L’incident est né de la «violation» de l’enceinte de la Trésorerie générale par la milice de la Communauté urbaine.
Poste centrale de Yaoundé ce 4 mai 2016. Il est 11h. Des va-et-vient dans tous les sens. Les véhicules klaxonnent à tue-tête, esquivant des piétons qui accourent vers la Trésorerie générale. Ce bâtiment stratégique de la capitale grouille de monde en cette fin de matinée.
Les agents de la Garde présidentielle préparant le retour du couple présidentiel de retour du Nigeria, se battent tant bien que mal pour éloigner les badauds du périmètre du Rond point de la Poste. Derrière l’entrée arrière du bâtiment, s’explique un militaire, la trentaine sonnée, à l’apparence. Le jeune homme en treillis, ceinture en main, dégoulinant de sueur, explique l’histoire à un de ses frères d’armes, mitraillette en main.
«Ils sont entrés, on leur a intimé l’ordre de sortir, ils se sont entêtés… Ils nous ont brutalisés…» et l’autre de l’interrompre : «Vous n’étiez pas armés ? » A peine l’autre lance un «si » que son collègue reprend : «mais il fallait tirer !».
Son interlocuteur répond : «J’ai armé, mais le supérieur m’a demandé de ne pas tirer». De quoi susciter les regrets de la foule qui demande la peau des envahisseurs. La milice de la Communauté urbaine, qui traquait les vendeurs à la sauvette réfugiés dans l’enceinte de la Trésorerie.
«En fait, ils chassaient les sauveteurs qui sont entrés ici, et au lieu de les laisser, les Awara sont entrés les arrêter ; c’est là que les militaires qui gardent les lieux sont intervenus pour leur dire qu’ils ne doivent pas entrer ici (Sic)», raconte un témoin. On apprend que «les gars de Tsimi étaient les premiers à engager la bagarre», souligne un autre. «Quand la bagarre a commencé, les militaires ont appelé le renfort de la Sécurité militaire qui est venu arrêter les gars», agrémente un habitué du coin.
Entre temps, la foule surexcitée, a récupéré le problème. «Ils sont allés se cacher chez eux. Allez les chercher», lancent des voix. Un jeune homme a la maladresse de prendre le parti des agents de la Communauté urbaine. Les militaires l’empoignent et le jettent dans une jeep.
Direction la sécurité militaire. Après avoir tenté en vain d’accéder aux locaux de la Fourrière municipale, accompagnés par la foule qui scandait : «finissez avec eux ! ». La porte est hermétiquement fermée. Personne pour recevoir les militaires. Le véhicule s’en va, contre la volonté des supporters qui campent près de la maison du parti de Yaoundé 3ème. Invitant les hommes en treillis à violer le mur d’enceinte par l’arrière.
La guerre inévitable ?
Ici, les autres gros bras qui n’étaient pas de l’expédition qui a tourné court, subissent les moqueries de la foule. «Votre barbarie-là va finir aujourd’hui ! », lance un enfant de la rue. Ce qui irrite un employé de la Fourrière municipale qui propose «qu’on évacue ces gars ; c’est eux qui appellent les militaires par ici, alors qu’on les aide même souvent». Le tout sous le regard impuissant des policiers armés, venus sécuriser les lieux. Des éléments du Gpign, un corps d’élite de la gendarmerie nationale, arrivent et échangent avec la flicaille de la Cuy.
Après négociations, la foule libère les lieux. O peut faire son bilan, en revenant sur les faits. «Si on ne voit pas certains d’entre nous, c’est qu’ils les ont amenés à la Semil, parce qu’on ne peut pas encore savoir qui est passé par où (Sic). Les gars se sont dispersés quand on tapait sur d’autres», rapporte un des gros bras. «Il fallait les voir, ça fait mal. Ils ont tabassé Armand, ils l’ont jeté au sol, et lui marchaient dessus.
Ayissi a fui», relate un de ses collègues, à l’un des policiers qui encadrent leurs descentes sur le terrain. Un autre tient à la riposte : «On ne peut pas laisser ça comme ça. On devrait être prêt, car ils vont certainement revenir. Nous sommes chez nous et s’ils nous attaquent, il faudra qu’on riposte». Les supérieurs, eux, devisent sur les voies de sortie de crise. Pendant ce temps, plus aucune trace de gros bras dans le centre-ville.