital central pour permettre aux enquêteurs de cerner entièrement l’affaire. Et de faire porter le chapeau, s’il y a lieu, aux personnes dont les actes ou les négligences éventuelles, sont à l’origine du drame.

Rappelons que la confiscation du rapport d’expertise par la police, pour l’instant, remet au goût du jour ce qui s’était passé tors de l’enquête judiciaire ouverte après la mort de Mgr jean Marie Benoît Balla. A l’époque, les autorités judiciaires avaient laissé de côté le rapport de l’autopsie réalisée par des légistes camerounais pour fonder leurs convictions sur une expertise menée par des praticiens allemands, arrivés par des voies détournées dans la procédure. Dans le cas Ayissi Mengue, heureusement, la famille a fait sien l’adage selon lequel deux précautions valent mieux qu’une.

Les mis en cause sont passibles d’une peine de prison pouvant atteindre 20 ans de réclusion, s’ils sont reconnus coupables à la fin du processus judiciaire. Au préalable, l’enquête devra d’abord établir qu’il y a des charges suffisantes contre eux, avant qu’ils soient traduits devant l’instance de jugement. On en est encore bien loin pour le moment