Actualités of Tuesday, 28 April 2015

Source: camer.be

Ama Tutu Muna crée une société de droit d’auteur

Elle n’entend pas céder la gestion de la crise du droit d’auteur du domaine musical aux services du Premier ministre. Après ses menaces, elle est passée aux actes hier soir en créant une société de droit d’auteur du domaine musical à Mbengwui dans le Nord-Ouest.

La crise de la gestion du droit d’auteur du domaine musical serait-elle devenue un véritable serpent de mer ? Que se passe-t-il entre le Premier ministre, chef du gouvernement, et la ministre des Arts et de la Culture depuis la création d’un Comité ad hoc par Philémon Yang aux fins de l’assainissement de la gestion du droit d’auteur du domaine musical pour une normalisation de ce secteur?

Le Premier ministre est-il toujours en droit de veiller à la conduite des affaires de la République et à la fixation des grands objectifs gouvernementaux, notamment en matière de gestion collective du droit d’auteur au Cameroun ? Des questions et bien d’autres qui, au regard de la réalité, suscitent indignation, colère et révolte.

Après avoir sombré dans le non-sens juridique, la ministre des Arts et de la Culture a carrément perdu le bon sens. D’où des inquiétudes réelles aujourd’hui au vu des dérapages et des dérives d’Ama Tutu Muna relevés ça et là depuis sa nomination au ministère des Arts et de la Culture en septembre 2007, et surtout de la tournure parfois virulente, véhémente et même violente que prennent certaines contradictions ou prises de position de cette ministre, sur fond de radicalisme et d’extrémisme incompréhensibles.

Alors que le Premier ministre a mis sur pied un Comité ad hoc dans le but d’examiner tous les problèmes qui perturbent la gestion collective du droit d’auteur et des droits voisins du droit d’auteur du domaine musical, de consulter toutes les parties prenantes en vue d’une meilleure appropriation des problématiques liées au bon fonctionnement de l’organisme devant gérer l’art musical, de faire des propositions concrètes en vue de l’assainissement de la gestion du droit d’auteur et droits voisins de l’art musical, de suggérer des solutions susceptibles de contribuer à la normalisation de la gestion du droit d’auteur de l’art musical en particulier et du droit d’auteur en général, les représentants de la ministre des Arts et de la Culture dans le comité ad hoc contestent carrément la décision du Premier ministre.

Edmond Elanga Mballa, président de la Commission permanente de médiation et de contrôle des sociétés de droit d’auteur (CPMC) et par ailleurs directeur du livre et de la lecture, dans une sorte de dérive verbale, a été sans équivoque devant les membres du Comité ad hoc vendredi dernier : « Les décisions prises par la MINAC n’ont d’autre but que celui de garantir une saine gestion collective et de favoriser le mieux-être de la grande majorité des artistes ».

Non sans ajouter de manière claire : « L’administration la mieux outillée pour mieux cerner les questions relatives à la saine gestion collective et proposer les pistes les plus adaptées pour résoudre les problèmes relevés reste le MINAC. Il serait alors indiqué que toutes les parties prenantes tiennent le plus grand compte de cela ». Dont acte !

Ces propos prêtent évidemment à sourire. D’où ces deux questions : depuis la nomination d’Ama Tutu Muna au ministère des Arts et de la Culture le 7 septembre 2007, peut-on parler vraiment d’une saine gestion collective et d’un mieux-être chez les artistes en général, et chez les musiciens en particulier?

N’est-ce pas la volonté rageuse de la ministre des Arts et de la Culture de prendre des décisions à l’emporte-pièce depuis mai 2008 et sans discernement préalable qui a plongé le droit d’auteur au Cameroun dans la fange avec les conséquences fâcheuses aujourd’hui dans la gestion collective du droit d’auteur et des droits voisins du droit d’auteur de l’art musical?

Comme si cela ne suffisait pas, pour discréditer définitivement l’initiative du Premier ministre, chef du gouvernement, la ministre des Arts et de la Culture, à la tête d’une délégation d’artistes musiciens composée entre autres de Roméo Dika, Moussa Haïssam, Messi Ambroise, Joe Mboulè et bien d’autres, s’est rendue hier à Bamenda dans le Nord-Ouest pour, dit-on officiellement, distribuer des guitares.

S’il ne s’agissait que de la distribution des guitares aux musiciens résidant à Bamenda, quid alors de ces cars de transport mobilisés spécialement à Yaoundé et à Douala pour transporter des musiciens résidant dans ces villes pour Bamenda alors que ces derniers ont déjà bénéficié d’une cérémonie similaire.

En vérité, ces artistes, sous la conduite de Roméo Dika avec le parrainage de la ministre des Arts et de la Culture, avaient un objectif précis : improviser une assemblée générale aux fins de création d’une société de droit d’auteur du domaine musical.

Et c’est dans ce sens, que la salle du palais des Congrès de Bamenda a été occupée dans l’après midi d’hier par un groupuscule de vrais artistes musiciens venus de Yaoundé et Douala et de faux artistes recrutés chez les vendeurs à la sauvette, les conducteurs de motos et de nombreux badauds. Informé de la situation par les services du Premier ministre, le gouverneur du Nord Ouest, Adolphe Lele Lafrique a immédiatement fait évacuer le palais des Congrès de Bamenda.

La ministre des Arts et de la Culture, dans ce chambardement, a été exfiltrée par les éléments qui assurent la sécurité du gouverneur pour lui éviter le ridicule.

Sur ces entrefaites, le gouverneur ayant interdit tout regroupement d’artistes musiciens à Bamenda, Ama Tutu Muna a conseillé à la délégation d’artistes musiciens de se rabattre plutôt dans sa résidence située à Mbengwi, chef lieu du département de la Momo.

C’est donc à Mbengwi, et en présence de la ministre des Arts et de la Culture, qu’un groupuscule d’artistes musiciens ont créé, tard hier dans la nuit, une société de droit d’auteur du domaine musical appelée Société camerounaise civile de musique (SOCACIM). Le conseil d’administration est doté de vingt membres. Aux dernières nouvelles, c’est ce mardi que sera connu le nom du président du conseil d’administration de la SOCACIM.

Et du coup, nous sommes devant deux cas typiques de rébellion. Après s’être obstinée à défier la justice en refusant d’appliquer les décisions de la Cour Suprême, la ministre des Arts et de la Culture vient de se lancer ouvertement dans un affront contre le Premier ministre, chef du gouvernement. (Affaire à suivre)