Le Minât émissaire du chef de l’Etat accompagné d’une forte délégation a dans un ton ferme, fustigé les attitudes laxistes des chefs traditionnels et des autorités administratives de ce département.
Le ministre de l’administration Territoriale Paul Atang Nji était attendu dans le Logone et Chari suite à la résolution du conflit intercommunautaire entre les communautés Arabes Choa et Mousgoums. Arrivée dans la ville de Kousseri aux environs de 15 heures ce mercredi 15 décembre via l’aéroport international Hassan Djamous à Ndjamena, la capitale de la République sœur du Tchad, l’émissaire du chef de l’Etat a présidé à la place des Fêtes de Kousseri, un grand rassemblement auquel prenaient part, les autorités administratives, traditionnelles, les dignitaires religieux, les forces vives, les forces de défense et de sécurité et les représentants des différentes communautés.
Le Minat fidèle à ses « harangues », est allé droit au but en dénonçant, des violences inutiles qui ont endeuillés les familles, détruits des biens et occasionnant des déplacements massifs des populations.
Porteur du message de paix, du vivre- ensemble et du réconfort du chef de l’Etat, l’émissaire indique que le président de la république est « Triste, extrêmement triste suite à ces évènements malheureux alors que nous cherchons à bâtir nos biens ».Pour lui, il faut de la fermeté à l’égard des fauteurs de troubles.
« Nous disons également à ce s enfants qui ont pris l’habitude de piller, d’incendier et de tuer, de commettre des actes de vandalisme, qu’il n’y a pas de place à l’impunité. Il faut penser à ce que demain nous réserve avant de poser certains actes », lance le Minât. Dans élan religieux, plein d’anecdotes, il poursuit : « Quand on tue notre père, notre mère, notre enfant et voisins, nos prières ne seront pas acceptées, elles seront inutiles ».
Autorités caressées
S’adressant aux autorités administratives qu’il a caressées par le sens du poil, le Minât s’est plutôt montré protecteur, souhaitant juste que « ce calme observé soit définitif mais pas précaire ».
Comme pour leur prévenir que jamais cela ne se répète.Avec insistance, le ministre a rappelé que « Le Cameroun est un Etat de droit et qu’en cas de problème, il faut saisir les autorités administratives, les forces de défense et de sécurité qui peuvent examiner les situations ».
Le patron de l’administration n’a-t-il pas voulu ainsi redorer l’image des autorités plus que jamais écornée suite à leur « laxisme » dans ce conflit.Toutefois, il leur a demandé d’être proactifs.
Pourtant, l’honorable Kamsouloum Abba Kabir en sa qualité de membre de la commission de réconciliation mise en place lors des premiers incidents et porteur du message de la communauté Arabe Choa a souhaité que les responsabilités soient établies, que les déplacés retournent et que leurs biens leur soient rétrocédés. Il a par ailleurs déploré dans sa prise de parole, l’inaction des autorités face à la gravité de la situation.
« Ni l’administration, ni les forces de l’ordre n’ont étés à ta hauteur des récents événements émaillés d’atrocités…. Et les forces de défense et de sécurité ont eu un comportement équivoque… ». Un fait réel décrié par toutes les parties en conflit qui pointent un doigt accusateur aux autorités. Pour le colonel Kalkaba Malboum, également membre de cette commission et parlant pour la communauté Mousgoum, l’heure est à la tolérance et au pardon. « Il faut panser les plaies et non remuer dans les plaies », confie-t-il.
Chefs traditionnels bourreaux
S’il y a parmi les personnalités présentes à cette cérémonie à la place des fêtes de Kousseri qui ont passé de sale temps, ce sont les chefs traditionnels.
Eux, n’ont pas été épargnés par l’émissaire du chef de l’Etat qui les a d’ailleurs promis 300 exemplaires du Saint Coran. Et il leur a demandé de jouer leurs rôles et leurs responsabilités. Ils doivent prévenir les conflits inutiles et mettre en garde les fauteurs de troubles.
« Les chefs traditionnels sont des auxiliaires de /’administration alors, lorsqu’on nous dit que les gens sont partis d’un village pour aller brûler ailleurs, il y a problème, les chefs traditionnels doivent encadrer leurs populations », insiste le Minât.
Pour de nombreux observateurs, Paul Atanga Nji devrait creuser davantage pour comprendre que les autorités traditionnelles ne sont que des figurants dans cette zone, du moins depuis une vingtaine d’années que leur légitimité est remise en question au détriment des autorités administratives et les forces de défense et de sécurité.
« Nous regrettons aujourd’hui que les chefs traditionnels ne sont pas écoutés, ils n’ont pas la légitimité nécessaire pour parler à leurs populations. Les sous-préfets et les commandants des brigades sèment le désordre et alimentent cette discorde. Il faut restaurer cette légitimité des chef s traditionnels », confie un ancien administrateur civil originaire du Logone et Chari.
Lors de ceTte cérémonie très courue, le ministre, émissaire du chef de l’Etat a procédé à la remise des dons aux déplacés internes du Logone et Chari. Il s’agit des denrées alimentaires, du matériel de couchage et des kits d’hygiène. Il va poursuivre son agenda par des audiences, des réunions avec les autorités avant de procédé à la remise des dons ce jeudi, aux réfugiés camerounais du côté du Tchad.