La femme d'un commerçant ambulant nigérian tué en Italie confie à la BBC qu'elle demande justice suite à la "mort douloureuse" de son mari.

Aliku Ogorchukwu, 39 ans, vendait des mouchoirs dans la ville balnéaire de Civitanova Marche vendredi lorsqu'il a été poursuivi et battu à mort.

Un Italien de 32 ans a été arrêté et soupçonné de meurtre et de vol qualifié.

Une vidéo circulant en ligne montre un homme sur le dessus d'Ogorchukwu, le frappant à mains nues.

L'enregistrement, qui aurait été réalisé par des badauds sans aucune tentative d'intervention, montre la victime maintenue au sol par un homme blanc.

La vidéo de l'attaque - qui a été largement diffusée sur les sites d'information et les réseaux sociaux italiens - a choqué la communauté, beaucoup soulignant "l'indifférence" des témoins.

"C'est une forme de méchanceté que je ne connais pas", affirmeCharity Oriachi, l'épouse d'Ogorchukwu, à l'émission Focus on Africa de la BBC.

Mme Oriachi explique qu'elle a reçu de l'aide pour surmonter la mort de son mari, mais qu'elle est fatiguée des "discussions". Désormais, elle ne s'intéresse qu'à la justice, insiste-t-elle.

Sa famille vit en Italie depuis longtemps, a-t-elle dit, soulignant que son mari n'a jamais cherché d'ennuis.

Ce meurtre a suscité l'indignation de la communauté locale, notamment des Nigérians, qui sont descendus dans la rue ce week-end et prévoient de manifester à nouveau bientôt.

Le gouvernement nigérian a demandé aux autorités italiennes de "traduire rapidement en justice l'auteur de cet acte odieux".

Le suspect n'a pas été libéré

Le suspect - un homme blanc nommé Filippo Claudio Giuseppe Ferlazzo - a reçu l'ordre de rester en prison pendant que l'enquête se poursuit.

Son avocat a indiqué aux médias que le suspect s'était excusé et qu'il n'y avait "aucun élément racial" en jeu.

Un enquêteur de la police a déclaré qu'Ogorchukwu avait été attaqué après que le commerçant eut demandé avec insistance au suspect et à sa compagne de la monnaie.

La compagne, identifiée comme étant Elena D, a précisé au journal italien Corriere della Sera qu'Ogorchukwu avait touché son bras, mais que cela ne l'avait pas dérangée.

Mme Oriachi souhaite maintenant voir le suspect "face à face", pour comprendre pourquoi il a tué son mari, a déclaré l'avocat de la famille à l'Associated Press.

Appel à la justice

L'attaque a également été condamnée par les responsables politiques italiens.

Enrico Letta, le chef du parti démocrate de gauche, a déclaré que ce qui s'était passé était "consternant".

"Une férocité inouïe. Une indifférence généralisée. Il ne peut y avoir aucune justification", a-t-il écrit dans un tweet.

Le leader de la droite, Matteo Salvini, a également exprimé son indignation face à ce décès, affirmant que "la sécurité n'a pas de couleur" et "doit redevenir un droit."