Dans les provinces anglophones du Cameroun, les ONG dénoncent les violences subies par les populations civiles et pointent la responsabilité de chaque camp, autant l'armée camerounaise que les séparatistes armés.
Dans les provinces anglophones du Cameroun, mercredi des combats ont opposé dans la matinée les soldats gouvernementaux et des combattants sécessionnistes.
Alors que l'élection présidentielle du 7 octobre approche à grand pas, racket, viols, enlèvements contre rançon sont les crimes, commis par les deux camps, dont sont victimes les populations de ces deux provinces anglophones : le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.
Le dernier fait d’arme date du week-end dernier, Samedi (08.09.2018) avec l’attaque par les séparatistes armés d’un convoi de bus, près de Bamenda, le chef lieu de la région du Nord-Ouest.
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"Aujourd'hui, on s'en prend à l'école, on s'en prend à l´économie de la région, on s'en prend à la sécurité des populations, à la santé et au sein même de la population, aujourd'hui, il y a un véritable rejet de façon systématique de ces mouvements qui ont pris une dimension que personne n'arrive véritablement à arrêter. Que ce soit dans la zone de Bamenda ou dans la zone de Buea, il y a eu une sortie massive des femmes qui criaient leur ras-le bol pour dire effectivement que ces violences cessent, qu'on permette à nos enfants d'aller à l'école, qu'on nous permette de vaquer à nos occupations quotidiennes. Parce que nous en avons marre de perdre des enfants, nous avons marre d'hypothéquer l'avenir de nos enfants", a soutenu Alawadi Zélao, politologue et coordonnateur de groupe de recherche sur les dynamiques sociales et politiques (GREDYSOP).
Dénégation des séparatistes
Les sécessionnistes, eux, nient toute responsabilité dans cette situation.
Au cours d’une interview qu’il nous a accordée, le président par intérim de l'auto-proclamée République fédérale d'Ambazonia rejette ces accusations.
Samuel Ikome Sako: "Nous ne sommes pas des terroristes"
"Est-ce que c'est nous qui chassons les nôtres pour aller au Nigéria? Est-ce que c'est nous qui les harcelons jusqu'au Nigeria pour les arrêter et les ramener au Cameroun? Très souvent, ils coupent internet et coupent le téléphone avant de se mettre sur la population pour les massacres. Donc, tout ce qu'ils font, le monde ne peut pas voir ça. Mais ils font plus que ce que vous avez vu dans le nord du pays contre Boko Haram. Nous ne sommes pas des terroristes. Nous sommes de simples paisibles citoyens qui ont des demandes", a déclaré Samuel Ikome Sako.
Dialogue oui, mais sous conditions
Interrogé par la DW, sur une éventuelle porte de sortie de crise, Samuel Ikome Sako s’est dit disposé à dialoguer avec les autorités camerounaises, à une seule condition "il faut qu'il y ait une troisième partie qui va jouer la médiation entre nous. Le Nigéria n'a pas été un bon ami. Surtout le gouvernement actuel. (Ndlr, Muhammadu Buhari) Les États-Unis et il faut qu'il y ait aussi, la présence de l'Angleterre. Parce qu’ils étaient là au début, et ils étaient même à l'origine de notre problème."
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Paul Biya, le président sortant et candidat à sa propre succession à la présidentielle du 7 octobre 2018.
Paul Biya, le président sortant et candidat à sa propre succession à la présidentielle du 7 octobre 2018.
Réinstallation des fonctionnaires
Les autorités Camerounaises ont décidé de réinstaller dans leur fonction les fonctionnaires qui ont abandonné leur poste "pour cause d'insécurité" dans les deux provinces anglophones du pays. C’est à travers une note datée du 7 septembre, et signée par le secrétaire général de la présidence. Ferdinand Ngoh Ngoh, demande en effet au ministère de l'Administration territoriale de "procéder à la réinstallation" d'une douzaine de sous-préfets et autres fonctionnaires des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.