Des versions contradictoires s’affrontent au ministère de la Fonction publique et à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature.
Depuis le 11 décembre dernier, les résultats définitifs des derniers concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam), signés du ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative (Minfopra), Michel-Ange Angouing, sont disponibles.
Leur publication, intervenue après un cinglant bras de fer entre le directeur général de cette école, Linus Toussaint Mendjana et son ministre de tutelle au sujet des admissibilités, a fait naître un scandale inédit dans l’histoire de cette prestigieuse institution créée en 1960 sous l’appellation : Ecole camerounaise d’administration (Eca) : le nom d’un candidat décédé avant les épreuves orales du concours interne en section administration des affaires sociales (cycle A) figure sur la liste.
Millsaints-Claude Ndjomo, mort le 9 octobre dernier, soit plus d’un mois avant cette étape, est d’ailleurs en tête de liste – major. Dans Mutations du jeudi 14 décembre dernier, un responsable à l’Enam expliquait que «Michel Ange Angouing est le seul responsable de cet incident, car les résultats définitifs n’ont pas été publiés par l’Enam».
Au Minfopra, des sources proches du dossier soutiennent que les procès-verbaux transmis par le directeur général de l’Enam, le mardi précédant la publication des résultats définitifs, «ont été entérinés tels quels pour ce qui est des concours internes», et que «des ajustements n’ont été faits qu’au niveau des concours externes». Traduction, l’erreur serait donc partie de l’Enam.
«Il est impossible qu’un candidat qui n’a pas passé l’épreuve orale soit définitivement admis, que son nom figure sur les procès-verbaux du concours. Etant donné que le candidat était mort avant le déroulement de cette épreuve, il a obtenu la note de 0/20. Et, lorsqu’un candidat enregistre cette note, il est éliminé», expliquent nos informateurs à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature.
Ping-pong
«Comment la commission chargée de valider les résultats pouvait-elle inscrire le nom d’un candidat qui a une note éliminatoire sur les procès-verbaux ? Ça, j’en doute vraiment. Et si, on vous dit au ministère que c’était le cas, ils n’ont qu’à vous montrer les procès-verbaux envoyés par le directeur général de l’Enam», poursuivent-ils.
Au ministère, l’on indique que le scandale est parti d’un manque de communication entre le chef de département et le directeur général. «Il y en a qui pensent que le ministre a été piégé. Cette grossière erreur est le fait d’un manque de concertation entre l’Enam et le Minfopra. Contrairement aux années antérieures, il n’y a pas eu cette concertation avant la publication des résultats définitifs, d’où le scandale et le discrédit».
Pour comprendre ce jeu de ping-pong, le 16 novembre dernier, le directeur général de l’Enam avait signé les listes des admissibilités, lesquelles avaient été lues au journal de 17h sur les ondes du Poste national de la Crtv.
Ce même jour, le Minfopra a signé une décision pour annuler lesdits résultats. Michel Ange Angouing affirmait alors que la publication de ces admissibilités s’était faite en «violation de la réglementation en vigueur et des procédures en matière de gestion des concours administratifs».
Il faut noter que les deux derniers enfants du couple présidentiel, Paul Junior Biya et Anasthasie Brenda Biya Eyenga, ont été déclarés définitivement admis à ces derniers concours, respectivement en cycle B administration générale et administration des régies financières, section trésor.